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Crimée

Comme dirait Wladimir (1): «Tant qu’il n’y a pas mort d’homme»…Il n’y a donc qu’en français que la péninsule (ex-) ukrainienne donne lieu à une homophonie (une ressemblance de sons) un peu douteuse, appuyée par des souvenirs scolaires plus ou moins précis: parmi les villes du coin figurent en effet Sébastopol, Yalta et Balaklava (pour les fanas du médiéval), rien que des endroits qui ont laissé des traces dans l’Histoire. Ces traces sont-elles pour autant les indices d’un…’crime’? Absolument pas, la Crimée n’est pas le pays des criminels!

Rien à voir en effet avec le nom commun de notre langue, dont l’origine latine (crimen) concernait quelque chose de beaucoup plus ‘soft’, comme une accusation, un grief, ou un tort que l’on reproche à quelqu’un. Contrairement à une confusion largement répandue, un crime n’est donc pas un meurtre, ni un assassinat; dans un crime, il n’y a pas -forcément- de cadavre: le viol est un crime, le lèse-majesté aussi, bref c’est l’intention qui compte. On est d’autant plus loin de cette interprétation que l’appellation de ce territoire est relativement ‘récente’.

Cinq ou six siècles avant la naissance de JC, la zone porte en effet un nom grec (what else?), car à l’époque, c’est ça ou l’arabe (disons le perse) et s’appelle donc ‘le Territoire des Taures’, probable ancien gentilé des peuples autochtones et futurs Tatars. On est donc en «Taurique» ou en Tauride, un pays très ‘hot’ puisqu’il fut le théâtre d’aventures mythologiques qui inspireront successivement un dramaturge grec (Euripide), un écrivain allemand (Goethe) et un musicien concitoyen (de son petit-nom Christopher Willibald Glück), tous auteurs d’une «Iphigénie en Tauride». Le ‘pitch’, comme on dit à la télé, ce sont les tribulations d’un fille transformée en biche et sauvée du sacrifice par Artémis, qui lui confie la garde de la future Crimée avec pour mission de tuer tout étranger qui entrerait sur le territoire (sic), l’affaire se compliquant lorsque l’immigré en question est l’un de ses frères (2).

C’est Hérodote, un historien grec un peu tardif (mais pas attardé), qui donnera à la région du détroit de Kerch le surnom «d’endroit escarpé», premier sens de l’adjectif ‘krêmnos’, qui évoque tout aussi bien un précipice que des fossés ou un rempart élevé, sans doute par allusion à une fortification construite en hauteur à l’époque. Par coïncidence, le terme va rencontrer d’autres quasi-synonymes eux aussi homophones, comme le ouïgour ‘karam’ (un rempart de terre) ou le mongol ‘kerem’ (un mur), on tourne donc toujours autour de la même scène (de crime). Toujours est-il que l’endroit devient donc ‘krêmnoï’ en grec (les hauteurs), prononcé ‘krimni’ (ou ‘krimi’) à l’époque médiévale par les résidents Tatars. Le mot est alors récupéré par les partenaires commerciaux de nos Criméens, des marchands italiens qui rapportent en Europe de l’Ouest une ‘Criméa’ qui donnera rapidement le mot français.

Ultime anecdote savoureuse, et néanmoins étymologique: il y avait au 15è siècle en Crimée des populations ‘étrangères’, non pas russes mais germaniques, et donc très logiquement surnommées les ‘Goths’, dont le nom signifie ‘ceux qui gouvernent’. Et puisque nous étions -au moment de la mise en ligne de cette chronique- en période électorale municipale, rappelons que c’est cette même racine qui a donné le patronyme français Gaudin, gouverneur de la ville de Marseille pour la quatrième fois depuis aujourd’hui…

(1)Poutine (ou Put-in, comme le surnomment les américains)
(2)Toute ressemblance avec des événements du 21è siècle…


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