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Gaudin (Jean-Claude)

Selon un rapport de la Chambre régionale des comptes, la gestion de la ville de Marseille a souffert de nombreux manquements sous l’administration de celui qui aura été maire pendant un quart de siècle. On dit que, parmi les prétendants à une succession obligée (sinon acceptée), circule cette réplique de théâtre dans la pièce ‘Marius’ de Marcel Pagnol « (peuchère) si on ne peut plus tricher entre amis, ce n’est pas la peine de jouer aux cartes ». Qu’en pense notre homme du…nord?

Car, étymologiquement, Gaudin est bien un patronyme…germain. Le chemin probable est celui-ci: il y a plus de 10 siècles, un ancêtre est descendu jusqu’à la future Canebière (1), en tous cas suffisamment au sud puisqu’aujourd’hui notre Jean-Claude de Marseille a pu naître à Mazargues, le quartier (plutôt sud, lui aussi) qui part du Stade Vélodrome pour filer sur Cassis. Homme des forêts, gouverneur ou carrément dieu-vivant, le gaudin (comme nom commun)?

En effet, le mot originel possède deux ou trois homonymes; il y a donc au moins quatre Gaudin possibles, en fonction de l’histoire familiale, sans compter quelques variantes plus ou moins déformées. Ce qui est sûr, c’est que, pour traverser les siècles et les kilomètres entre la future Allemagne du Nord et les calanques, une racine germanique (‘wald’) va subir deux phénomènes linguistiques assez classiques: une inflexion, puis une vocalisation. N’ayez pas peur, c’est facile…

L’inflexion consiste à ‘transformer’ un W en G, l’une et l’autre de ces lettres marquant en fait un son guttural, mais que vous identifiez plus facilement en français. Par exemple, si l’on prend le mot germain qui évoque un morceau de bois, ‘wid’, il va donner chez nous ‘guid’, puis ‘gui’ (oui, le truc à boules blanches); quant à Wilhem ou William, que vous avez déjà croisés plusieurs fois ici, ils correspondent à notre Guillaume. Et tant qu’on parle de William, signalons que le Pays de Galles se dit Wales, et vice-versa (2)…La vocalisation, elle, se manifeste par une lettre (souvent un L noté U) comme dans chevaL/chevaUx, canal/canaUx, animaL/animaUx etc, là encore souvent mentionnés. Tout cela appliqué à notre ‘wald’ initial va donc donner ‘gald’, puis ‘gaud-‘, auquel on va ajouter une sorte de suffixe pour créer un surnom, puis un nom, et on arrive enfin à notre Gaudin. Et alors, côté définitions…

Premier sens possible: ‘wald’, comme le mot allemand actuel, évoque une forêt (la ‘schwarzwald’ -forêt noire- n’est pas qu’un gâteau au chocolat avec une cerise dessus, bien qu’ayant hérité de la ‘sombritude’ des montagnes concernées, d’où le nom). Un gaudin pourrait donc avoir un rapport avec un habitant de la forêt (sous ce nom-là, pas un forestier à proprement parler). Mais l’hypothèse n’est pas très…feuillue.

Deuxième sens: le verbe germain ‘waldan’, très présent dans la dissémination des racines dans l’ancien-français médiéval, avec le sens de gouverner ou commander (sous-entendu: une armée, une troupe, comme dans beaucoup de tribus de l’époque). Passant de ‘waldan’ à ‘galdan’, puis à ‘gaudan’ et enfin gaudin, le terme est fréquemment employé comme surnom, parfois associé à la racine complémentaire ‘win’ (=ami) pour donner un très proche Gaudoin.

Un ami qui vous veut du bien sans doute puisque, troisième hypothèse, on peut également penser à la racine ‘got(h)’, tout simplement, l’une de ces hordes barbares les plus célèbres et néanmoins si artistes qu’elles nous laisseront des traces architecturales de leur époque , le gothique! De Goth à Gaud, il n’y a qu’un coup de ciseau (à graver) que certains Gaudin ont peut-être reçu en héritage.

Enfin, le quatrième et dernier de la série s’écrit, en toute simplicité phonétique, godin, mais vient, lui, d’une autre racine germanique, un ‘god’ qui donnera le mot (anglo-)saxon qui signifie dieu, ou, en version à peine plus ‘sèche’, le gott allemand. Plus près de nous (mon Dieu), on trouve donc dans plusieurs départements du nord de la France mais aussi en Belgique des Godin (comme le fameux entarteur) et des Goddin; ou, sous influence graphique flamande, des Goddyn et des Godyns.

Rassurez-vous (et rassurez-les): ces patronymes ne désignaient pas directement des divinités, mais parfois le surnom -un peu ironique- de personnes un peu trop ‘bigotes’, ou dont le caractère hautain et les manières fières leur donnaient un comportement supérieurement ‘divin’. Un peu comme les Lepape, les Lévêque ou Leprêtre francophones, par simple allusion à leur tenue sombre et leur comportement hiératique.

Pour résumer, et grâce à l’une de ces étymologies au moins, on ne saurait contester à notre Gaudin d’avoir gouverné (‘waldan’) sa ville avec faconde, ce qui explique sans doute qu’il mérite largement le nombre de ses titres: savez-vous qu’il est également Commandeur de l’Ordre de Malte, de l’Ordre du National du Mérite du Sénégal (!?), de l’Ordre de St-Grégoire-Le-Grand (du Vatican), de l’Ordre de St-Charles (de Monaco), et même Grand-Croix du Mérite dans l’Ordre Equestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Noms de dieu!

(1) Pour l’origine (surprenante) du nom de l’avenue en question, tapez…’cannabis’!

(2) Oui, je sais, c’est Charles qui est Prince de Galles…


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