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Besnier (Emmanuel)

Longtemps ignoré (volontairement) du grand-public, le nom du patron de Lactalis se retrouve aujourd’hui à la Une d’à-peu-près tous les quotidiens, ce qui ne doit pas forcément réjouir son propriétaire, étymologiquement plus ou moins prédestiné à une attitude farouche; comme quoi, malgré tout ce qu’on peut en dire (et s’interdire), le sens des mots joue parfois des tours que le hasard favorise.

Disons tout d’abord que ce ‘besnier’ (prononcez bénier, comme l’ont fait spontanément -heureusement- tous les journalistes radio et télé) est une orthographe ’altérée’ de Bernier, particulièrement répandue dans les territoires de l’Ouest aux portes de la Bretagne, soit la Mayenne, l’Ille-&-Vilaine, la Manche, voire la Vendée pour la plus méridionale.

Le nom commun initial qui a donné naissance à ce nom propre se retrouve également sous la forme Bernié et a fait partie, il y a plus de dix siècles, des phonèmes (des sons) importés par nos chers envahisseurs germains qui se sont disséminés dans une spirale ‘ anti-cyclonique’ tournant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre depuis le nord de l’Europe jusqu’à buter sur les côtes atlantiques, d’où cet enracinement linguistique, et plus si affinités germano-bretonnantes mais cela ne nous regarde pas.

C’est d’ailleurs Bernier qui est sorti le premier de notre dialecte gaulois mâtiné de gothique, puis il est composé de deux mots, soit ‘bern’ + ‘hari’, deux racines teutones qui signifient respectivement ‘l’ours’ (le terme qui a directement donné son nom à la ville de l’ours…helvète, Bern-e) et l’armée. ‘Bernhari’ était donc le surnom ancestral de quelque guerrier plantigrade velu et grognon (aux yeux des paysans de Laval); à moins que, dans l’autre sens, ait déferlé du côté des monts d’Arrée une ‘armée des ours’, à prendre évidemment toujours au sens figuré.

Ce ‘bern’, auquel on doit également un cousin robuste (‘hard’ en germain) nommé Bern(h)ard et variantes associées, a également eu beaucoup de succès (forcé?) et généré une version méridionale à bouche grande ouverte en Barnier, mais aussi des Bernière (forme de la lignée féminine, dite matronyme), des Berneret, Bernerette et Bernereau (tous les trois diminutifs, dont le dernier typique du Val de Loire), et même des Berniaud, Berniot et Bernieu, presque péjoratifs selon les régions (l’ours mauvais).

On n’en tire donc aucune déduction sur le caractère (ou seulement l’image?) bourru(e) du monsieur, pour lequel vous trouverez aussi parfois un lien avec une autre racine tout à fait différente, le celte ‘ber’ ou ‘bero’ en gaulois, dont l’une des déclinaisons en ‘bar’ a donné plus tard notre mot ‘baron’, qui désignait à l’origine, en ancien-français, non pas le titulaire d’une baronnie mais le fonctionnaire chargé de percevoir les amendes sur un territoire donné (une fois anobli, il ne s’en privera pas davantage). Cela étant, entre un têtu grognon et un percepteur de taxes, ça n’arrange pas beaucoup le portrait des Besnier; en tous cas, étymologiquement.


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