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Charte ou Charter?

Une personnalité politique, un tantinet radicale et à tout le moins amatrice de bons mots et d’éléments de langage, proposait récemment aux émigrés (ou réfugiés?) entrant dans notre pays «la charte* ou le charter». Il est vrai que l’allitération est idéale pour marquer les esprits (pourquoi pas «la vie ou l’avion?»), et tout est fait, en quatre mots, pour opposer deux choix de vie qui semblent irrémédiablement contraires. Or, étymologiquement parlant, le monsieur qui a osé cette saillie risque d’avoir des surprises…

Commençons donc par ‘notre’ charte française, document censé être très officiel mais très élastique puisqu’il s’applique aussi bien à des organisations internationales (la Charte des Nations Unies) qu’à des services institutionnels (la charte du patient hospitalisé, la charte du…passager, la charte des relations-fournisseurs), ou à des principes fondateurs d’une structure (la charte de qualité, la charte graphique d’une entreprise), bref tout ce qui semble synthétiser les valeurs intangibles d’une démarche quasiment sacrée. Et le tout sur un bout de papier.

Car l’origine de ‘charte’, c’est le latin ‘charta’ (mais prononcez comme le ch- de chorégraphie ou de charisme, donc le son ‘k’), lui-même emprunté, comme souvent, au grec ‘khartès’, qui désigne une feuille. Pas une feuille d’arbre, mais presque puisqu’il s’agit de la seule surface possible inventée par les Egyptiens pour écrire, le papyrus…En fait, prend le nom de charte tout support sélectionné et spécialement traité pour recevoir l’encre d’un stylet, ce qui nous fait de cette charte tout format possible, du rouleau de plusieurs longueurs à la simple…charte de visite.

Or, au début du 13ème siècle, un certain Jean Sans Terre (l’un des frangins de Richard Coeur de Lion, néanmoins roi d’Angleterre et ci-devant duc d’Aquitaine) ‘importe’ le mot français dans son vocabulaire pour en faire une très officielle ‘charter’, autrement dit un document (principalement de guerre) où des belligérants se mettent d’accord sur diverses modalités. La Charte devient alors Grande ou de l’Atlantique et prend quelques majuscules de noblesse.

Du coup, nos meilleurs ennemis (britanniques) font de la version courte ‘chart’ tout ce qui peut ressembler à un registre, sous forme de grand livre, répertoire ou agenda mais aussi de tableau d’affichage (d’où le sens de ‘hit-parade’ des charts pour les ventes de disques, par exemple).

Quant aux ‘charters’ préférés de quelques ministres de l’Intérieur, bien avant de se résumer à un numéro de vol à destination (en général) du sud (on compte peu de reconduites à la frontière islandaise ou suédoise), il désigne toujours à l’origine une feuille, un document contractuel qui régit la convention d’affrètement (pendant longtemps par bateau, il y a eu également des charters pour les Antilles ou Cayenne) entre un commanditaire et un transporteur. Seule différence, cela fait longtemps qu’on a lâché le papyrus pour le carbone.

(*) de citoyenneté, on suppose…


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