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Apocalypse

A défaut de patronyme très médiatisé en ce moment (*), impossible de ne pas entendre sur l’une ou l’autre des chaines tv dites d’info-en-continu le sempiternel refrain d’une ‘apocalypse’ annoncée, actuelle ou à venir en fonction du trajet des perturbations atmosphériques majeures qui dévastent actuellement la Caraïbe. Car, ‘madame-monsieur-bonsoir’, à la télé, le paysage est forcément «apocalyptique», tout comme les mesures de sécurité sont «drastiques», les condamnations toujours «sans appel», les retours de week-end, «une hécatombe», et l’émotion inévitablement «palpable». Or, aucun de ses termes n’a d’autre raison que de pauvres habitudes de langage; vous allez voir: avec ‘apocalypse’, c’est une vraie révélation!

En effet, contrairement au terrible (=qui inspire la terreur) sentiment plus ou moins conscient que vous inspire le mot, l’apocalypse n’a rien d’effrayant, tout au plus un phénomène étrange mais plein d’espoir, à condition d’avoir…la Foi (avec majuscule), et si possible la chrétienne. Car, sauf si vous usez vos pantalons sur les bancs d’un séminaire depuis quelques années ou que vous lisez Platon dans le texte, une apocalypse -a fortiori l’Apocalypse, celle que vous trouvez dans un certain livre de la Bible- n’a que peu de rapport avec le cumul d’un tsunami + cyclone + tremblement de terre + invasion de zombies + incendies sans fin et effondrements de buildings, du type ‘Le Jour d’après’ ou ‘2024’ version Hollywood.

Le mot vient en réalité d’un verbe grec (essayons de l’écrire ‘apocaluptein’, à la française) qui comprend un préfixe (apo-) suivi d’une racine qui signifie…découvrir ou dévoiler. Le-dit préfixe accentue l’idée de quelque chose qui arrive de loin (ou qui y va), comme l’apo-gée d’un satellite ou d’une planète par exemple, c’est-à-dire le point le plus éloigné de la Terre à un moment donné; ou un aspect de renforcement, comme l’apo-logie (un discours de louanges appuyées) ou l’apo-théose (le point culminant d’un parcours), parmi beaucoup d’autres traductions possibles.

Les tout-premiers sens étaient d’ailleurs plutôt figurés, du genre démasquer quelqu’un (le forcer à parler), mettre à jour un secret, avouer ou révéler (encore) de soi ou d’autrui des dispositions particulières pour quelque chose, aussi bien comme qualités que comme défauts; plus prosaïquement, vous pouvez également imaginer tirer les rideaux d’une pièce pour y faire entrer le jour, voilà l’idée, bref rien de bien effrayant pour le moment.

Pour comprendre le dérapage de sens, il faut téléphoner à un certain Jean (apôtre du 1er siècle après JC) en faisant le 666, numéro d’urgence sur lequel se sont trompés plus ou moins volontairement pendant longtemps les standardistes de l’Eglise, le message enregistré final devenant celui de cette ‘Apocalypse’ (sous-titre: la…’Révélation de Jésus-Christ’!), malheureusement, abondamment et obstinément illustré au fil des siècles par quelques artistes psychotiques (je ne cite personne) qui ne l’ont imaginée et peinte que sous l’aspect de scènes d’horreur, bien plus traumatisantes dans un missel à leur époque que la version 3D du film ‘la Nuit des Morts-Vivants’ au cinéma pour un gamin de dix ans de nos jours.

L’événement en question, sorte d’épisode final du feuilleton biblique, est en fait censé annoncer (à défaut de pouvoir raconter) une Fin des Temps plutôt heureuse puisque permettant (at last) de pouvoir faire un selfie avec le fils de Dieu, désormais visible; le double sens du mot grec, autant que sa traduction française, arrivant alors tout aussi bien à exprimer un coup de projecteur sur le bonhomme que la limpidité du commentaire de texte final pour expliquer les multiples déclarations de son vivant. En fait, tout était ‘crypté’; une apocalypse, c’est tout simplement un décryptage général…

Le problème est que, pour ce faire, il est question, croyaient avoir compris nos aïeux, de manifester la présence divine dans toute sa majesté céleste en ouvrant (déchirant) la voûte du ciel -précisément- et d’embraser ainsi -de lumière- l’humanité toute entière désormais réchauffée par l’amour éternel. Il faut avouer qu’à des époques où les hommes étaient persuadés que la Terre était plate et les nuages équipés de sièges numérotés en velours avec portail doré à l’entrée de la salle, la perspective d’une pareille scène avait de quoi leur faire palper l’émotion à grosses gouttes.

Il n’empêche, étymologiquement, il s’agit donc tout juste d’ouvrir enfin le rideau et de faire le point définitif sur la solution de l’enquête tant attendue: ‘Dieu existe-t-il’? Une réponse par l’affirmative ne saurait donc susciter qu’une méga-teuf style clôture des J.O puissance mille. Au lieu de cela, on se retrouve avec une totale inversion de sens due à une tradition religieuse davantage orientée sur les châtiments du Jugement Dernier (rien à voir avec le sujet à l’origine, enfin…pas tout de suite), avec lamentations et barbecue général chez Satan, d’où l’utilisation largement abusive du mot dans un contexte uniquement négatif, pour ne pas dire plus.

