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Jungle (de Calais)

On a donc commencé à démolir la ‘jungle’ de Calais, cet espace sauvagement occupé par des migrants que l’Angleterre ne veut pas voir ailleurs que dans la…lande désolée du Nord. Or, à part au sens figuré de ‘situation complexe d’où il est difficile de s’extraire’, l’endroit n’a strictement rien d’une jungle, sauf pour les hommes (et femmes) politiques.

Soyons précis: il n’y a de jungle (naturelle) qu’en Asie et surtout pas en Afrique. La paternité de l’équivoque revient sans aucun doute au brave Rudyard (Kipling), qui commet en 1894 un ‘Livre’ de souvenirs (il écrit ça, peinard, dans la fraicheur du Vermont de la côte Ouest!); dans ces pages, il y a un certain Mowgli qui survit au milieu des singes et d’une végétation clairsemée et sèche, définition précise du mot hindi local (jangal), qui se fout d’ailleurs des lianes et autres baobabs puisqu’il s’agit simplement d’un ‘espace sauvage inhabité’. Donc pas d’éléphants aux grandes oreilles, ni de gros serpents, ni de lianes tombant d’une végétation luxuriante.

Seulement voilà, à peine vingt ans plus tard, un américain de Chicago, Edgar Rice Burroughs, met également dans une forêt (tropicale, cette fois) un enfant recueilli par des singes (what else?), alors qu’il n’a jamais mis les pieds en Afrique; le gamin s’appelle Tarzan (en patois local) et le livre ‘Tarzan et les singes’ (et non pas Tarzan dans la jungle, comme le prétendront les journalistes occidentaux, mais ce n’est pas la première fois*). Donc pas d’éléphants aux petites oreilles, pas de tigres, et plutôt des chimpanzés que des macaques ou des orang-outangs.

Alors, forcément, toutes les langues du monde vont plus ou moins emboiter le pas de Mowgli sur le sentier de cette jungle, donnant aussi bien des ‘jungle’ en anglais que des ‘Dschungel’ (!) en allemand, des ‘dzungla’ en croate que des ‘zungla’ en grec, des ‘dzsungel’ en hongrois que des ‘janglenn’ en…breton (qui en connaissent un rayon, question lande désolée).

Finalement, l’idée de milieu inextricable va échapper à l’un comme à l’autre des héros nudistes de la forêt, dont on ne va retenir que que la notion d’espace impénétrable duquel il est aussi difficile d’entrer que de ressortir, de gré ou de force (sauf apparition, dans les deux cas, d’une femelle aux yeux en amande qui saura les rhabiller pour l’hiver).

Du coup, que ce soit pour les amendements d’un projet de loi présenté au Sénat ou pour les ongles d’Elisa qui s’enfoncent des les cheveux de Gainsbourg, la jungle reste un endroit où il est difficile de démêler autant les mèches que les vrais-faux migrants, ou encore de circuler entre les tentes sans salir ses bottes toutes neuves dans la boue d’allées d’où la végétation a disparu depuis longtemps. Calais, ce n’est plus une jungle, mais une savane. Peut-être un désert…

(*) rappel: Déjà, le ‘Robin des Bois’ britannique n’est pas Robin Wood, mais Robin Hood (Robert la Capuche, sous laquelle il se cachait; et non Bob Dubois).


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