L’objectif de ce site est de mettre à la portée de tous l’analyse et la compréhension des racines de nos différents patronymes. Il utilise donc un langage simple, qui frustrera peut-être des lecteurs plus avertis de la linguistique ou des chercheurs plus documentés, mais qui permettra aux non-initiés de s’approcher sans crainte des subtilités et parfois des surprises de l’onomastique (*). Voici donc quelques termes un peu “techniques”, que vous croiserez à l’occasion dans une page ou une autre. N’hésitez pas revenir consulter ce petit bréviaire si besoin.

(*) c’est le terme précis pour parler spécifiquement de l’étymologie des noms de famille. Du grec “onoma” (le nom). De fait, le “nom transmis par le père” (et le fils, et parfois d’ailleurs, on se demande si le Saint-Esprit…), le nom-du-père donc se dit très normalement “patr-onyme” (pater-onoma, vous voyez, l’étymologie, c’est facile!).

10 PETITS MOTS ETRANGES

AGGLUTINATION

Phénomène qui consiste à…agglutiner, à coller un article (le, la, des, en général) au mot qui le suit. Dès lors, un L’ peut apparaître devant une voyelle. Exemples: les Langlais, ce sont à l’origine des…l’anglais. Les Leroux, des le-roux. Les Desmoulins, des des-moulins (celui qui vient des moulins, ou qui en est propriétaire). Idem pour les Duchemin, les Delacoste (de la côte, du coteau), etc…

APHERESE

Malgré son apparence d’opération chirurgicale, il s’agit seulement de la chute de la première syllabe d’un mot (les patronymes sont des mots avant tout), ce qui modifie parfois considérablement l’apparence d’un nom. Exemple: Monet (Claude) vient en fait de…Sim-monet (diminutif de Simon, ou Simone). Masson (avec deux “s”!) est en fait une aphérèse de…Tho-masson (le fils de Thomas). Billard (rien à voir avec les boules) est en fait un “reste” de Ro-billard (et se rapporte donc à Robert), etc…

APOCOPE

Même phénomène que le mot précédent, mais cette fois, à l’autre bout du mot, ce qui entraine cette fois la chute de la syllabe finale. Moins fréquent, mais tout aussi spectaculaire parfois. Un peu comme quand on abrège un mot “trop” long, genre la “télé” (pour télévision), la “photo” (pour photographie), etc.

CATACHRESE

Egalement appelé “tsumani linguistique”. Le mot évoque une opération de bouleversement quasi-total du nombre de lettres (ou de syllabes), un peu comme si le mot s’était effondré sur lui-même avant de se contracter. Exemple avec un nom de lieu: “monasterium” (en latin, le…monastère) va subir une catachrèse et devenir Moustier, voire Moûtier (en Vendée) ou même Moustey (dans les Landes). Idem pour les patronymes.

DEVERBAL

Mot dérivé d’un terme initial, en général, un…verbe, et qui peut avoir plusieurs variantes, une fois devenu patronyme. Exemple sur des noms communs: “descente” est le déverbal de descendre; “montée” est celui de monter, etc…Cà peut servir de s’en souvenir!

HYPOCORISTIQUE

(rien à voir avec les chevaux, qui se disent “hippo…”, non mais). Il s’agit d’un mot exprimant un diminutif, en général affectueux, ou une dénomination familière, qui s’est “figée” en nom propre. Exemple: Jeannot pour Jean; ou Moune pour Simone. Peut être parfois ironique ou péjoratif (Charlot, pour Charles; et beaucoup de mots terminés par -ot ou -otte).

INFLEXION

Parfois appelée “gutturalisation”, c’est un effet qui se traduit, selon la langue parlée, par le remplacement ou l’alternance avec un lettre plus sonore. Exemple très fréquent: le “w” d’un ancien mot germain va devenir “g” dans les langues actuelles. Comme pour Wilhem ou William qui ont pour équivalent Guillaume en français. Ou wechter (le gardien), qui devient (la)Garde chez nous. Ou encore « wid » (le bois) qui va devenir le…gui, etc…Même phénomène souvent entre les lettres V et B, ou T et D.

RHOTACISME

Aucun rapport avec une danse espagnole. Il s’agit d’un phénomène phonétique qui concerne souvent les lettres L et R cette fois. Exemple: le nom latin du peuplier (populus) va donner en français le “peuple” (ancien nom de l’arbre, si!) – jusque là rien de surprenant – mais aussi, dans les patronymes, les PubeReau (les gens qui habitaient un bois de peupLiers!).

VARIANTES

Formes diverses mais proches que peut prendre une même racine, accommodée à la sauce linguistique de telle ou telle région (parler, patois, dialecte, et autres habitudes phonétiques). Exemple : sur la racine “maur-” (bronzé, tanné…maure, quoi!), on aura aussi bien les Mauro que les Moro, les Morot, les Moraut, les Moreau, etc.. Avec les Giraud, on aura les Girault, Giraux, Girod ou Girot. Orthographe différente (et pour cause…vous verrez), mais racines et donc sens identiques.

VOCALISATION

Les mots sont composés de lettres, les consonnes et les…voyelles. (vous avez bien fait de vous connecter, pour apprendre çà). Or, c’est grâce au son des voyelles qu’on peut entendre les consonnes, qu’on peut…vocaliser (souvenez-vous des exercices des chanteurs lyriques pour se chauffer la voix). Donc, pour arriver à produire un son, on met une voyelle (une voix-elle: étymologiquement, une petite voix!) à côté – ou à la place parfois – d’une autre lettre. Laquelle autre lettre va “sonner avec” elle, elle va con- (cum, en latin) -sonner, c’est la…consonne. Exemple de vocalisation : Bel devient Beau (le U “à la place” du L). Cheval devient chevaU(x). Et, avec les noms de famille, Duval peut aussi “faire” Duvau, sans qu’il y ait le moindre rapport avec des vaches. A l’inverse, pour trouver le sens des PaLmade, on pensera à la…paUme (ou à la palme) de quelque chose…