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Couvent

«The place to be», comme on dit en wallon, est en ce moment un couvent belge autour duquel s’agglutinent un certain nombre de manifestants opposés à l’entrée dans l'(es) ordre(s?) d’une certaine Michèle Martin, ex-compagne et complice du ‘meurtrier-pédophile-Marc-Dutroux’, selon l’expression désormais consacrée par les media. La question n’est pas ici de commenter l’opportunité de l’événement ou le choix de cette réinsertion plus ou moins inspirée, mais d’en profiter pour se pénétrer de l’étymologie de ce mot de ‘couvent’. Au fait, essayez, quelques instants: cela vient d’où?

Allez, encore quelques secondes, ne trichez pas.

Bon, j’en ai entendu un ou deux, derrière leur écran, qui ont dit «couvent, çà vient du verbe couver, c’est à dire là où on élève les religieuses»…Rien du tout, ma poule! Ce ‘couvent’-là, il s’appelle un couvoir, et c’est là où l’on est…couché. En effet, couver n’est pas réservé à la poule dans son nid, car, à l’origine, le (vrai) verbe latin est ‘cubare’, c’est à dire s’allonger pour…saillir (suivez mon regard!). Voilà le tout premier sens de couver, rapidement suivi par les effets secondaires de l’acte en question, c’est à dire rester au lit (ou au poulailler) pour pondre, voire même pour accoucher d’une maladie (« ah, toi, tu me couves encore quelque chose; allez, un suppositoire et au lit »: le raisonnement est le même, d’où d’ailleurs le verbe in-cuber, couver la maladie).

Il serait donc très mal venu (et surtout inexact) de rapprocher le couvent du couvoir. Pour comprendre ce couvent (pas couvant!), il faut se souvenir de l’ancienne forme de ce mot, avant le 17è siècle: on disait «convent», c’est à dire, étymologiquement, «l’endroit où l’on se rassemble, où l’on se réunit», bref, là où on con-vient, c’est à dire où l’on ‘vient-ensemble’. De fait, un couvent, c’est bien une assemblée de personnes ayant fait le même choix de vie; la preuve en est que, parmi les premières utilisations de ce terme, on trouve le mot anglais ‘convent’ (pompé, exactement, sur notre mot d’ancien-français). Pendant longtemps, nos meilleurs ennemis d’Outre-Manche s’en servirent pour désigner des loges maçonniques, spécifiquement en Ecosse, semble-t-il. En tous cas, l’image d’une collectivité réunie par un lien particulier est respectée.

Au passage, insistons un peu sur la forme ‘couvent/convent’, pour en déduire que l’infinitif du verbe correspondant est forcément con-venir. Au sens figuré, quelque chose qui ‘convient’, c’est ce qui rencontre un accord, par exemple entre votre tour de taille et celui du jean’s que vous allez acheter, ou qui marque l’acceptation d’une proposition faite par un tiers («Je passe te prendre te prendre ce soir et on va en boite, çà te convient ou pas?»). Il est donc inévitable que le présent de l’indicatif (souvenez-vous, c’est un temps de conjugaison…) soit: nous sommes convenus (et non pas nous avons convenu, comme le répètent tous les ministres de la République lors de diverses rencontres). On dit ‘nous sommes convenus de faire ce ci ou cela’, et pas autre chose. Con-venir, çà se conjugue comme venir (sans blague?), ou, si vous préférez, re-venir, ad-venir, de-venir, sou-venir, etc. Vous viendrait-il à l’idée de dire ‘nous avons revenu’ ou ‘nous avons souvenu’ (le premier qui dit oui…).

Voilà pourquoi, sans aucun doute, notre couvent-convent belge est un lieu de rassemblement, au moins étymologiquement. La racine ne prévoyait probablement pas les vociférations primaires des opposants à la décision de justice, en espérant que cette conclusion ne vous paraissent pas trop…convenue.


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3 commentaires au sujet de Couvent

  1. sincèrment je sais pas comment vous faites. vos dernieres chroniques sont hilarantes. j’ai déja laissé un message pour dire qu’on a l’impression que les mots sont préparés rien que pour vos commentaire, avec cahuzac, delarue ou le couvent; continuez c est formidable
    marie hélène, nice

  2. Merci encore pour vos chroniques. Mais vous ne dites pas comment et pourquoi le « con » de convent est passé au « cou » de couvent !!!

  3. Vous avez raison, Guillaume. Désolé d’avoir omis la précision. Il s’agit encore une fois non pas d’une erreur de graphie (le n devenant u, comme quand on l’écrit parfois avec rapidité) mais de cet habituel phénomène linguistique de ‘vocalisation’.

    On parle souvent ici de la transformation d’un L en U (cheval, chevaUx; canal, canaUx, etc). Or, la lettre L fait partie d’un groupe de consonnes (dites ‘liquides’) qui comporte aussi les M, N et R. La situation est moins fréquente, mais cela donne les mêmes effets.

    Du coup, à cette place, coNvent devient, lui aussi coUvent. C’est tout ‘simple’, même si parfois un peu surprenant! (mais un N devient bien M devant M, B, P, par exemple)

    Cordialement,

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