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Albion

Pas de panique! Il n’est pas question aujourd’hui de replonger dans un championnat de football (surtout que celui-ci est anglais, et ne motivera sans doute que de pointus amateurs de la Premier League récemment abonnés à une chaine spécifique). Mais, parmi la vingtaine de clubs qui s’affronteront en ligne, voici le West Bromwich Albion, dont nous allons saisir l’occasion pour éclairer cette expression qualifiant depuis des siècles cette ‘perfide Angleterre’.

Petite précision préalable (abondance de détails ne nuit pas): ce serait Guillaume le Conquérant (who else?) qui aurait donné son nom à ce village du centre du pays, perdu au milieu d’une ‘lande-de-genêts’ (brom-wich), dans la partie occidentale (west) duquel on trouvera plus tard des gisements miniers…Tout ça est très joli -et logique- mais pourquoi ‘Albion’? Il s’agit bien sûr d’une référence au nom traditionnel, et peut-être mythologique, de l’Angleterre proprement dite, puis par extension, du Royaume (encore) Uni tout entier.

Sans compter que ‘Alba’ est le nom gaëlique de…l’Ecosse, qui semble renvoyer à un dieu, fils de Neptune, ce qui pour une île du milieu de l’Océan convenait très bien à nos ancêtres (cf. la légende de l’Atlantide et autres mythes marins); certains autres y voient une référence à l’une des Danaïdes (prénommée…Albine, une histoire de même tonneau donc) qui se serait réfugiée en Grande-Bretagne après le meurtre de son mari, d’où le nom.

Or, justement, l’histoire ne dit pas si Albine avait le teint pâle (probablement oui, avec quelques taches de rousseur), car c’était bien le sens de l’adjectif latin ‘albus’ qui signifie blanc. Blanc-blanc, au contraire de noir, mais aussi blanc-gris, surtout à l’origine pour qualifier des animaux à la robe mouchetée (des chevaux, parfois des oiseaux) ou même de la pierre (les veines de certains marbres). Il n’empêche que le mot va donner naissance à une foule de choses blanches, à commencer par…des personnes.

Bien avant le ‘nègre-blanc’ dont le 19ème siècle fera un cliché colonialiste, Rome connaissait les hommes dont la peau présentait un défaut de pigmentation et donc forcément alb-inos, lesquels pouvaient (aussi) souffrir d’alb-umine, ce corps blanc biologique qui forme également la plus grande partie d’un…blanc d’oeuf. Autre sens latin: un support blanc ou blanchi, comme par exemple un panneau recouvert de craie ou de chaux sur lequel on pouvait écrire de nombreuses choses (en fait, le contraire exact du futur ‘tableau noir’ à la craie blanche de nos écoles!), entre autres des textes de poésie ou théâtre, alors que l’ancien-français transformera la formule en support plus souple sur un papier roulé ou ‘rôlé’ d’où la définition du ‘rôle’ qui donnera son travail à l’acteur…

Mieux encore: puisque les Romains écrivaient sur ce tableau blanc, on va l’appeler un ‘album’, sur lequel, plus tard, on ne notera plus que quelques dates sur un ‘livre-blanc’ donc vide avant d’y coller des photos. Peut-être celles d’une cérémonie de communion solennelle pour laquelle vous aurez porté une tunique blanche (symbole des premiers chrétiens) sous le nom, une fois ‘vocalisé’ d’albe puis aube (*), lors d’une messe matinale ayant lieu «à l’heure où blanchit la campagne» comme disait Victor (Hugo), l’aube! (**).

Alors, pourquoi ne pas retirer de tous ces blancs l’hypothèse (la plus probable d’ailleurs) d’un toponyme, la caractéristique du sol qu’apercevaient de loin les premiers marins abordant les falaises crayeuses de Douvres, faisant de cette terre un ‘pays blanc’ autrement dit albion? Une blancheur de pierres dont le miroir géologique, de l’autre côté du Channel, fera un ‘pays de chaux’ (de Caux) français, soit dit sans aucune perfidie.

Car cette ‘per-fide’ (en latin, littéralement, celui qui passe à travers sa parole) fait allusion à la longue histoire de l’ennemi préféré de la France au cours des siècles, l’Angleterre étant réputée ne jamais tenir ses engagements ou promesses, de Jeanne d’Arc à Margaret Thatcher, en passant par l’amiral Nelson et le Breixit. On dit même que notre bon prêcheur Bossuet voyait dans l’insularité d’Albion un rempart naturel à l’invasion romaine puis à la diffusion de la parole de Dieu (ce en quoi il se trompait lourdement, les St Patrick et autres missionnaires ayant mis au pas les mécréants celtes depuis belle lurette). Mais que voulez-vous, les choses ne sont pas toujours tout noir ou tout blanc, même étymologiquement!

(*) toujours cette facile transformation du L en U (cheval/chevaux)

(**) rien à voir avec l’aurore, où les premiers rayons du soleil colorent l’horizon.


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Un commentaire au sujet de Albion

  1. Quand une ville était dans une « blanche robe de pierre », se pouvait il que ce mot Albion + la terminaison celtique -ac utilisée pour les villes puisse donner albiniac ?

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