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Lefebvre (Frédéric)

Monsieur le tout-nouveau député de la 1ère circonscription des français hors de France est un acharné du travail, en tout cas étymologiquement. En effet, son patronyme fait partie d’une grande -pour ne pas dire immense, en comptant les diverses métamorphoses du mot- famille qui remonte à l’Antiquité, car toute l’histoire des Lefebvre s’appuie sur un tout petit adjectif latin qui qualifie quelqu’un qui se retrousse les manches, et pour cause: il ne fallait pas les approcher du feu...

Mettons tout de suite les choses au point: malgré un son proche, les Lefebvre n’ont rien à voir avec les fèves, puisqu’ici la lettre ‘r’ est indispensable et ne peut renvoyer qu’au terme latin ‘faber’, qui évoque ‘celui qui fait’, même racine pour le verbe ‘faire’ en français. Pas question donc de se passer de ce ‘r’. Quant au ‘b’, présent ou pas selon la version du nom, il se transforme très normalement en accent grave pour donner parfois Lefèvre (orthographe Utile, comme on dit à Nantes*), mais le sens est identique. Voilà pour les petits détails strictement techniques. Voyons maintenant l’histoire.

Elle commence donc chez les romains, avec un sens très général de faire (quelque chose, évidemment). Faire quoi? Travailler, en général de ses mains, créer, autrement dit fab-riquer (même racine, encore), ce qui permettra de nommer l’endroit où l’on travaille, la ‘fabrica’ (en latin puis en italien), ainsi que la fabrique en français. Une fabrique qui pourra plus tard devenir ‘usine’ dans une dimension plus industrielle. Or, avant de représenter un hangar d’assemblage de boites de vitesses à Poissy, la ‘fabrica’ latine va se spécialiser pour désigner l’atelier où officie le personnage le plus important du village ou du quartier, à savoir celui qui travaille le fer, d’où le sens spécifique de ‘forge’.

Quelques siècles plus tard, les descendants de ce valeureux manieur de marteau s’appelleront donc les Forge, Laf(f)orge, Desforges, mais aussi (version gasconne) les Farge, Lafarge (on passe du fer au ciment), sans compter tous les endroits où il y avait une ou des forges, les Fargues de ceci ou de cela, qui donneront autant de noms de communes. SI l’on reste sur la forme ‘fèbre’ ou ‘fèvre’, cela donnera précisément les Le-febvre, parfois au pluriel comme Lefebvres, après ‘agglutination’ de l’article ‘le’ avec le substantif qui suit, ce qui rend encore plus claire la dénomination de l’artisan en question. En partant de la même racine latine, on comprend alors qu’il faut rajouter à cette famille les Fabre (version la plus proche de l’étymon, le mot originel), ainsi que les Fabret et les Fab(b)ri, mais aussi les Faure, Fauré, Faurichon, Lefaure et autres composés, car…

Autres avatars de ce mot brûlant: étant donné qu’en latin la lettre V n’existait pas (c’était la graphie -l’écriture- du U), il y a, comme dans plusieurs autres mots de la langue française, une sorte d’équivoque qui fait qu’on a créé, sur la forme Lefebvre, le nom de Lefébure (comme le mannequin Nivéa, Estelle, ex-Mme David Halliday), qui a donc une origine strictement identique.Quant à la version Faure, en zone occitane, elle subit une transformation tout à fait classique de l’initiale, le ‘f’ devenant un ‘h’ (fortement) aspiré, ce qui explique la naissance des familles Haure et Hauries, très présentes en Pyrénées par exemple.

D’ailleurs, de l’autre côté de la frontière, le ‘h’ est bel et bien resté dans l’appellation du forgeron espagnol, en l’occurrence…Herrero, issu d’une très ancienne forme bas-latine…’Ferrero’ (rien à voir avec les rochers quoi qu’en dise l’ambassadeur). D’ailleurs, de nos jours, il paraît que les Herrero sont davantage tournés vers le rugby que le fer forgé, même s’ils ont parfois les mains comme des enclumes…Mais, puisqu’on a mentionné les variantes méditerranéennes du mot, rappelons enfin que les saxons (germains, puis anglo-) vont choisir une autre racine pour faire du forgeron les Schmit(dt) allemands, ou les Smith anglais ou américains. Justement, dans un film de Frank Capra de 1939 interprété par James Stewart, «Mr Smith (allait) au Sénat»; on suppose que Frédéric préfèrerait cette direction plutôt que celle de la forge.

(*) pardon aux non-nantais ou amateurs de biscuits pour l’allusion: l’origine de la marque LU est tout simplement le résultat d’un mariage entre un certain M.Lefebvre et une Mlle Utile, lesquels ont…fabriqué l’entreprise que vous connaissez.


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Un commentaire au sujet de Lefebvre (Frédéric)

  1. En Belgique, le nom s’est transformé en Lefever, Lefevere, Defever (mon nom), Defevere…

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