Patientez quelques jours (heures?), et vous entendrez sans doute que «la reconstruction sera difficile», «les habitants traumatisés» et «les autorités devant un amoncellement de dossiers». Mais cessons de jouer sur les mots, dont il faut reconnaître qu’ils sont parfois «impuissants à exprimer» les tragédies du terrain. Mais peut-être, la prochaine fois, essayons de nous en tenir à une…’catastrophe’ largement suffisante. Au moins étymologiquement.

(*) Je n’ai pensé qu’à Girardin (Annick),  »ministre des Outre-Mer » (un peu curieux non, comme formulation. S’agit-il des territoires ou des citoyens?), présentement préposée aux risques météo et envoyée pour ‘déblayer le terrain’ avant visite présidentielle. Vous devinez qu’il s’agit d’une variante de Girard/Gérard, dont vous trouverez facilement la racine germanique et son sens (‘la petite lance puissante’; elle aurait être ministre des Sports, section javelot).

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3 commentaires au sujet de Apocalypse

  1. Tout d’abord merci ! Merci d’évoquer « les pauvres habitudes de langage », entre autre sur les chaînes TV.
    Je suis géophysicien de mon métier et j’en entends aussi beaucoup sur la situation apocalyptique du climat, par exemple… Mais c’est un autre sujet.
    Revenons à l’apocalypse.
    Il se trouve que depuis trente ans, j’ai entrepris une démarche personnelle vers ce qu’on appelle la spiritualité.
    Et je commence à entreprendre la rédaction d’un petit document qui va expliquer que l’essence de toutes les religions est la même. Mais ces religions sont des dogmes. Leurs écrits sont exotériques pour parties et ésotériques pour d’autres. Il faut donc savoir décoder…
    La spiritualité est une autre approche. Il s’agit d’un travail personnel basé sur une hypothèse avec l’objectif d’expérimenter le résultat. De quoi s’agit-il ?
    La Bible parle de la chute. C’est la descente dans la matière. La connexion avec la dimension supérieure est coupée. Mais il s’agit d’une descente volontaire. Et le programme est qu’après avoir expérimenté la matière en y apportant le meilleur de nous-mêmes, il faut rétablir la connexion pour remonter dans la dimension supérieure qu’on peut appeler dimension divine, conscience mère, etc…
    Chaque religion parle de la remontée. Dans la Bible, Jésus s’adresse à Nicomède : « En Vérité, en Vérité, je te le dis, il te faudra renaître d’eau et d’esprit et tu connaitras le Royaume ». Le bouddhisme est plus explicite en parlant de deux centres, l’un rouge, au niveau du ventre, l’autre blanc au niveau de la tête, qui doivent se réunir au niveau du cœur pour rétablir la connexion. Cela rejoint exactement les traductions des hiéroglyphes de l’Egypte ancienne. La coiffe de Pharaon en est le symbole avec sa partie basse horizontale de couleur rouge surmontée d’un cône vertical de couleur blanche. La mission de pharaon est de guider son peuple dans la réunion de ces deux mondes rouge et blanc pour retrouver la dimension supérieure.
    Un être qui a rétabli la connexion avec la dimension supérieure est appelé Eveillé ou Réalisé. Sa mission est de guider ceux qui optent pour entreprendre ce retour.
    L’apocalypse est ce retour. Elle est la révélation de la dimension supérieure retrouvée. Et elle signe la fin des temps. Qu’est-ce que cela veut dire ? Dans la matière, notre conscience individuelle est focalisée sur le mental auquel elle va jusqu’à s’identifier. Et ce mental enjambe le présent ! Il ne va qu’utiliser le passé pour essayer de construire un futur. La conscience, quant à elle, n’est qu’au présent. L’apocalypse est donc le retour au présent seulement. C’est la fin des temps passé et futur. Quand quelqu’un demande à Jésus comment il a pu connaître Abraham, il répond : « Avant qu’Abraham fut, je Suis… »

  2. Bonsoir,
    Je me permets de vous signaler une erreur… le verbe kalupto (καλυπτω) signifie cacher, couvrir, envelopper (souce : dictionnaire Bailly : https://bailly.app/kalupt%C3%B4), et non « une racine qui signifie…découvrir ou dévoiler » comme vous l’écrivez. D’ailleurs, Calypso (même racine) est celle qui cache Ulysse pendant 7 ans et qui vit cachée, loin de tous.
    Bien cordialement,

  3. Bonjour,

    Merci de votre message et de l’attention que vous portez à ces chroniques. En ce qui concerne votre remarque, vous avez tout à fait raison et…moi aussi, malgré ma faute de style ou de rédaction. En fait, ma main n’a pas dû suivre mon esprit qui pensait bien la même chose que vous : pour reprendre ma phrase, « Le mot vient en réalité d’un verbe grec (essayons de l’écrire ‘apocaluptein’, à la française) qui comprend un préfixe (apo-) suivi d’une racine qui signifie…découvrir ou dévoiler », j’aurais dû écrire ‘…suivi d’une racine ET qui signifie…’, le pronom relatif s’accordant, dans mon esprit trop pressé, à ‘verbe’ et non à ‘racine’; l’idée de dévoiler devenant effectivement logique avec le préfixe et non avec le verbe étymon seul.
    Du coup, « Apocalypse » peut prendre alors tout son sens biblique de ‘révélation de ce qui est (était) caché’ et donc du ‘dévoilement de Dieu aux yeux des Hommes lors de la fin du monde’ (chronologique et pas forcément catastrophique). Cordialement,

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