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canicule

Grosse chaleur sur Paris (autant dire la France), donc on en parle à la Une: la ca-ni-cu-le. Aussi dangereuse pour les effectifs des maisons de retraite qu’une colonie de ta-ren-tu-les ou de taches de cu-ti-cu-les, elle a le mérite non seulement de revenir chaque année pour dynamiser les bulletins météo (c’est terrible: il fait chaud en été!) mais aussi de rappeler qu’il faut boire et faire boire…sans modération (et aussi de manger quand on a faim, de dormir quand on a sommeil, toutes choses probablement pas si  »évidentes », comme ils disent à la télé).

Il n’empêche: à forcer de caniculer dans tous les coins, on ne sait plus vraiment ce qu’elle veut dire, sauf quelques savants (dont vous êtes) auxquels on n’apprend rien en disant que le mot signifie ‘petit chien’, ou plus exactement…’petite chienne’. La nuance est d’importance, au moins au titre du sexisme ordinaire des langues; à l’origine, c’est une histoire de Grecs, celle du chien d’Ulysse, qui aurait attendu son maître pendant vingt ans sans boire ni manger (non, le clebs ne s’appelait pas Pénélope, mais toute ressemblance avec…). D’autres disent qu’il s’agissait du Milou d’une servante de Diane; d’autres encore du compagnon à quatre pattes d’un prince de Thessalie, qui battit à la course un renard (pas le mec, le chien), et, en récompense de cet exploit, Zeus l’immortalisa en l’expédiant dans le ciel (une manie récurrente) (1).

Bref, il y a au-dessus de nos têtes une constellation nommée ‘le Grand Chien’, dans laquelle transite, théoriquement en juillet-août donc au moment le plus chaud de l’année, l’étoile de Sirius. Du coup, vers la Renaissance, on surnomma cet astre brillant ‘la petite du Chien’, ou ‘la Petite Chienne’ (le mâle est forcément ‘grand’, la femelle ‘petite’!) autrement dit en latin ‘canicula’, la canicule, ce qui correspondait bien à une période (possiblement) brûlante.

Or, étymologiquement parlant, il y a dans cette chienne une queue, le suffixe ‘-cule’ qui marque un diminutif (une petite ouverture, c’est un opercule; une petite lettre, une minuscule; une petite hauteur, un monticule, etc…), et un museau, ‘cani-‘, la racine latine en rapport avec tout ce qui porte croc (domestiqué), la racine cani-ne de la famille des cani-dés, et associés…Notez bien qu’il n’y a aucun rapport avec les cani-veaux (bien que tous les chiens devraient y finir, le caniveau est d’origine…obscure); aucun lien non plus -sauf peut-être au niveau des canines- avec les can(n)i-bales, déformation espagnole des ‘caraïbales’ (les premiers sauvages des Antilles sur lesquels ils sont tombés, et réciproquement sans doute).

Au fait, ce ‘canis’ romain a un ancêtre proche, en tout cas d’un point de vue linguistique, c’est le grec ‘kuon’, dont l’une des formes de déclinaison est ‘kuna’. Preuve que la lettre qui va apparaître n’est pas un ‘i’, ce ‘u’ (de kuna) va donner très normalemenet ‘kyna’ puis ‘cyn-‘ en français, d’où tout le vocabulaire savant en rapport avec les chiens, la science cynégétique (2); et même l’école pédagogique du philosophe Diogène, celui qui habitait une niche (pardon, un tonneau) et vivait pieds nus comme un chien, d’où le nom des Cyniques (c’est pas sympa pour les chiens).

Au fur et à mesure des époques, la réputation de la canicule ne s’est pas améliorée: à défaut d’informations scientifiques du bureau de Météo France à l’époque, les peuples ont souvent crédité l’étoile maudite de pouvoirs de feu divers: on trouve des écrits où se mélangent les incendies de forêts, les menstrues des femmes, les raz-de-marée, et même les épidémies de rage (ben voyons!) dont le seul remède était de brûler vives des chiennes (des vraies), si possible au pelage roux. Sale temps pour les setters irlandais!

Heureusement, de nos jours, nous connaissons une canicule autrement plus sympathique (et, généralement, moins effrayante); vous ne vous en doutez peut-être pas, mais, au 13ème siècle, quelques (pseudo) savants avaient remarqué qu’un autre animal de la Création avait…une tête de chienne, dont voici l’évolution linguistique spectaculaire (vous donnez votre langue au chat?)…

Sur le ‘canicula’ latin, l’ancien-français a bâti un ‘chanicula’, devenue au 17ème siècle ‘chenicule’ puis…chenille (si, si, penchez vous bien vers le museau). Conclusion: en plus d’être myopes, nos ancêtres avaient également le sens de l’humour. Nom d’une chienne!

(1) Déjà, chez les Egyptiens, le clébard en question avait couru, pour son maitre Orion, contre un Lièvre (on a les hippodromes qu’on peut). Voir l’image en tête de chronique.
(2) Ou les équipes cynophiles de la gendarmerie, celles qui sont équipées de chiens.


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Un commentaire au sujet de canicule

  1. De nouveau, le terme est d’actualité. Et les présentateurs télé « caniculent » à qui mieux mieux 🥵 « Alerte canicule dans plus d’un tiers du pays », annonce le préposé à la présentation du 20 Heures de France 2 dès le sommaire – avant d’indiquer, en développant le sujet sur lequel l’edition de ce vendredi est centré, que dix-huit départements sont concernés ! Nom d’une canicule, si 18×3=54, le compte n’y est pas pour ce qui est du nombre total des départements ! Errare humanum est, mais pour se faire pardonner, le quidam devrait citer l’ami Dominique et proposer les explications données ici sur l’étymologie du mot « canicule ». Chiche !

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