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Dinde (de Noël)

C’est l’un de ces animaux dont on ne parle quasiment qu’une fois par an: il y a l’agneau pascal, le veau de printemps et…la dinde de Noêl, gros oiseau maladroit et lourd qui apparait brièvement dans les bras d’un président démocrate ou républicain, sauvant ainsi à Washington une tête pas toujours garantie si vous habitez le Texas, même à Noël. Bref, la Dinde, connue pour sa peau épaisse et sa chair filandreuse, est bien la superstar traditionnelle des tables de réveillon, mais savez-vous d’où vient son nom? Dis, Madame, pourquoi ma maman dit que la voisine est une dinde, alors qu’elle vient de la région parisienne?

En effet, la malheureuse bestiole, en plus d’un surpoids à peine encouragé par les éleveurs de volailles et d’un cou pas toujours ravalé à coup de crème de jouvence, a écopé d’une réputation bizarre, qui la fait passer pour légèrement bêtasse…Remarquez, se faire traiter de bête pour un animal, c’est objectivement pas si désobligeant que cela, sauf si çà s’applique aux trois blondes qui ont mis à fond le volume de leur Ipod dans le bus ou le tramway, mais çà c’est une autre histoire.

En fait, la dinde n’est pas idiote; elle s’appelle comme cela, parce que, tout simplement, elle vient…d’Inde, elle est « indienne » quoi! Et, tout comme le cochon d’Inde n’est pas un porc mais un rongeur, la dinde est une…poule. Et même si on dit qu’elle vient d’Inde, elle n’a aucun rapport avec le Gange ou Bombay! En fait elle vient du Mexique, car, quand les copains de Christophe Colomb débarquent « aux Amériques », tout le monde sait qu’ils étaient persuadés d’être arrivés en Inde, d’où le nom d’indiens pour qualifier les bronzés effarés qui voient débarquer des terminators rutilants coiffés de casques et armés de mousquets et d’arquebuses. Or, dans ces « Indes de l’Ouest », comme on dira plus tard, ils trouvent une grosse poule mexicaine donc, qu’ils ramènent en Europe en 1548, sous le nom de « coq d’Inde » (comme quoi, le sexe des poules, c’est comme celui des anges: pas facile à déterminer). Le coq d’Inde va devenir successivement le « poulet d’Inde », puis « D’inde » tout court si j’ose dire, le poulet en question changeant de sexe à cause de sa terminaison féminine en « e ».

Du coup, on est obligé d’inventer un autre mot pour le mâle, qui devient le dindon, puis on crée le dindonneau, mais aussi la…dindasse, à savoir une grande dinde, mot qui devient au 17è siècle le surnom d’une femme naïve et stupide. Remarquez bien que, chez les hommes ‘être le dindon de la farce’ ce n’est pas mal non plus.

Je sais, le français n’a pas été très clair avec l’origine de cet oiseau étrange, mais figurez-vous que nous ne sommes pas les seuls à le trouver “exotique” : car, si on dit “dinde”’ (pour mexicaine) en français, en anglais, elle s’appelle ‘turkey” (littéralement: l’oiseau qui vient de…la Turquie); en espagnol, elle s’appelle “pava” (?): en italien c’est “tacchina” (“celle qui papote”) et enfin, en grec, elle s’appelle “gallopoula”, traduction exacte de « la poule française»…Je vous ai gardé le meilleur pour la fin: en allemand, on dit « eine pute ». Je vous souhaite bon appétit!


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2 commentaires au sujet de Dinde (de Noël)

  1. En parlant de dindon de la farce, comment passe-t-on de la farce dont on garni les dindes à Noël à la farce qui nous fait rire ?
    Est-ce le même mot ? La même origine ?

    Merci pour ces précisions.

  2. Dans le « dindon de la farce », il y a deux choses: le dindon, et…la farce. En fait, l’un et l’autre n’apparaissent pas à la même époque, d’où parfois certaines confusions.
    En ce qui concerne le passage de la farce de volaille à la farce de théâtre, l’histoire est la suivante, et elle est strictement étymologique: A l’origine, il y a le verbe latin « farcio » (ou farsio) qui signifie bourrer, remplir, gorger, introduire, enfoncer (çà suffira?)), selon l’objet auquel cela s’applique. Et, évidemment, « gaver » en ce qui concerne des volatiles. Le sens est le même une fois le mot passé dans le français.

    Or, quelques siècles plus tard, alors que, devant les églises, on « interprète » les seules formes de théâtre autorisées, les « Mystères », essentiellement religieux – et, disons le, parfois longs et très ennuyeux – on insère, entre deux « actes », des saynètes comiques (pour éviter au public de « zapper »). On « introduit » donc dans ces drames des intermèdes légers, aussi artificiellement que l’on bourre une volaille. En journalisme, on dirait « caviarder » un texte. Voilà l’idée de la farce théâtrale, qui va « sortir » de sa vocation première pour devenir plus tard une forme de pantalonnade plus ou moins vulgaire.

    L’histoire du « dindon » est plus équivoque: certains prétendent que ces scènes comiques mettaient en scène des vieux barbons, régulièrement abusés par leur progéniture (comme, plus tard, chez Molière). Sauf que: la « d’inde » n’arrive en Europe qu’au milieu du 15è siècle; le mot « dindon » encore un peu plus tard. Peu probable donc qu’il l’ait utilisé au Moyen-Age!
    L’explication serait donc plus récente et…plus affreuse: on dit qu’il y aurait eu, pendant un siècle, entre 1750 et 1850 environ, un spectacle forain, entre combats de coqs ou de chiens, qui consistait à mettre des dindons sur des plaques chauffées à blanc, lesquels se mettaient à « danser » pour éviter de se brûler les pattes. D’où l’expression qui ridiculise quelqu’un qui essaie désespérément de se sortir d’une situation sans y arriver…Allô, Brigitte?

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