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Ay, caramba(r)!

Il n’est rien de plus agréable que de revenir tranquillement sur un nom ou un mot qui a fait ‘la Une’ de médias fébriles pendant toute la fin de semaine dernière, en l’occurrence le vrai-faux réussi-raté Poisson d’Avril de la célèbre confisererie Carambar, dont il faut bien dire qu’elle a peu d’opportunités pour se retrouver en tête des dépêches de l’Agence Française de Presse. Sauf à ‘créer le buzz’ comme on dit en français en mijotant une rumeur sucrée à laquelle tous les journaux ou chaines télé se sont magistralement collés les dents. En effet, le bruit courut un soir que la célébrissime et historique devinette cachée dans le papier jaune et rouge allait définitivement disparaître. Vous pensez bien telle perte culturelle donna là matière à inquiétude, bien plus que si un (autre) astéroïde avait frôlé la Terre (48h avant, l’aviez-vous su?) ou si Corée du Nord et Corée du Sud avaient risqué d’entrainer le monde dans une guerre nucléaire…Au fait, vous savez sûrement quelle est l’histoire du bonbon favori de vos parents et peut-être de vos grand-parents, non?

On pourrait même parler de vos arrière-grand-parents (1), car la friandise appartient à une entreprise créée à l’époque de…Napoléon III, et, comme beaucoup d’inventions -spécialement culinaires- elle est le fruit d’une erreur de manipulation. C’est en fait en 1954 que le directeur général et le directeur de fabrication de la société Delespaul-Havez, sise à Marcq-en-Baroeul, riante banlieue du sud-est de…Roubaix, ont l’idée de mélanger du caramel et du cacao pour produire une sucrerie, a-priori…ronde. Or, une machine se détraque, et éjecte un tronçon inattendu de 6cm (7cm de nos jours), qui sera le premier de milliards d’autres. (Là, déjà, il faut dire chapeau, parce que, arriver à faire des performances avec une barre molle de quelques centimètres, beaucoup d’hommes n’en sont pas capables. Et vous allez que c’est moins gratuit qu’il n’y parait).

Vous avez donc compris que, grâce ou à cause de ce format à l’époque incongru (2), on baptise la chose du nom de ce qu’elle est: du caram(el)-en-bar(re), ce qui se comprend aisément…Le plus extraordinaire est que nos concitoyens sont souvent persuadés que le mot est d’origine hispanique, et peut-être même spécifiquement mexicain. Effet de mode à l’époque? Influence du choix des couleurs (‘espagnoles’) de l’emballage? Confusion avec le cri d’un célèbre personnage de dessin animé des années 50 (voir le titre)? Consonnance du nom de la société (Havez) ou encore présence du cacao (importé du Mexique)? Toujours est-il que le terme va rapidement devenir le synonyme familier d’un encouragement, d’une menace, voire l’euphémisme des cours d’école où les petits garçons n’hésitent pas à comparer la longueur de leur ‘carambar’….Il n’y a pas de hasard.

Et pour cause: la très benoîte interjection espagnole ‘caramba!’, que l’on imagine avec un sourire dans la barbe d’un sergent Garcia berné pour la nième fois par Zorro, vient d’un mot de latin…vulgaire, qui est ‘caraculum’, et que l’on retrouve très clairement dans le portuguais ‘caralho’, ou l’espagnol ‘carajo’. Ceux qui parlent la langue de Cervantès ont déjà la puce à l’oreille (ou même ailleurs), puisque ‘carajo’ se traduit exactement en français par ‘petite bite’, soit le mouvement de surprise, voire de dégoût, qui accompagne la constatation que votre vis-à-vis n’a pas été gâté par la nature. ‘Caramba, il n’a qu’un petit carambar!’ Est-ce là l’origine des sous-entendus de nos écoliers français? Toujours est-il que ce sens ‘caché’ (même modestement) a fait le tour du monde, avec une constance surprenante! Sauf au…Brésil, auquel on doit un caramba homonyme, puisqu’il s’agit du fruit du carambolier, cet arbuste qui produit ‘la petite caramba’, autrement dit la carambole.

Ce mot va d’ailleurs avoir un destin (linguistique) qui dépassera largement le périmètre de la cuisine, dans un processus à ‘deux étages’: dans un premier temps, puisque la carambole est un fruit représenté par une petite baie rouge, on va donner son nom, par comparaison, à la (grosse) boule rouge de jeu de…billard. Et comme la carambole n°3 effectue des trajectoires où elle heurte violemment d’autres objets sur le tapis, elle provoque alors (mais oui!) un…carambolage. Franchement, il y aurait presque de quoi se tirer sur le carambar, non?

(1) Si, si, grand-parent fait grand-parents au pluriel (je viens de l’apprendre-), sinon grand-mère ferait grandes-mères…
(2) Tous les bonbons sont alors ronds; seuls les caramels sont de forme carrée.


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3 commentaires au sujet de Ay, caramba(r)!

  1. étonnante votre étude étymologique j’ai été stupéfait vous avez le don pour chercher des chose extroadinaires! félicitation

  2. je suis de Genève et je suis d’accord avec le post précédent; c’est beaucoup d’humour et de connaissances. mes amis ont beaucoup aimé Cahuzac également. une aveyronnaise de genève

  3. J’ai mentionné votre article dans le Dicthographe en raison de sa qualité.
    Notez cependant que grand, dans certaines locutions anciennes, n’est invariable que devant un substantif féminin : un grand-parent, des grands-parents, une grand-mère, des grand-mères,…
    http://www.cnrtl.fr/definition/grand-mere
    Cordialement.

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