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Femme (journée de la)

Que vous y ayiez participé ou pas, ou même simplement fait attention, vous n’avez pu ignorer l’emballement éphémère* dont ont fait preuve les médias pour vous parler de la traditionnelle «Journée de la Femme», réduction erronée de l’expression «Journée des Droits de la Femme», ce qui n’est pas tout à fait pareil. Le devoir de l’homme étant de parler du droit de la femme, voici quelques précisions parfois assez inattendues, au sujet de l’une des quatre-vingt et quelques ‘journées’ internationales répertoriées dans l’agenda intime de l’ONU. La femme, son étymologie, mais tout d’abord son histoire.

Première aberration: tout comme la neige olympique au bord de la mer, les sous-marins de guerre en vadrouille, l’indépendance de la Crimée ou les nuages atomiques sans danger, le ‘jour des femmes’ est une invention des…Russes. C’est en effet le camarade Lénine qui a eu le premier l’idée d’honorer, en 1921, les courageuses futures soviétiques qui ont osé participer à la Révolution! Depuis, on a rempli pêle-mêle ces 24 heures annuelles avec tout ce qui pouvait se rattacher à la moindre initiative qualifiée de ‘féministe’ (à défaut de féminine**) dans le monde. Il n’empêche, la femme (le mot) vient de loin, en tout cas dans le temps.

Si je vous dis que ‘femme’ est la francisation du latin ‘femina’, vous n’allez pas être très avancé. Continuons alors à remonter le temps (et la langue, surtout si elle est bien pendue) pour trouver la ‘feme’ (prononcez ‘fême’, ou parfois ‘fame’, mais nous verrons cela à la fin). Cet étymon (le mot d’origine) a lui-même été formé sur une très ancienne racine d’origine…sémitique, qu’on peut imaginer écrire «dhê» prononcée de façon très expirée ‘fhé’, et qui évoque l’action de…têter. Or, quand il y a quelqu’un qui tête, c’est qu’il y a ‘à l’autre bout’ quelqu’un qui allaite; la ‘feme’ va désormais consacrer l’état de la parturiente allaitante, puis le rôle exclusif que s’empresseront de lui faire jouer les hommes. Petite consolation: on réservera le diminutif du mot aux animaux: une ‘petite feme’, on dira que c’est une femelle! La langue est parfois mauvaise.

Au sein de cette famille, il y a plusieurs mots qui vont découler de ce son ‘dhê’, devenu la syllabe ‘fé-‘ dans notre langue, et qui tournent en général autour de la même source, à commencer par le nom de celui qui est engendré par la femme, le ‘f(o)étus’; ou la période (désormais révolue) pendant laquelle la jeune accouchée gardait la chambre pour allaiter, les fé-librées (ou le félibrige, si vous êtes provençal); sans parler du petit animal qui tête sa mère (spécifiquement, la maman de Bambi), le fé-on, transformé en faon bien sûr. Plus quelques autres mots évoquant une succion et qu’il n’est pas possible d’expliciter ici…

A contre-pied de cette source très poétique et néanmoins très exacte, il a circulé pendant quelque temps une autre hypothèse étymologique très…misogyne, et que vous trouverez peut-être sur une page (à arracher) d’un pseudo-dictionnaire: certains ont en effet prétendu que l’adjectif ‘féminin’ venait de l’expression ‘foi mineure’ (> foimineur > foiminin > féminin!), autrement dit la créature à laquelle on ne peut faire aucun crédit («souvent femme varie, bien fol est qui s’y fie» dira longtemps la tradition française, raison principale invoquée pour n’autoriser le vote à la raison féminine qu’au milieu du 20è siècle!).

Il s’agit d’une interprétation évidemment totalement fantaisiste que vous allez vous empresser de recracher sans avaler ce lait-là. Car vous savez bien que les femmes aspirent à d’autres combats, à commencer par celui d’une parité, que l’on va nommer, pour l’occasion, ‘la parité femmes-hommes’, histoire d’inverser le cours de l’expression, au moins jusqu’à demain…Quant à la « fame’, celle qui est douée en médicaments, il ne s’agit pas du tout d’un « remède de bonne femme’ (en quoi seraient-ils meilleurs que les remèdes des bonshommes? Et rien que l’idée de laisser des femelles manier les potions eût donné des aigreurs aux tout-premiers médecins!); il faut comprendre cette expression comme ‘de bonne fame’, c’est à dire ‘bona fama’, en latin: de bonne réputation, comme le mot anglais ‘fame’, la réputation de la gloire, de la célébrité. On comprend alors qu’un traitement qui fait effet peut avoir une bonne renommée. Cela étant, ne me faites pas dire que les femmes n’ont pas bonne réputation. Sauf étymologiquement.

Ps: Bonus! En attendant le prochain 12 mai, passez en revue la «Journée des Infirmières», en tapant le mot (infirmière) dans le champ de recherche en haut à droite.

(*) Au sens étymologique: eph-émère (= sur un jour, en grec)!

(**) Un humoriste faisait remarquer récemment que le contraire de féminin est masculin, et que le contraire de féministe est machiste…


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