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Chrysanthème

Après le symbole canadien du Castor (1), l’actualité nous fait une fleur avec la toute récente démarche d’une association professionnelle de fleuristes qui entend débaptiser le chrysanthème, afin de gommer la connotation négative qui s’y attache en raison de son usage mortuaire, et ainsi arrêter de vendre 90% de la production annuelle en deux jours, ceux de la fête dite des Morts (et non pas de Toussaint, laquelle est une commémoration «joyeuse» en l’honneur de tous les saints, la fête des défunts ayant lieu, elle, le 2 novembre). Bref, question écoulement des stocks, chrysanthème-muguet, même combat, tout du moins en ce qui concerne les dates de consommation et de péremption.

La future appellation de la «fleur des cimetières» serait la «Marguerite d’Automne», laquelle, au contraire de la feuille de même saison, ne tombe pas ‘en ronde monotone, emportée par le vent’. En réalité, la pauvre fleur pommelée que nous mettons sur les tombes n’a aucun rapport avec la mort, si ce n’est qu’elle a le grand tort de fleurir aux premiers frimas, donc début novembre. Cela aurait été le muguet, le glaïeul ou la fleur de bananier, on aurait fait de même. Mais, à force de tradition, on a progressivement accolé la vision de cette asteracée (en grec= la fleur en étoile) à un environnement sinistre, alors qu’étymologiquement, c’est tout le contraire!

Chrys-anthème vient en effet de deux mots grecs: « anthè(me) » signifiant la fleur, racine que l’on retrouve par exemple dans le mot antho-logie, c’est-à-dire littéralement un bouquet d’oeuvres -littéraires en général-, mot latin équivalent: flori-lège! Et le «chrys» n’a rien à voir avec l’ancienne écriture d’une marque de lunettes mais évoque l’or, autant dire la couleur jaune; là encore, on retrouve la racine dans l’adjectif compliqué ‘chryséléphantin’, qui qualifie en grec l’ivoire (mot-à-mot: le jaune de l’éléphant, cqfd), ou encore dans le nom de Crésus (l’homme qui transforme en or tout ce qu’il touche, sorte de Goldfinger anglais)…Bref, tout ce montage nous donne comme étymologie de la plante: chrys-anthè-me: ‘une fleur en or’, bien loin du rôle macabre qu’on veut lui faire jouer de nos jours.

D’ailleurs, il suffit de s’éloigner de quelques (nombreux) kilomètres pour constater que, dans d’autres cultures que la nôtre, la «pomponette» (le chrysanthème des fleuristes) est plutôt le symbole de la richesse, voire de la noblesse: Au Japon, c’est le représentant de la famille impériale, une fleur que l’on retrouve sur le sceau de l’Empereur. Chez nous, on aurait gagné sans doute à ne pas trop cultiver les teintes mauves ou orangées, systématiquement associées au deuil ou à la vieillesse…

Or donc, on remplacerait ce végétal étoilé par une marguerite d’automne, sans doute plus poétique et en tous cas plus commerciale puisque davantage «politiquement correcte». De la même façon qu’on ne dit plus les «Côtes du Nord» (trop froid!) mais les «Côtes d’Armor» (plus touristique), qu’on ne dit plus «Corse du Nord» mais «Haute-Corse» (pendant que la Corse du Sud ne veut surtout pas s’appeler Basse-Corse!), on n’aura plus à «planter les chrysanthèmes» ni à les «arroser». Place alors à la marguerite, mot latin -hérité du grec- qui désigne une…perle. L’origine de cette appellation est due à l’image du bouton de la fleur, qui ressemblait (pour les Romains) à la boule de nacre que l’on trouve dans les huitres, la couleur gris-pâle des jeunes pétales achevant la comparaison.

Ainsi, on passerait de la fleur en or à la perle de l’automne? Le dernier homme connu qui a parlé de perles à l’automne, c’était un certain Jésus de Nazareth, qui déclarait qu’il ne fallait pas «jeter des perles aux porcs», pour expliquer que la parole de Dieu ne devait pas être révélée à ceux qui ne pouvaient pas la comprendre (sic). Quelques siècles plus tard, les perles se transformeront en confiture (à ne pas jeter aux cochons), mais finalement, passer de l’or à la nacre, ce n’est pas sûr que les fleuristes y gagnent au change. En tous cas étymologiquement.

(1)Voir chronique précédente


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Un commentaire au sujet de Chrysanthème

  1. Anthologie et florilège de ces jolies fleurs !
    En Asie, on boit du thé au chrysanthème, très bon
    Pour l’origine sémitique du grec χρυσός voir
    http://truchement.blogspot.com/2011/09/arsenic-et-realgar-chrysalides-et.html

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