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Jupitérien

Ce n’était pas un qualificatif opportuniste: l’adjectif ‘jupitérien’ revient régulièrement à la Une des journaux et magazines pour accompagner le nom du nouveau président français, d’ailleurs d’après ses propres souhaits et déclarations. Un Macron jupitérien, est-ce celui qui domine tout l’Olympe (*) électoral, celui qui gouverne son équipe d’une main de fer, celui qui tonne contre ses adversaires, ou encore le plus myth(olog)ique des présidents, en tous cas celui qui se veut au-dessus de la mêlée générale, à l’inverse du précédent ‘président normal’? Peut-être tout simplement celui qui dicte sa loi…

En effet, étymologiquement parlant, les Romains doivent bien avoir une raison pour avoir ainsi nommé leur ‘roi des dieux’, dont on ne va pas faire pour autant tout un fromage de ses caprices. Car on dit que le monsieur a le caractère ombrageux, et qu’il n’hésite pas à faire parler la foudre si nécessaire, ce que, pour l’instant, n’a pas été obligé de faire (publiquement, du moins) le jovial Emmanuel. Mais ça, c’est juste pour l’image et la ‘comm’ du moustachu musclé; la véritable origine de son nom (ben oui, Jupiter aussi, ça signifie quelque chose), on la comprend en décomposant le mot en ‘ju(s)-piter’: la première partie ne doit rien au nectar des fruits mais au mot latin qui concerne le droit, la racine qui va donner chez nous ju-riste, ju-ridique, ju-diciaire, etc…Quant au ‘piter’, ce n’est pas le petit-nom à l’anglaise de Pierre (il ne manquerait plus que ça) mais la déformation de ‘pater’ (dans une composition), donc l’idée du père.

Un Jupiter, pseudo très rarement accordé, sauf pour la plus grande des planètes de notre système solaire (what else?), c’est donc un ‘jus-pater’, le père du droit, ou autrement dit le gardien de la loi, le patron des règles, le juge des comportements, bref vous voyez le genre, tout ce qui peut suggérer l’infaillibilité d’un chef en matière de légalité; finalement on est assez loin du grognard de principe qui se fait obéir à coup(s) de tonnerre, la nuance est beaucoup plus subtile et, éventuellement, nettement plus concrète! Les ministres n’ont qu’à bien se tenir, au nom du père, du fisc et du bon esprit.

Il me faut signaler que quelques linguistes donnent leur préférence à une étymologie basée sur un Jupiter issu de…deus-pater , soit le père des dieux (no comment), voire dies-pater c’est-à-dire le père du (des) jour(s), ce qui me semble quand même plus proche d’un sentiment chrétien forcément trop tardif (Dieu créateur de la lumière -donc du jour- contre les ténèbres); mais quoi qu’il en soit, ça reste un sacré magicien…Notez bien qu’on avait voulu donner quasiment le même profil à son homologue et néanmoins prédécesseur grec, un certain Zeus dont le surnom n’est lui-même pas innocent.

Une fois enlevée la terminaison ‘-us’ (c’est bien du grec, même si cela ressemble aux habitudes latines), il nous reste la racine ‘ze’, ou plutôt ‘zê’, qui signifie ‘il est vivant’ (**); pour être très précis, il s’agit de la troisième personne du singulier du présent de l’indicatif du verbe ‘zein’ qui veut dire vivre (d’accord, difficile à caser ça au moment du fromage dans un diner en ville). Mais au fait, qu’est-ce que cela a de suffisamment exceptionnel que le plus haut placé du Panthéon soit vivant pour en faire son bracelet de baptême?

C’est que, justement, la chose n’allait pas de soi: le père de famille, un certain Chronos, à l’origine du monde avec sa femme la Terre, avait pour habitude de dévorer ses enfants, un bon moyen pour garder le pouvoir (dont on dit qu’il se pratiqua encore au 20ème siècle dans certaines régions équatoriales). Sauvé par sa mère qui remplaça le nourrisson par un caillou, Zeus fut la dragée dure à avaler pour son père et il resta vivant, d’où son surnom.

Terminons par l’adjectif propre à Jupiter qui fait partie de sa ‘déclinaison’ (vous vous souvenez de vos cours de sixième?): le génitif de ‘jupiter’, c’est ‘jovis’, ce qui va donner en français le mot…’jovial’! Moi, je serais vous, je taperais ‘Joulaud’ (Marc, l’assistant parlementaire d’un certain Fillon) dans le champ de recherche pour avoir d’autres précisions et peut-être surprises, étymologiques bien sûr.

(*) Je sais, lui il habite un temple sur les collines de Rome; l’Olympe c’est pour Zeus, mais attendez la suite…

(**) On peut aussi l’écrire tout simplement ‘Z’: voyez le titre du film de Constantin Costa-Gavras, qui dénie la mort du député Lambrakis à Athènes sous le régime des colonels (donc, il est vivant!)


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