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dopage

Le mot du jour est tout à fait inattendu, mais il fait partie du ‘top 10’ des termes les plus demandés sur un moteur de recherche bien connu. Franchement, on ne voit pas pourquoi, et tout lien avec une manifestation sportive mondialement célèbre n’est probablement que pure coïncidence. Il n’empêche, ce dopage est intéressant -linguistiquement parlant- car il fait partie d’une liste assez importante (1) de sons puis de mots dont le sens a été complètement inversé, selon un phénomène qui se produit soit au fil des siècles (dans les récentes chroniques: déluge, galant, gentil), soit en passant d’un pays à l’autre (souvent entre anglais et français, et réciproquement)…

C’est précisément l’exemple de la ‘dope’, substantif d’origine strictement anglaise à l’origine de ‘dopage’, et qui va se vider de son sens (à défaut de sang) pour se remplir d’une toute autre puissance. Il n’y a pas de racine ni latine, ni germanique à la base de ce ‘concept’; et pour cause: on pense que le terme ‘dope’ est une transcription venue de très loin (dans le temps, ici les kilomètres n’y font rien), puisqu’il s’agirait d’une onomatopée! En effet, le son ‘dop(e) est celui que fait quelqu’un qui tombe, ou qui s’affaisse, qui titube, ou encore qui laisse tomber quelque chose, bref un bruit de consécutif à un état de faiblesse (un peu comme le ‘gap’, dans certaines situations médicales; ou le ‘bug’ en informatique!).

Car le tout premier sens de ‘dope’ en anglais, c’est une idée de drogue, donc très clairement quelque chose qui vous endort (voire qui vous tue) et non une substance excitante ou dynamisante. Exactement le contraire de la connotation qu’on lui donne actuellement, et ce, quel que soit le domaine ou le milieu dont il est question. D’ailleurs, le terme entrera en vigueur (si j’ose dire) avec succès dans le domaine hippique, pour évoquer un cheval ‘drogué’ par quelqu’un d’autre que son cavalier ou son propriétaire, forcément dans l’intention de lui faire perdre et non gagner la course.

Chez les humains -et toujours en anglais- le mot va s’appliquer à une personne qui n’a pas tous ses moyens (intellectuels, en général). «This guy is a dope» peut se traduire en langage courant par quelque chose comme «ce mec est une tache». A l’origine, un ‘dopé’ est donc un abruti, un crétin, et non un coureur suffisamment malin pour échapper aux contrôles (ce qui éventuellement ne l’empêche pas d’avoir les qualités citées)…Il semble que la bascule de sens se soit faite à la fin du 19è siècle, très ‘tardivement’ donc, à une époque qui coïncide -malheureusement- avec la renaissance du mouvement olympique. «Plus fort, plus haut, plus vite», qu’ils disaient. La (petite) Histoire du sport témoigne d’un premier mort par overdose de…vin en 1865, lors d’une compétition de natation (Que d’eau, que d’eau!), mais les propres inventeurs des Jeux dans la Grèce Antique pratiquaient déjà un contrôle sommaire en faisant renifler l’haleine des coureurs par un juge placé à l’entrée des stades (bonjour les fins de journée!). Toujours est-il que doper et dopage sont réinjectés dans la (les) langue(s) moderne(s) avec l’unique signification d’excitant, de substance énergisante, et plus si affinité chimique.

Désormais donc, la drogue n’est plus destinée à endormir Juliette sur le cadavre de Roméo, mais à développer les capacités physiques des sportifs (jusqu’à oublier la douleur), voire les performances intellectuelles des étudiants…Il semble que la seule personne (morale) qui se soit tirée sans dommage de ce ‘dop’ est cette société filiale de L’Oréal, qui créa, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le fameux et très radiophonique (pour ceux qui étaient nés à l’époque) shampooing ‘Dop’, chargé d’éduquer les enfants à la propreté des cheveux, et qui ne manqua pas de…doper les bénéfices du déjà très hégémonique groupe. On fait donc aujourd’hui nettement la différence entre la dope (réservée au sport) et la drogue (mot ‘sale’ réservé aux drogués), même si le type de substance -ou en tout cas d’effet- est le même. Or, savez-vous que le mot ‘drogue’ est d’origine…néerlandaise (c’est pas nous, c’est pas nous!), pour désigner une ‘substance sèche’? Mot lui-même emprunté à l’italien ‘droga’ (c’est toujours pas nous!), qui le tient -forcément- d’un terme latin qui a donné en français le mot…dragée! Tout à cause des grecs, pour lesquels le même son désignait déjà une friandise, autrement dit, grâce parait-il au Dauphin futur ex-Louis XVII, un ‘bonbon’. Vous avait-on jamais dit que les sachets de poudre étaient parfumés à la fraise?

Pour en finir avec le dopage -du moins dans cet article- je sais que ce n’est pas bien de montrer les autres du doigt, mais connaissez-vous les différentes traductions du mot ‘dopage’ chez nos voisins? En Allemagne, ‘doping’; en Italie, ‘doping’; en Espagne, ‘doping’, preuve s’il en fallait de la provenance anglo-saxonne du mot. Stupéfiant, non?

(1) on en trouvera plusieurs exemples sur ce site en repérant les noms communs dans la liste des mots-clé


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