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Esclavage (abolition de)

Retour sur l’expression qui fait l’actualité (abolition de l’esclavage), à travers le nom du plus célèbre antillais d’origine…alsacienne. En efet, cette chronique a été mise en ligne le 10 mai 2012, mais à la demande des nombreux nouveaux lecteurs de ce site (et une petite révision pour les autres?), en voici la réédition. La date rappellera sans doute beaucoup de choses aux hommes (et femmes) politiques français, puisqu’il s’agit évidemment de la Journée de la Mémoire de l’Esclavage, qui vient appuyer les différentes commémorations de l’abolition de l’esclavage (en juillet). Le nom de Victor Schoelcher est connu en France via quelques rues et établissements scolaires de villes métropolitaines, mais il est carrément le nom d’une commune à l’ouest de Fort-de-France et, à tout le moins, l’un des patronymes les plus célèbres des Antilles. Schoelcher? Quel drôle de mot pour un nom caraïbe! Et pourtant, les schoelcherois (carrément) qui habitent l’ex-‘Case-Navire’ ne voudraient pour rien au monde abandonner leur héros, et voici pourquoi.

C’est en effet à Fessenheim que nait l’histoire de la famille, puisque Schoelcher est une variante de Schelcher, surnom formé sur le mot d’ancien-allemand ‘schelch’ qui désigne une forme de barque. On suppose qu’il s’agit d’un petit bateau à fond plat, essentiellement utilisé par des pêcheurs sur de faibles courants. Composé avec un suffixe d’activité (sinon de métier), le schelch-er devient ‘celui qui est à bord de la barque (pour travailler)’, autant dire: le pêcheur. C’est donc un descendant de pêcheurs, Marc, le père de Victor, qui envoie son fils au Mexique, puis à Cuba, comme représentant de l’entreprise familiale qui fabrique de la…porcelaine*. La suite est connue: le jeune homme, révolté par le maintien des traditions (en fait, l’esclavage est déjà théoriquement aboli par la Révolution depuis cinquante ans, et validé par Napoléon 1er), laissera tomber vases et assiettes, et fera tout pour obtenir l’application de décrets exigeant l’exécution immédiate de l’abolition).

Son engagement lui vaudra un ticket pour l’Olympe, là où résident ‘tous les dieux’ (en français Pan-théon), et la création spontanée de générations de patronymes spécifiquement martiniquais, les…Schoelchery! Il y a là un exemple parfait de construction onomastique: une racine (schelch) + un suffixe originel (-er-) + un double suffixe local (-y); et voilà comment on passe des bords du Rhin à la Plage de Madiana en quelques décennies…

De son côté, la racine latine ‘esclave’ a donné naissance à peu de patronymes, ce que l’on conçoit aisément, à part peut-être certains Scavo (une ménagère désespérée) ou Schiavo, mais sûrement pas de ‘slave’ saxon, et encore moins de ‘slave’…slaves. Car on change alors carrément de registre linguistique: bien loin du latin, les peuples ‘slaves’ (comme les tchèques, par exemple) viennent d’une racine qui signifie…la gloire. Une étymologie qui eût également parfaitement convenu à Victor!

(*) Tant qu’on y est, petit rappel chromatique: la porcelaine (porc-elaine!) a bien un rapport avec le cochon. Il s’agit du surnom donné par les italiens au kaolin, cette matière argileuse dont les nuances de beige et rose leur faisait penser à la couleur du ‘cul de la truie’ (authentique), d’où le nom. Bon appétit!


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