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Ayrault (Jean-Marc)

Notre nouveau ministre Jean-Marc est donc le…héros du moment, homonymie facile mais pas du tout jeu de mots gratuit, puisque le but de ce site est d’expliquer le vrai sens de la racine des mots et non pas d’en faire de l’ironie; d’ailleurs, pour les électeurs nantais, le clin d’oeil a depuis longtempd perdu toute équivoque. Il n’empêche: voilà une illustration spectaculaire (et fournie) d’un cas d’étymologie qui va nous entrainer à parler de tous les termes qui ont le même son. Ils sont nombreux, de racines différentes, mais tendent finalement…vers les mêmes idées!

Commençons par le patronyme du désormais ex-président du groupe socialiste à l’Assemblée Nationale (non-cumul des mandats oblige): Ayrault fait partie des très nombreux vocables d’origine germanique qui ont transité dans tout le Nord puis l’Ouest de la France, entre les 5è et 10è siècles. Imaginez toujours une vaste dépression anti-cyclonique (linguistique) centrée sur l’actuelle Europe de l’Est, disséminant sur tout le continent des syllabes et des mots dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, et vous aurez à peu près et très schématiquement le processus de diffusion de ces racines…Voilà pourquoi, en ’bout de course’ au bord de l’océan atlantique, un certain nombre de ces sons vont faire souche dans l’ouest vendéen, dont deux mots germains ‘barbares’, ‘hari’ (l’armée) et ‘waldan’ (gouverner).`

Hari-wald(an) va se simplifier puis franciser en ‘ari-ald’ puis ‘airald’, et enfin, par un phénomène dit de ‘vocalisation’, le ‘l’ final va se transformer en ‘u’…Résutat: Airauld, ou Airault, ou Aireau, Airau. Et, avec une graphie (écriture) plus médiévale, Ayrauld, Ayrault (en Vendée), Ayreau (Deux-Sèvres), Ayrau (jusque dans le Gers), voire même Layrau et Layral (en Aveyron). Il existe même des variantes Airaudo (dans les Alpes-Maritimes) et Airaldi (en Piémont italien). C’est dire si la diaspora anti-cyclonique a soufflé loin, et vous pouvez quasiment suivre le trajet géographique de l’implantation du nom. Quoi qu’il en soit, un ‘ayrault’, c’est donc quelqu’un dont l’ancêtre a écopé d’un surnom guerrier (quoi de plus logique à cette époque), probable chef militaire qui ‘gouverne l’armée’, au strict sens étymologique.

Tout commentaire visant à faire un parallèle avec le boulot d’un homme politique chargé de diriger ses troupes ministérielles serait trop évident; voyons donc les surprises que nous réservent les autres ‘héraut’, ‘hérault’ ou ‘héros’…

Chose curieuse: le hérault ou héraut de nos histoires chevaleresques vient très exactement des deux mêmes racines. Pour nous, un héraut, c’est le gars habillé en pingouin qui est chargé de claironner l’arrivée des personnalités à une manifestation, surtout officielle et huppée. Or, avant cela, le héraut, c’est le trompettiste qui annonce l’apparition d’un combattant ou le début du tournoi; et encore avant, à l’origine, c’est bien le soldat qui donne le signal de l’affrontement des troupes, donc, symboliquement, c’est celui qui ‘gouverne l’armée’, qui donne le top-départ des opérations! Juste après la charge, il a d’ailleurs intérêt à se retirer vite fait, sauf s’il veut mourir en héros.

Car le héros d’une histoire n’a pas de racine commune avec notre chef germain; en effet, il vient du mot grec ‘hérôs’, sorte de titre honorifique donné à des demi-dieux (genre Hercule), ou à des gens pas tout à fait divins mais nettement supérieurs aux communs des mortels: dans la langue classique, les «Héros» ont très spécialement servi à évoquer les chefs militaires (tiens donc…) qui se sont battus sous les remparts de Troie; puis le sens s’est banalisé, jusqu’à désigner les représentants d’un groupe armé, puis professionnel, pour ne pas dire commercial… (détail important: ne pas confondre ‘hérôs’ et ‘érôs’: tous les personnages héro-ïques ne sont pas forcément éro-tiques).

Nous reste donc un dernier homonyme, qui désigne aujourd’hui un département du Languedoc, l’Hérault (ouf, vous imaginez Jean-Marc en maire de Montpellier!). Evidemment, comme beaucoup d’autres exemples dans le pays, la division administrative doit son nom à la rivière qui la traverse; il faut donc chercher l’étymologie de l’hérault, dont la…source est une très ancienne racine d’influence celte qui évoque un flux (étonnant, non?), et qui est ‘ar’ ou ‘arar’. Cette dernière syllabe est d’ailleurs littéralement l’ancien nom de la…Saöne; quant à ‘ar’, il a permis de former l’Ar-iège; et, après une variation de ‘ar’ en ‘èr’, puis her-, voilà comment on a créé l’hér-ault. Conclusion: d’une certaine façon, la Loire est aussi un hérault. Etymologiquement parlant.

NB: chronique actualisée d’après la chronique de mai 2012 (nomination de Premier Ministre)


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