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Donnedieu de Vabres (Renaud)

«Qui donne à Dieu prend aux pauvres», disait, pendant la période de la Terreur un proverbe révolutionnaire, pour justifier les exactions imposées aux aristocrates…Le juge Renaud (Van Ruymbeck) voudrait bien savoir si Renaud (Donnedieu de Vabres) a (re)donné de l’argent à certains hommes politiques; toujours est-il que l’ex-ministre de la Communication (version Raffarin 3.1) est dans l’actualité du moment, avec un patronyme qui ne passe pas inaperçu.

Ce nom est exemplaire – d’un point de vue étymologique – à trois titres, au moins: D’abord, il illustre la confusion fréquente faite sur les «noms à particule» soupçonné d’une noblesse. Rien n’est moins vrai ici, puisque ce «de» n’est pas une particule, témoignage d’une alliance de deux lignées de haute naissance; il s’agit tout simplement d’un article qui marque une provenance, ou peut-être une propriété. En effet, comme les Giscard sont (propriétaires de terrains) d’Estaing (des étangs), les Donnedieu viennent d’un endroit (du sud sans doute, car le mot est occitan) traversé de «vabres», mot local pour désigner un ravin, ou, plus souvent encore, le torrent qui y coule. Le Vabre ou la Vabre sont des noms de lieux-dits fréquents dans le Tarn et l’Aveyron, la version plurielle, les Vabres, plus spécifique de l’Ardèche, par ailleurs site de la souche familiale de Renaud.

Ensuite, il nous reste donc ce Donnedieu, que l’on connait plus fréquemment sous la forme Donnadieu (comme l’acteur Bernard-Pierre, entre autres). Donnadieu nous oriente d’ailleurs plus facilement, puisqu’il s’agit presque d’une expression contractée en un surnom, pour évoquer évidemment un «enfant donné à Dieu». Vous allez me dire, dans un pays de la zone chrétienne comme la France, cela n’a rien d’étonnant, sauf que l’histoire du «donné à Dieu» est souvent celle d’un nouveau-né prématuré ou malade. Pendant des siècles, la mortalité infantile était importante, et l’on recommandait souvent les bébés à la protection divine, d’où cette sorte d’invocation. On peut aussi fantasmer (souvent à tort!) sur une ascendance abandonnée (sur le parvis d’une église) à Dieu, c’est moins marrant mais plus romantique.

Dans le tiercé (pardon, trinité) de tête des intercessions, il y avait évidemment Marie, qui deviendra pendant très longtemps le prénom quasi-systématique des enfants, y compris pour un garçon, y compris et surtout en première position. Plus tard, cette présence va continuer à se manifester, de façon moins «voyante», dans tous les composés comme Jean-Marie, Pierre-Marie, etc..Quant à Dieu himself, il va apparaître (si j’ose dire) lui aussi dans beaucoup d’expressions qui vont malheureusement devenir des…jurons (et pour cause). On peut même décerner un Gérard à un cri comme «…De par Dieu!», qui deviendra le patronyme que vous connaissez; il y en évidemment beaucoup d’autres, parfois davantage ‘cryptés’ en «-bleu», comme dans le juron d’ancien-français «Palsembleu», déformation de «Par le sang de Dieu», plus ou moins mâchonné par le peuple.

Enfin, profitons-en pour confirmer que Donnedieu/Donnadieu signifie bien « donné à dieu », et non pas « don de dieu »; cette dernière ‘combinaison’ se serait sans doute contractée en « Dond’dieu », puis forcément Dondieu, conservant ainsi la consonne ‘d’ qu’on ne peut pas rendre muette ici…En conclusion, que dire? Que Renaud n’a pas donné qu’à Dieu mais aussi probablement à ses saints, dans un paysage (politique?) où il n’y a pas que de douces collines. Et au milieu coule une rivière…En tous cas, étymologiquement.


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2 commentaires au sujet de Donnedieu de Vabres (Renaud)

  1. Bonjour,
    Je pensais que Vabres avait un lien avec Fabres ou Faber l’ouvrier. « Qui donne au dieux prends aux ouvriers ??? »

    Merci.

  2. Eh non…d’où la précision utile! Ce qui a un rapport avec un ouvrier – en fait, il serait plus juste de dire un artisan, un fabr-iquant justement – c’est le Fabre. Pour une fois, Vabre n’est pas une déformation de Fabre (mais, techniquement, vous avez raison, cela aurait pu être). Les ouvriers peuvent se rassurer…

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