Le site qui vous aide à comprendre le vrai sens de votre patronyme

Dindons (de la farce)

Après les «pigeons (1)», les «dindons» volent dans les plumes du gouvernement, au sujet d’une éventuelle augmentation des taxes sur les emplois à domicile. Le sujet en fera certainement glousser certains, mais ceux qui sont concernés ont lancé une pétition sur la Toile, histoire de bien faire entendre leur caquètement de mécontentement…Or, simultanément, un pigeon à deux doigts de se faire plumer pour un montant de 4,9 milliards d’euros, déclare à la sortie du tribunal que «les petits actionnaires (de la Société Générale) sont les dindons de la farce». Dinde, dindon, dindonneau…(Din)donnez vous donc la peine de lire (2) ou de relire la chronique de Noël 2010, consacrée aux volatiles en question. Leur étymologie n’a pas changé d’une plume, à quelques semaines d’un début de mois de décembre qui leur est souvent fatal.

En dehors de nos contribuables chagrins du moment, on ne parle en effet de ces animaux qu’une seule fois par an, ou presque: il y a l’agneau pascal, le veau de printemps et…la dinde de Noêl, gros oiseau maladroit et lourd qui apparait brièvement dans les bras d’un président démocrate ou républicain, sauvant ainsi à Washington une tête pas toujours garantie si vous habitez le Texas, même à Noël. Bref, la dinde, connue pour sa peau épaisse et sa chair filandreuse, est bien la superstar traditionnelle des tables de réveillon, mais savez-vous d’où vient son nom? Dis, Madame, pourquoi ma maman dit que la voisine est une dinde, alors qu’elle vient de la région parisienne?

La malheureuse bestiole, en plus d’un surpoids à peine encouragé par les éleveurs de volailles et d’un cou pas toujours ravalé à coup de crème de jouvence, a écopé d’une réputation bizarre, qui la fait passer pour légèrement bêtasse…Remarquez, se faire traiter de bête pour un animal, c’est objectivement pas si désobligeant que cela, sauf si çà s’applique aux trois blondes qui ont mis à fond le volume de leur Ipod dans le bus ou le tramway, mais çà c’est une autre histoire. En fait, la dinde n’est pas idiote; elle s’appelle comme cela, parce que, tout simplement, elle vient…d’Inde, elle est « indienne » quoi! Et, tout comme le cochon d’Inde n’est pas un porc mais un rongeur, la dinde est une…poule. Et même si on dit qu’elle vient d’Inde, elle n’a aucun rapport avec le Gange ou Bombay!

En fait elle vient du Mexique, car, quand les copains de Christophe Colomb débarquent « aux Amériques », tout le monde sait qu’ils étaient persuadés d’être arrivés en Inde, d’où le nom d’indiens pour qualifier les bronzés effarés qui voient débarquer des terminators rutilants coiffés de casques et armés de mousquets et d’arquebuses. Or, dans ces « Indes de l’Ouest », comme on dira plus tard, ils trouvent une grosse poule mexicaine donc, qu’ils ramènent en Europe en 1548, sous le nom de « coq d’Inde » (comme quoi, le sexe des poules, c’est comme celui des anges: pas facile à déterminer). Le coq d’Inde va devenir successivement le « poulet d’Inde », puis « D’inde » tout court si j’ose dire, le poulet en question changeant de sexe à cause de sa terminaison féminine en « e ».
Du coup, on est obligé d’inventer un autre mot pour le mâle, qui devient le dindon, puis on crée le dindonneau, mais aussi la…dindasse (si!), à savoir une grande dinde, mot qui devient au 17è siècle le surnom d’une femme naïve et stupide. Remarquez bien que, chez les hommes ‘être le dindon de la farce’ ce n’est pas mal non plus. Et voilà, pan sur le bec de nos dindons.
Je sais, le français n’a pas été très clair avec l’origine de cet oiseau étrange, mais figurez-vous que nous ne sommes pas les seuls à le trouver “exotique” : car, si on dit “dinde”’ (pour mexicaine) en français, en anglais, elle s’appelle ‘turkey” (littéralement: l’oiseau qui vient de…la Turquie); en espagnol, elle s’appelle “pava” (?): en italien, c’est “tacchina” (“celle qui…tchatche!”) et enfin, en grec, on l’appelle “gallopoula”, traduction exacte de « la poule française»…Je vous ai gardé le meilleur pour la fin: en allemand, on dit « eine pute ». Bon appétit!

Quant à l’expression «être le dindon de la farce», c’est une histoire de…théâtre. Au Moyen-Age, on jouait devant les églises les seules formes dramatiques autorisées, les «Mystères»; ces pièces, à thème essentiellement religieux, avaient la fâcheuse tendance à être parfois longues et ennuyeuses. On inséra donc, entre deux actes, des intermèdes plus légers, qui venaient ‘farcir’ le spectacle (ou le truffer, si vous voulez), comme on bourre une dinde avec de la farce. Comme quoi, à farceur, farceur et demi…

1: voir chronique récente
2: Bienvenue à nos lecteurs de Suisse et des Emirats Arabes!


N'hésitez pas à soutenir ce site ! Il vous est possible de faire un don libre pour assurer un contenu régulier et sans publicité. Votre participation serait grandement appréciée !

 
 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.