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Hidalgo (Anne. Ou Michel…)

Puisqu’il est question ici d’étymologie sur l’actualité, nous allons laisser tomber le football et nous consacrer à la candidate socialiste à la mairie de Paris, femme politique d’origine espagnole (on le serait à moins avec un tel patronyme) prétendante à la succession de l’homme des marais* (De-la-noue, puis Delanoë). En attendant de fouiller dans les racines de NKM, petite analyse du nom de la belle brune au nom évocateur: dans le français courant, l’hidalgo est en général le prototype du séducteur style Jules-Les-Eglises (Julio Iglesias), au choix joueur de foot, chevalier à la figure triste ou pas (on en reparle plus bas) ou fougueux andalou à la croupe cambrée…bref, quasiment tout le contraire de l’origine du mot!

Malgré ce que l’on croit en être la définition, et une tradition (espagnole), l’hidalgo n’est pas un ‘gentilhomme’, en tous cas de naissance ou de rang réel. Le sens de ‘noble’ qu’on lui donnera par la suite n’est peut-être qu’une ironie, qu’il faut prendre dans le sens contraire, un peu comme les Leroi ou les Lepape français, qui n’ont jamais de rapport avec les premiers personnages du royaume ou de l’Eglise. La connotation de noblesse n’arrive qu’assez ‘tard’ dans l’évolution du mot, et encore, au sens figuré, grâce à la célébrité d’un personnage du début du 17è siècle ibérique, amateur de chevaux efflanqués et de mirages de moulins, un certain «Ingénieux Noble Don Quichotte de la Mancha», et à cause d’une traduction approximative de son surnom en v.o, précisément «ingenioso hidalgo». Or, pour des français, que pouvait bien être le maitre de Sacho Pança sinon un ‘possédant », oubliant du coup la piètre naissance d’un d’Artagnan par exemple?

Car, à l’origine, ‘hidalgo’ est tout simplement la contraction de ‘hijo de algo’, soit, littéralement, ‘fils de quelque chose’. Et c’est là que les interprétations divergent: on a souvent interprété le qualificatif comme ‘fils de rien’, soit quand même exactement le contraire d’un ‘noble’, censé posséder un minimum de richesses…Puis ce ‘quelque chose’ a repris son sens originel, qui est ‘peu (de choses)’, ou ‘assez (de quelque chose)’. Ce qui en fait peut-être une leçon sous-jacente de satisfaction matérielle («il en faut peu pour être heureux», ça vous dit quelque chose?)…Troisième niveau: fidèle à la définition portugaise, ‘algo’ représente ‘du bien’, soit, comme en français, une possession, une propriété. C’est là que le hijo-de-algo deviendrait alors ‘le fils (d’un père, évidemment) jouissant de maison(s) ou de territoire(s)’. Notons au passage que l’ancienne langue espagnole donne à ‘algo’ le sens d’une hacienda. Si ça continue, on va se retrouver dans la villa californienne de Don Diego de la Vega (dit Zorro, pour les intimes)…

L’hypothèse la plus surprenante nous emmène loin de l’Espagne, d’un point de vue linguistique, tout en restant en Castille à l’époque de la (longue) présence arabe dans la péninsule. Certains étymologistes font remonter le terme ‘algo’ à l’arabe ‘al-khoms’, qui veut dire ‘le-cinquième’, estimation quantitative qui concernerait le pourcentage de rançon demandé sur des terres conquises. De fait, les personnes installées sur les surfaces concernées (et devenues propriétés de l’Etat) auraient pris le surnom de ‘ibn-al-khoms’ (=le fils des cinquièmes; même raisonnement que hijo de algo!), devenu en espagnol ‘hijo-al-gom’ puis ‘hidalgo’…

Quoi qu’il en soit, voilà qui confère à Anne un certain panache (ou la promesse d’un cinquième du territoire national?), tout en invitant à clore cette chronique, car, comme on dit à Madrid, «algo es algo» (assez, c’est assez). Y compris étymologiquement.

(*) lire la chronique à lui consacrée en octobre 2012


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