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Ecarlate

Le mot est à la Une de tous les journaux, et il qualifie le cinquième et ultime degré du plan Vigipirate, le dispositif anti-terrorisme français. D’aucuns trouveront le mot…poétique, alors que le terme a été choisi en raison d’une nuance qui exprime un rouge intense; de fait, ‘écarlate’ ne remplace pas ‘rouge’ dans l’échelle des risques, mais le termine, après blanc, jaune, orange, rouge. Or, nous ne connaissons guère plus le mot que pour qualifier une « Eau » (en fait, un détergent) inventée en 1851, dont la formule avait la propriété de raviver les couleurs des…uniformes des soldats de Napoléon (III, évidemment). Depuis « l »Eau » en question est devenue transparente (trop dangereux, un liquide rouge!) mais le mot est encore plus décapant qu’il n’y paraît:

A l’origine -lointaine- de ce terme, il y a une racine persane (on dirait iranienne ou irakienne, de nos jours), qui évoque une étoffe précieuse de couleur…bleue! Ce bleu intense est frappé de broderies qui représentent des sceaux, ou en tous cas des motifs qui semblent ‘gravés dans la pierre’, comme ce que permet une certaine argile brune que l’on utilise pour cacheter des documents. Du coup, c’est la couleur de cette terre qui va donner son nom au tissu très reconnaissable, et le symbole de tout motif imprimé va par la suite devenir, chez les Grecs, puis chez les Romains, un «scarlatum».

Par l’évolution normale du ‘bas-latin’ vers le latin médiéval puis le vieux-français, ‘scarlatum’ va se transformer en ‘escarlate’, dont le -s- initial va se résorber en accent aigu, d’où notre «écarlate» moderne, définitivement devenu rouge vif. Sans compter la sonorité du mot, que beaucoup de linguistes interprètent comme agressive , en raison de la succession des ‘a’. Le mot «rouge» est plus silencieux que le cri de «écarlate»…Au fil des siècles, on fabriquera les colorants écarlates (*) à partir de macérations d’une variété de chênes «kermès», souvent sous monopole ecclésiastique d’ailleurs, l’Eglise ayant grand besoin de la teinture en question pour les habits sacerdotaux.

Au Moyen-Age, les (Anglo-)Saxons vont créer le patronyme qui désigne le fabricant ou le vendeur de vêtements teints en rouge, le…Scarlett (scarlatum), futur prénom d’une ‘Mam’zelle’ locataire du domaine de Tara dans «Autant en Emporte le Vent»…Mais revenons à notre chêne: on doit le mot «kermès» aux Arabes, qui connaissent, depuis au moins le 12è siècle, les qualités tinctoriales de cet arbre. Grâce à Marco Polo, qui va diffuser la technique, on va créer le tout-premier mot qui signifie ‘écarlate’. Kermès va rester un terme technique, mais, dans le langage commun, le mot va devenir ‘kremès’, puis ‘kramès’, avant de donner le français…cramoisi, c’est à dire rouge-vif!

On a sûrement bien fait de garder le terme ‘écarlate’, parce que je me demande si un ‘Plan Cramoisi’ aurait vraiment rassuré les populations en cas d’attaque…

D’autant que le dernier mot que l’on doit à « scarlatum », c’est le nom de la maladie qui vous couvre de boutons rouges, la..scarlatine. Vigipirate, çà vaut mieux que de l’attraper?

(*) C’est un véritable adjectif, on peut donc le mettre au pluriel (contrairement à indigo ou magenta, par exemple)


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Un commentaire au sujet de Ecarlate

  1. Et l’eau écarlate ne contient pas d’eau et n’est pas écarlate !
    Pour carmin, cramoisi, kermès et vermillon voir
    http://truchement.blogspot.in/2011/12/carmin-cramoisi-et-vermillon.html

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