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cannabis

Contrairement à ce que croient quelques naïfs ou humoristes de second degré, les «salles de shoot» ne permettent pas à des footballeurs de se reposer (encore que…), mais sont destinées à sécuriser l’environnement de personnes dont l’addiction est la drogue. Douce ou pas….Remarquez, il y en a déjà, au vu et au su de tout le monde, dans les salles de café, sur des terrasses, ou dans des pièces spécialement enfumées pour accélérer les cancers: cela s’appelle des coins-fumeurs. Alors que ‘alcool’, ‘anxyolitique’ ou ‘tabac’ ont déjà gagné leur titre de tradition culturelle («Il est des nôôtres, il a bu son verre comme les ôôtres!»), le mot qui fait frétiller actuellement les intégristes de tous poils -dans un sens comme dans l’autre- s’appelle cannabis, un mot doux comme une caresse, bien loin du grimaçant ‘cocaïne’! Mais au fait, d’où vient ce cannabis?

Il vient de très, très loin, enfin sauf si vous cultivez quelques pots dans votre cave. Et quand on dit loin, c’est d’un point de vue géographique bien sûr, mais surtout chronologique. A l’époque des Perses (qui, à défaut de moquette, fumaient déjà leurs tapis, persans), on utilisait le mot ‘kanab’, qui désignait tout simplement un roseau, c’est à dire une forme…cannelée (même si le gâteau bordelais ne porte qu’un ‘n’, son origine est la même, car le moule qui permet de le cuire comporte des…canelures, cqfd). Les Perses vont ‘dealer’ ce mot avec les Scythes, puis les Thraces, qui fileront finalement le joint aux grecs, lesquels lui donnent d’abord son sens original: un ‘kannabis’, c’est l’espèce de roseau très particulière qui donne une tige dont (accrochez-vous) «les influorescences ont des propriétés psychoactives» (je vous avais prévenus) et accessoirement vestimentaires, puisqu’on tisse également cette fibre pour en faire des vêtements: cela s’appelle le…chanvre.

Comme d’habitude, les romains vont récupérer le taf des grecs et transformer ce kannabis en cannabis, tout simplement. Or, dans cannabis, il y a canne, racine -si j’ose dire- de base sur laquelle poussera également la plante qui produit davantage de glucides que de propriétés psychotropes: la canne…à sucre. Conclusion: cannabis, canne à sucre, cannelé ou chanvre, c’est le même mot, même si je vous déconseille vivement de fumer du cannelé, çà crame tout de suite…
Pas de quoi sans doute crier à la décadence morale, du moins d’un point de vue étymologique, puisque l’on retrouve quasiment le même mot autour du monde pour dire la même chose: ‘canem’ en catalan; ‘canamo’ en espagnol; ‘canapa’ en italien; ‘konopie’ en polonais ou en tchèque; ‘konopia’ en russe. Les seuls qui vont se distinguer (l’eussiez-vous cru?) sont les anglo-saxons, qui, en bons peuples du Nord, vont utiliser la racine germanique ‘kemp’… On peut vaguement voir dans ‘kemp’ un parallèle éventuel avec le son de ‘can(a)b’, mais les anglais, les allemands et les scandinaves vont aspirer (sic!) la première lettre pour faire ‘hemp’, ‘hanf’ ou ‘hampu’, chacun sa technique.

Je vous ai gardé le meilleur pour la fin, et çà n’est pas du belge, bien au contraire, puisqu’on prend la direction du sud, plus spécialement de la Provence. La-bas, comme dans d’autres régions, on a cultivé pendant longtemps le chanvre pour en faire -uniquement- des vêtements. En zone de langue d’oïl (du ‘nord’, donc), on appela les plantations de chanvre les chènevières; or, en zone de langue d’oc (le sud), le ‘ch’ se transforme très normalement en ‘c’ tout court, et on dit donc…canebières! La célèbre avenue marseillaise qui ‘fait le tour du monde’ ne serait-elle qu’un champ de camés? Pas du tout: heureusement, un historien vint soutenir tardivement (1930) que Canebière venait en fait du mot latin ‘canabae’, (pour ne pas dire cabanes), terme de vocabulaire assez vulgaire de l’Empire Romain décadent pour désigner des cabarets, maisons closes et autres hangars de contrebande. Je ne sais pas si Marseille y gagne beaucoup, mais c’est quand même hallucinant, non? Y compris étymologiquement…


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