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chômage (chiffres du)

A défaut de personnalité émergente dans l’actualité, au patronyme suffisamment connu et pas encore analysé dans ces chroniques, faisons à nouveau dans le ‘commun’ avec un nom devenu une sorte de rituel dans la vie politique française: «l’Annonce faite aux marris» (de l’emploi), celle qui concerne les sacro-ceints (par les statistiques) chiffres du chômage. Total, partiel, de longue-durée, indemnisé ou pas, le chômage a surtout ‘des chiffres’. Je vous propose donc un petit travail (non rémunéré): avant d’aller plus loin, réfléchissez quelques secondes pour deviner d’où peut bien venir cette idée de ‘chômer’.

Contrairement à une (fausse) idée assez répandue, ‘chômage’ n’a aucun rapport avec ‘chaumage’. En effet, vous trouverez çà et là quelques articles fantaisistes pour vous assurer que l’expression «se retrouver au chaumage» est due à la tradition agricole de la France, et que, lorsqu’on avait perdu son boulot, il ne restait plus qu’à aller travailler dans les champs (faire les foins, autrement dit ramasser la chaume), ou pire, quitter sa maison (supposée urbaine et en dur, sans doute) pour habiter une cabane en chaume, d’où l’explication…

Tout cela est totalement faux évidemment, ne serait-ce que pour des raisons orthographiques. Car même si, sur ce site, il est écrit et réécrit que l’étymologie s’appuie essentiellement sur le son des mots, nous avons affaire ici à deux racines d’origine différente, à tel point qu’elles vont donner deux ‘o’ bien distincts; or, prononcer -au- et -o-, ce n’est pas pareil (sauf peut-être si vous habitez Marseille ou Toulouse, mais c’est une autre histoire). Et «être au chômage», ce n’est pas comme «faire grève»(1). En l’occurrence, l’accent circonflexe de ‘chômage’ provient forcément -et comme très souvent- de la présence antérieure d’une autre lettre, et pour une fois ce n’est pas un ‘s’ mais un ‘u’. Manque de chance (ou de simplicité), le ‘u’ de ‘chaume’ vient, lui, -et comme très souvent- de la présence antérieure d’un ‘L’. En clair, cela donne ceci :

Le latin ‘calamus’ a donné ‘chaume’, et l’on voit bien, d’emblée, comment le ‘L’ s’est transformé en ‘U’, justement. S’ajoute à cela un phénomène très fréquent: au ‘ca-‘ du sud (langue d’oc) correspond le ‘cha-‘ ou ‘chau-‘ du nord (langue d’oïl). C’est ainsi que l’on a des châteaux/castels, des chars/carrioles, des Chazal/Cazaux, etc, quelle que soit la nature du mot…Pour un Romain, le calamus est un tuyau, mais pas n’importe lequel, celui d’une tige de roseau ou de blé. On comprend aisément comment les tiges de blé (et pour généraliser, de toute céréale) vont sécher et donner la paille, donc la chaume. D’ailleurs, dans certaines régions, on parle toujours de ‘chalumeau’ pour désigner le petit tuyau que nous plantez dans votre cocktail pour siroter, même si ça fait longtemps qu’il est en plastique. De là vient aussi le surnom homonyme de l’appareil incendiaire du plombier qui fait jaillir une flamme d’une tige de métal alimentée par un gaz. Et comme l’image est valable pour tous les usages, la tige fumante la plus inattendue de ces ‘calamus’ sera évidemment le…calumet. Hugh, c’est évident!

On est donc très loin du chômage, sauf peut-être pour les chômeurs qui passent leur journée à tirer sur la clope; car ce chômage-ci vient du grec ‘kauma’, qui veut dire…brûlure. Mais là encore, pas n’importe quelle brûlure, il s’agit de celle d’un coup de soleil violent, d’où le sens de chaleur excessive. C’est exactement ce qui va plaire aux latins, qui vivaient déjà à l’heure espagnole, et qui vont en faire un ‘cauma’ pour caractériser ce moment de la journée où la chaleur est étouffante, ce qui oblige à s’arrêter de travailler! Vous avez compris la suite: à partir du 18è siècle, le mot va s’appliquer aux paysans qui…chaument sous le soleil (d’où peut-être l’équivoque du début!); puis, avec la civilisation industrielle, le sens va évoluer vers toute forme de cessation d’activité, jusqu’au ‘non-emploi’ total (le ‘unemployment’ anglais est donc beaucoup plus précis et exact).

Conclusion: si l’économie avait davantage de rapport avec l’étymologie, il n’y aurait plus de chômage que pendant l’été, et encore, seulement les années de canicule. Ce qui nous ferait quand même une grande différence, et pas que d’une paille!

(1) Voir l’article sur ce mot, en tapant ‘grève’ dans le champ de recherche en haut à droite de la page.


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