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Boutin, le retour

Fin de carrière annoncée pour la députée des Yvelines Christine Boutin, qui fait donc un (bref) retour médiatique à l’occasion de son départ (définitif) de l’arène politique. Après quarante ans de services sans doute bons mais parfois déloyaux…à la logique (1), la petite-fille du chef de gare de Nantes et ex-journaliste au Crédit Agricole régional aura régulièrement joué les commerciales de l’édition (2). En hommage, ou souvenir, ou simple rappel (rayez les mentions inutiles), voici la réécriture d’un article paru ici en 2012 (déjà!) qui permettra aux nouveaux lecteurs de découvrir le sens du patronyme de Mlle…Martin (son nom de jeune fille), et aux fidèles de se rafraichir la mémoire (comme moi) avec quelques anecdotes.

Les Boutin, dont on compte presque 8000 familles en France, sont principalement répartis sur (et originaires de) l’arc atlantique, de la Loire-Atlantique à la Charente-Maritime, avec quelques ‘disséminations dans les terres’ du côté des Deux-Sèvres par exemple. Il existe aussi quelques Boutin (différents) qui ont pour racine le mot occitan ‘bost’, qui définit un petit bois ou une petite forêt. C’est cet étymon (la forme originelle du mot) qui donnera les Bost (forcément!), les Dubost (salut, Paulette), et enfin les Bostin dont certains deviendront Boutin, probablement comme Christine. Il n’empêche, la majorité des porteurs de ce nom ont une autre provenance.

Dans son cas donc, il s’agit d’un mot de vieux-français, qui, comme souvent, est arrivé de Germanie avant le Moyen-Age, avec une racine ‘bod’ (ou bot) qui veut dire le messager, surnom non pas d’un ancêtre de l’employé de la Poste mais plutôt de quelqu’un qui se chargeait de transmettre des informations -au sens large et permanent- autant dire un bavard ou une commère, ce qui, cette fois, ne saurait qualifier la parole de vérité de notre (ex)candidate d’un jour à la magistrature suprême. Cette racine-là va donner les Boutier (ou Bouttier, comme le boxeur Jean-Claude), ainsi que les Boutinot et Boutineau (à nouveau dans l’Ouest). Donc, une Boutin ne savait tout simplement pas tenir sa langue…

Mais l’occasion est trop belle de ne pas citer le seul verbe (encore homonyme, car la racine est également différente) conservé par la langue française, et uniquement à l’infinitif, qui est ’bouter’, que l’on ne connait plus guère que dans l’expression ’bouter les Anglais hors de France’ (Jeanne, si tu nous entends…). Ce boutin-là, sous la forme ’boutt’, vient cette fois d’un très ancien terme flamand qui est ‘butten’ et qui veut dire battre, frapper. C’est le sens qu’on lui donne au 11ème siècle dans la Chanson de Roland, puis, à l’époque de la bergère en armes qui montait sur les échelles à l’assaut des remparts d’Orléans, il signifie alors bousculer, aller au ‘clash’, bref repousser (sous-entendu: les soldats ennemis) hors des frontières. Téléscopage linguistique imprévu: les jours d’incendie -guerrier ou accidentel-, on parle aussi de ’boutefeux’, dont le synonyme restera plus tard dans notre langue sous la forme…Hortefeux, c’est à dire, littéralement, combattre et repousser le feu (ou les immigrés, c’est vous qui voyez).

Deux siècles et demi plus tard, quand l’Académie s’en mêle, on ne retient guère que le ’boutecul’, soit un coup de pied aux fesses (quand il s’agit d’un individu seul) alors que, quand il vise un groupe (de révolutionnaires, de manifestants) on parle de…bou(t)sculade (3), qui n’était donc pas qu’une gentille partie de coups d’épaules mais quelque chose de beaucoup plus violent. Le seul boutecul qui reste aujourd’hui est celui qui botte les fesses des autres au théâtre, qu’on appelle poliment un…boute-en-train, précisément celui qui sait faire rire en prenant par dérision un coup de pied dans le train arrière (le cul), on ne peut pas faire plus explicite ni plus hypocrite; à l’origine, il ne s’agissait pas simplement d’être le rigolo de service qui raconte des blagues à un groupe de copains!

On ne peut pas terminer sans citer le plus célèbre des Boutin, un statisticien prénommé Sébastien né en 1764, et qui aura l’idée un jour de créer le premier ‘Annuaire Alphabétique du Commerce et de l’Industrie de Paris’, où il recensait déjà 50.000 adresses. Si vous n’avez pas déjà deviné, c’est parce que je ne vous ai dit que son nom était une variante des Boutin, en l’occurrence monsieur…Bottin bien sûr, qui laissera son nom à l’autre livre le plus lu en France à une certaine époque, après la Bible bien sûr!

(1) Opposée par principe (et conviction) au mariage homosexuel, elle le tolère néanmoins «à condition que ce soit avec un partenaire de sexe différent»…

(2) «Lisez la Bible, lisez la Bible» disait-elle.

(3) Littéralement: une abondance (le suffixe -ade) de coups (bouts) au cul!


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