Climat

Vous l’aviez oublié? Il va se rappeler régulièrement à votre bon (ou douloureux) souvenir! Après les sursauts médiatiques des différentes ‘Cop’ (2015 déjà), c’était le moteur principal des manifestations du réveil citoyen de ce week-end de septembre 2018. Subitement, les médias n’ont plus que le climat à la Une, au moins pour quelques heures; mais est-ce bien prudent de prononcer ce petit mot, ce simple mot de la langue française, sans prendre le risque de voir tomber sa lèvre? Et lourdement encore! Prenez quelques secondes avant de cliquer sur la suite. A votre avis, la racine de ‘climat’?

Simple mais pas si facile, non? En fait, d’un point de vue linguistique, le climat ne vient pas du ciel, mais de…la montagne; rien à voir avec la brume ou les nuages qui vous empêchent de redescendre à vue dans la vallée quand se prépare une tempête de neige, mais vraiment avec la pente même du rocher. En effet, ‘climat’ vient du latin ‘clima’; ce n’est pas que les Romains n’étaient pas doués en orthographe en oubliant le ‘t’, c’est juste qu’ils avaient piqué le mot aux Grecs (comme souvent), lesquels avaient déjà un sérieux penchant pour ce ‘klima’; et voici pourquoi…

Pour un Athénien, un ‘klima’, c’est très précisément à l’origine un angle de déclivité, donc une pente, un versant, ou même une chute. La preuve, c’est qu’il…découle du verbe ‘klino’ qui signifie tomber (techniquement, c’est ce que l’on appelle un ‘déverbal’, un mot qui vient d’un autre), non pas tomber en glissant, mais directement à la verticale, et parfois très violemment. Exemples: les feuilles mortes (version lente) ou la pomme de Newton (version lourde), c’est du ‘clima’, destination directe le sol!

Ce n’est que plus tard que le sens évoluera différemment: quand vous faites du ski (pas hors piste, n’est-ce-pas?) vous êtes d’une certaine façon en plein ‘clima’, soit exactement le contraire de ce qu’on appelle le ‘climax’, processus de gradation ‘vers le haut’ conduisant à un état extrême, que ce soit en musique, en sport, ou dans tout autre exercice que vous trouverez bien tout seuls…

Mais quittons cette mauvaise pente pour un ‘clima’ plus favorable, car, parmi les très nombreux sens de ce mot en grec, je vous en ai sélectionné quelques-uns dans différents domaines mais toujours avec la même image, et qui vont vous mettre sur la voie (descendante, bien sûr): où il est question de balance qui penche (inclinée, donc); de jour qui baisse (la lumière en pente douce); d’une charpente qui s’appuie sur une poutre; du soutènement (forcément incliné) d’un mur en ruine; d’une île dont la côte plonge lentement vers la mer; des yeux que l’on baisse devant l’injure, et même d’un soldat fatigué qui s’accroche à sa lance plantée en terre! Bref, vous le voyez, toujours la même ligne ou le même mouvement…Dès lors, que diable le froid, la pluie et les nuages viennent-ils faire dans cette galère? Est-ce parce que le ciel nous tombe littéralement sur la tête, comme le disaient nos ancêtres réfractaires?

Pas du tout! L’inclinaison ultime dont il est question ici est évidente, et la plus technique aussi: les astronomes grecs savaient déjà que la terre n’était ni plate ni ‘droite’ (traduction de leur mot technique), et que l’axe du globe était positionné selon une certaine…inclinaison du pôle par rapport à l’équateur en fonction de l’époque de l’année, grâce à quoi il était question sur Terre de saisons, donc de changements atmosphériques en fonction la latitude considérée! Ils savaient donc que, selon qu’un endroit de la planète penche plus ou moins vers le soleil, l’ambiance d’une zone (ou une région du globe, au sens large) provoquait des phénomènes très différents: voilà exactement ce qu’est le climat. Raison de plus pour ne pas laisser…tomber l’affaire, y compris étymologiquement!

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