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Chauvet (Grotte)

L’Histoire retiendra son nom (alors qu’ils étaient 3 spéléologues à ‘inventer’ = découvrir) pour l’inscrire dans la…préhistoire d’une Grotte désormais mondialement connue, vaste galerie paléolithique située sur la commune de Pont d’Arc (1), département de l’Ardèche (07). Le patronyme du monsieur est intéressant -d’un point de vue étymologique, aussi- car il permet de rappeler un phénomène de linguistique qui associe deux mots synonymes mais apparemment très différents, selon que vous soyez en zone de langue d’oïl ou de langue d’oc.

En clair, et en l’occurrence, la racine latine de ce nom, qui est l’adjectif latin ‘calvus’, va donner simultanément des Chauvet, Chauveau, Chauvaud, Chauvaux ou Chauvel, au nord de la Loire; et des Calvet, Calvé, et même Caubet au sud. Le tout d’après un mot qui signifie…chauve, c’est-à-dire au cheveu rare, et pour une fois, l’idée de poil ne désigne que ceux de la tête (et non pas la pilosité du reste du corps (2). Du coup, à côté des chauv-es (avec un ‘h’), on trouve bien tout ce qui a un rapport avec la calv-itie!

Pourquoi un tel succès, pour un mot qui, finalement, n’évoque pour nous (aujourd’hui) que des problèmes de crâne dégarni? Tout simplement parce que, pour nos ancêtres, la couleur, la qualité, la longueur (ou évidemment, l’absence) des cheveux avait une grande importance. Le plus souvent d’ailleurs, puisque le mot arrive du fin-fond du Moyen-Age, il était question non pas de ‘chute de cheveux’ mais de rasage de cheveux, symbole fréquent d’appartenance à un clan, ou à une tribu particulière.

Par ailleurs, l’idée de ‘calvitie’, de crâne-désolé (au sens étymologique, désolé signifie rasé, sec et aride, comme ‘un paysage…’), peut également s’appliquer, par comparaison, à une colline inculte ou une montagne particulièrement défavorisée question végétation. On trouve, dans la géographie française, un certain nombre de lieux-dits répondant à Chauvière, ou Les Chauvières, et même Cauvin, directement formé sur la racine latine… D’ailleurs, même sans aller chercher la traduction symphonique qu’en fera le compositeur russe Modeste Moussorgski (« Une Nuit sur le Mont-Chauve »), il suffit de lire la Bible pour trouver l’allusion la plus connue à un endroit désolé (donc, symboliquement, maudit), un  »Mont-Chauve » qui se dit en hébreu  »Gol-gotha », littéralement: la colline des crânes-rasés car c’est ceux des cadavres, là où sera crucifié le Christ. Un symbole au poil (si j’ose dire).

Le phénomène d’alopécie plus ou moins spontanée s’étant probablement développé chez nos ancêtres (quand ils ne venaient pas d’une colline aride), il y a donc un certain nombre de ‘chauves’ célèbres, sous des formes proches: parlons donc, dans l’ordre chronologique, de Jean, Nicolas, Georges ou Serge.

Jean s’appelle Chauvin, il est français (né en Picardie) mais il est mort à Genève en 1564, et la date vous indique probablement comment va se transformer son nom, puisque, en devenant philosophe et théologien ‘suisse’ réformiste, il va faire faire beaucoup de cheveux (blancs) à l’orthodoxie romaine puisqu’on ne l’appellera plus désormais que…Calvin!

Son homonyme Nicolas n’a rien à voir avec la religion, puisque c’est le héros (probablement fictif) d’une comédie de boulevard écrite au début des années 1900 par les frères Coignard (oui, je sais, c’est pas Molière). Sous le titre  »La Cocarde Tricolore », on racontait comment ce pseudo-soldat des armées de Napoléon, blessé au combat et amputé, continuait à défendre vaillamment l’honneur de sa patrie, donnant ainsi, sous la forme de l’adjectif ‘chauvin’, le sens actuel de quelqu’un d’obstinément citoyen.

Georges et Serge s’appellent, eux, Chauvier et ils n’ont pas de poil sur la langue puisque l’un et l’autre (père et fils) sont (étaient) chanteurs; le premier, baryton à l’Opéra de Bordeaux, fit une carrière lyrique, alors que le second se fit connaître dans la variété sous le pseudonyme de Serge…Lama (rien à voir avec le camélidé…poilu d’Amérique du Sud; ni avec le mot espagnol qui signifie ‘boiteux’; la légende (?) dit que c’est en ouvrant un dictionnaire au hasard que Serge a choisi son pseudo. Gonflé, le mec. Et, dit-on, assez chauvin…)

(1) Vous allez voir le nombre d’américains qui viendront visiter la  »ville natale de…Jeanne d’Arc »!
(2) Lesquels vont plutôt s’appeler les Pelu (poilu) ou Pelat, les Rasé ou les Tondu (si, si, il y en a!)


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3 commentaires au sujet de Chauvet (Grotte)

  1. J’adore votre site, je viens de le découvrir!

    Merci pour cette article aussi, je suis ardéchoise et à une heure et demi de VALLON PONT D’ARC et pas DELON MIREILLE D’ARC

  2. Merci encore, très intéressant votre site.

    Continuez bien, au plaisir de vous lire

  3. C’est une recherche sur les Bee Gees qui m’a conduit à vos pages. Mon nom découlerait selon certaines sources du breton charpentier ou couvreur ce qui aurait donné Calvez, que je ne peux m’empêcher de rapprocher de Calvet et Calvi, Chauvet et autre déplumés plus méridionaux dont vous rapportez l’origine ici. Alors entre chauve et charpentier, mon cœur balance, mais de l’un à l’autre il n’y a peut-être pas loin. Merci pour la publication de vos travaux, c’est très instructif!

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