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Florange (57)

Le nom est à la Une de tous les journaux, à cause d’une actualité dramatique : la fermeture prononcée (après avoir été largement annoncée) des hauts-fourneaux de cette ville de Moselle. Or, contrairement à l’image récurrente qui est véhiculée depuis le début du conflit avec Arcelor-Mittal, Florange est un site accueillant, qui ne méritait pas de faner ainsi, puisque – incroyable mais vrai – son étymologie a bien à voir avec une histoire de fleur…

Commençons par ‘détacher’ le suffixe très caractéristique des villes de cette région (10 au cm2 sur n’importe quel pli de carte routière), la terminaison ‘-ange’ si fréquente dans l’Est de la France, qui est la marque d’une ancienne syllabe germanique (-ing) qui désignait un lieu, un village, un domaine. A l’origine (époque Charlemagne), on avait donc ‘Floring’ (ou Flörchingen, comme ont dit encore en allemand), pour désigner la résidence et/ou la propriété d’un notable de l’époque, diacre de son état, du nom de Florus. Voilà un nom très cohérent par rapport à l’histoire, emprunté au mot de bas-latin…florus, surnom de l’homme ‘à fleurs’.

Pas un fleuriste, ni un type à fleur de peau, mais le plus souvent quelqu’un de…boutonneux, puis (logique) à la barbe fleurie, comme on a pu en gratifier précisément l’empereur cité précédemment. Un homme ‘à la barbe fleurie’, il ne faut pas prendre l’expression à la racine (du poil) mais au sens figuré, c’est à dire une barbe…florescente, bien fournie, longue, voire mal taillée et qui fleurit dans tous les sens en faisant des volutes, comme une vigne mal taillée si vous voyez ce que je veux dire. En tous cas, tout ce qui était ‘florus’ exprimait quelque chose de naissant ou en évolution (d’où l’idée du muguet sur les joues des ados).

Bref, notre brave diacre carolingien donne, très logiquement, son nom à l’endroit où il habite, et voilà au cours des siècles une succession de variantes, notre village passant de Florchange à Flourange, puis Fleurenges, Fleurange et enfin Florange, pour ne citer que les versions françaises. Le toponyme va, à son tour, permettre de créer un certain nombre de patronymes pour désigner les gens ‘qui viennent de Florange’, les Florchinger, Flerchinger et même Florsch et Archen (cherchez pas, il faut être lorrain pour comprendre). Le raisonnement et la racine latine sont les mêmes évidemment pour les villes italienne de Florence et gersoise de Fleurance, l’une et l’autre apportant la preuve de cette valeur identique entre ‘eu’ ou ‘o’ dans le mot.

Pour clore ce…florilège de termes inspirés des bouclettes torsadées d’un porteur de toge exilé il y a douze siècles, on pourrait citer des dizaines d’autres mots dérivés de l’idée de fleur, dont le désormais célèbre ‘flirt’, retour de l’expression ‘fleureter’ (conter fleurette) emprunté par les anglais à notre vocabulaire médiéval; ou bien encore le fleuret, c’est à dire l’épée qui porte à la pointe comme un ’bouton’ de fleur; plus évidemment les fleuristes et autres floraisons, voilà donc un mot qui aura fait florès.

Par contre, même si vous pensez que les fleurs, çà ‘fleure’ bon, méfiez-vous, parce que ce dernier verbe vient d’une déformation de ‘flairer’, c’est à dire sentir, et, étymologiquement, sentir plutôt mauvais. A tel point que, au Moyen-Age, dire d’une femme qu’elle avait des ‘fleurs blanches’ évoquait immanquablement les menstrues, avec toute la misogynie que pouvait y mettre la société de l’époque.

Rien à voir donc avec notre riante vallée mosellanne mais, en ces tristes circonstances sociales, c’était une façon de faire une fleur à ce…fleuron de l’acier!


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