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Corbière (Alexis)

C’est autant le haut- que le beau- parleur du député Jean-Luc Mélenchon, je veux dire le porte-parole(s) du mouvement La France Insoumise, un charismatique barbu fréquemment invité sur les plateaux de télévision pour donner son avis sur la politique française. Malheureusement, l’actualité du moment dirige ses projecteurs sur le grisonnant quinquagénaire pour l’inciter à trouver au plus vite une équipe de déménageurs afin de libérer l’habitation à loyer modéré qu’il occupait jusqu’alors (1) et aller ouvrir ailleurs une bonne bouteille de rouge issue du vignoble audois.

Car Corbière (Alexis) vient bien des Corbières (le massif montagneux, ou les parcelles de vigne), et c’est d’ailleurs une source d’équivoque majeure et de fantasme étymologique en ce qui concerne ce nom…Bon, qu’on y mette un ‘s’ ou pas ne change rien à l’affaire, c’est évident; de plus, notre homme est opportunément né à Béziers, ce qui, encore une fois, n’est jamais une preuve absolue de l’origine linguistique mais qui peut être une indication sur la présence de la souche familiale dans cette région de la Narbonnaise; ce qui est bien le cas ici.

On se dit alors que rien n’est plus simple maintenant que de comprendre la formation de ce mot, avec le ‘s’ ou pas à la fin, une terminaison en ‘-ière’ qui indique un site ou une propriété (la Fruitière, la Renardière, la Bernardière, la Hunaudière, etc) et, tout au début, la racine et donc le sens qui va bénéficier de ce qualificatif. Et c’est là que l’imagination s’envole, au sens propre même puisque tout le monde (ou presque) s’accorde à dire qu’une corbière, c’est un endroit où pullulent les…corbeaux.

Linguistiquement, ça se tient: l’étymon latin (le mot originel) est ‘corvum’, qui désigne chez les Romains tout volatile ressemblant de près ou de loin à…une corneille. Du coup, ‘le coin à corbeaux’ se disait ‘corvaria’, lequel est devenu en ancien-français ‘corvère’ ou ‘corvière’, puis corbière après le phénomène que vous connaissez bien de bascule de prononciation entre le V et le B, comme en espagnol par exemple…Mais que venaient faire spécialement les oiseaux noirs pour provoquer une telle appellation dans (ou sur) la montagne?

Figurez-vous qu’on dit le le lieu servait autrefois de dépotoir à carcasses, celle des moutons à moitié dévorés par les prédateurs ou plus largement touchés par la (les) maladie(s), fréquentes à cette époque. Justement, laquelle? Et sur quelle surface! Les Corbières recouvrant quand même tout un massif, on a du mal à imaginer suffisamment de charognards (on va rajouter les vautours aux corbeaux) pour avaler des kilomètres carrés de viande avariées exposées en permanence, même si ce type d’élimination écologique est tout à fait réaliste mais peut-être pas au point de sacrifier toute une région! Ou alors, considérons qu’une seule et très limitée corbière, sur un flanc de relief par exemple, avait acquis une réputation suffisante pour s’étendre à tout l’environnement? Mais dans ce cas, pourquoi en connait-on si peu ailleurs en France?

Heureusement, à un saut de corneille, on trouve une autre signification (à défaut de véritable explication) dans les régions catalanes, où la ‘corbera’ désigne une montagne de basse altitude (le Puig Corbera par exemple; ou le Corbera de quelque part, De Camprodon, de Lloberat, etc, qui sont des noms de communes); on rejoint alors le sens plus scientifiquement géographique français de ‘montagne calcaire, au sol de garrigue’, où l’on n’imagine pas une scène d’épouvante à la Hitchkock (2) derrière la moindre colline.

Nous serions donc en présence d’un ‘oronyme’, un nom de montagnes (comme le toponyme est un nom de lieu, l’hydronyme un nom de fleuve ou de rivière, le patronyme le nom du père, le synonyme un nom -commun- de sens équivalent, etc…) formé sur une très ancienne racine dite ‘indo-européenne’ qui est ‘korb’ (puis corb- ou corp-). Je note quand même que les enragés de la plume noire soutiennent alors que «ça tombe bien, les corbeaux n’aiment que les montagnes», mais je me demande si on n’est pas alors un peu loin de l’étymologie sérieuse, même un verre de Corbières à la main.

Un peu comme si on prétendait que l’origine du cormoran est un ‘corps mourant ‘ (3) -je l’ai lu!- alors que vous savez bien que l’oiseau en question tient son nom (d’influence bretonne, logique) du fait que c’est une espèce de corbeau…marin, un ‘corp-marenc’ raboté et remplumé par le français académique parisien qui en a fait ce cormoran. Mais, pour terminer, il paraît que les Corbières sont un territoire fertile en matière de contes et légendes, ce qui n’est pas une preuve non plus mais, anecdote pour anecdote, (re)lisez l’article consacré ici à Bugarach, l’une des communes de la région où devaient se rendre les derniers survivants de la fin du monde qui a eu lieu, comme vous le savez, en…2011.

(1) Il semble que la polémique ‘journalistique’ soit d’ailleurs tout à fait déplacée en l’occurrence…

(2) «Les Oiseaux», bien sûr.

(3) Peut-être par confusion avec un corps-mort, mais c’est pas le genre à flotter le bec ouvert.


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