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Gaultier (Jean-Paul)

Exposition (ex?)statique au Grand Palais pour des pièces de la collection Jean-Paul Gaultier, un hommage à  »l’enfant terrible de la couture française » comme disent les médias avec moins de créativité que le (ré)inventeur du tee-shirt à thème marin. Pour une fois, c’est le public qui défilera, devant les patrons des costumes de Mylène Farmer ou Madonna. Et quand on dit ‘patron’, cela concerne aussi le couturier; au moins étymologiquement.

En fait, il s’agit de l’idée de patron, au sens (dérivé) que l’on a emprunté à un mot d’origine…néerlandaise (baas), qui désigne, le plus souvent, le propriétaire ou le capitaine d’un bateau, exactement comme en français actuel. Or, ce sont les saxons-anglo qui vont transformer ce ‘baas’ en boss, que l’on attribue maintenant au col blanc-cravate qui dirige la boite dans laquelle vous travaillez (ou, si vous êtes fashion-victim, à un parfum prénommé Hugo, mais ce serait faire injure aux fragrances diffusées par l’ami JP).

Mais, à côté de l’idée, il y a donc la racine proprement dite, qui date d’à peu près quinze siècles, autrement dit la (longue) période pré-médiévale qui voit s’affronter, en Europe du Nord, quantité de tribus germaniques dans un tourbillon de type anti-cyclonique qui va disséminer les barbus, leurs épées et leur vocabulaire dans une large partie du continent. Bref, malgré les apparences, Gaultier vient de…Waldo, nom (ou, en réalité, surnom) d’un de ces chefs militaires germains, mot lui-même créé d’après le verbe ‘waldan’ (prononcez ça comme vous voulez, de toutes façons, on n’a pas d’enregistrement).

‘Waldan’ est un infinitif qui signifie donc à peu près gouverner, ou commander, organiser ou diriger quelque chose ou quelqu’un. Voilà pourquoi, la plupart du temps, on considère que le porteur du surnom devait avoir une responsabilité militaire, civile, ou territoriale.

Alors, au cours des siècles (et des kilomètres d’éloignement) qui vont suivre l’usage de ce mot, ‘waldan’ va subir un phénomène linguistique qui va l’adapter, en quelque sorte, aux gosiers et aux mâchoires des peuples (vaincus) qui vont l’entendre; et comme, très probablement, les-dits ‘barbares’ (au sens propre -enfin, pas tant que ça- de ‘ceux qui portaient la barbe) ont une voix gutturale, le ‘w’ initial va se transformer en son ‘g’ ou ‘gu’ pour tout ce qui n’est pas saxon.

Ainsi, comme vous allez le trouver dans plusieurs autres noms répertoriés dans ces archives, on gardera le ‘w’ dans les pays du Nord (par exemple: Wilhem, William), qui deviendra ‘g’ plus au Sud (Guillaume, Guilhem, Guillermo, etc). Résumons-nous: ‘waldan’ devient donc ‘galdan’; puis, le ‘d’ devient plus ‘sec’ et se transforme en ‘t’, ce qui nous donne ‘galtan’; enfin, le suffixe final est adapté à la française en ‘-ier’; résultat final…Galtier, ou Galthier, ou Galthié (comme le rugbyman Fabien), avec des variantes orthographiques dûes aux divers parlers régionaux, mais vous avez remarqué que la prononciation est strictement identique.

Autre avatar de ce ‘waldan’ devenue ‘galtier’, une seconde opération linguistique appelée ‘vocalisation’, c’est à dire la transformation d’une consonne en voyelle (en fait, on ne transforme rien, c’est le même son, mais ce serait un peu long à justifier ici), ce qui nous donne finalement…Gautier (comme l’auteur Théophile), ou Gaultier (si on veut profiter à la fois du ‘u’ et du ‘l’), ou encore Gauthier, Gauttier, Gauthiez (dans le nord de la France) et même Gauter (à l’armoricaine). Sans oublier le plus court de tous, le Gault (de Millau).

Et ce n’est pas fini! Il est arrivé que le ‘d’ de waldan reste assez sonore pour ne pas disparaître au profit du discret ‘t’; du coup, si l’on repart depuis l’étape ‘galdan’, on arrive à ‘gaudan’, puis Gaudin, Gaudot, Godot, et même Godard (gaud-hard, celui qui gouverne ‘hard’, c’est à dire durement). Que de gens pour nous gouverner!

Signalons pour terminer que certains Gaud sont des toponymes (des noms de lieu), que l’on arrive difficilement à expliquer en remontant au Soldat Germain Inconnu. Vu le nombre de Gault, Le Gaud, ou La Gaudelière (avec un suffixe qui marque clairement un site habité) en Auvergne (pays de la Loire) et Haute-Garonne, on choisit alors la racine homonyme ‘wald’, qui signifie le bois, la forêt (comme dans l’allemand actuel: schwarz-wald, la forêt-noire, etc)…Cela étant, même dans ce sens, cela prouve bien que notre Jean-Paul a de la branche! Y compris étymologiquement.


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