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Bayonne (64)

Dans le cadre de notre derby basque, nous parlons aujourd’hui d’une (autre) ville à risque(s) – voir Biarritz-, et ce pour plusieurs raisons: d’une part, parce qu’on risque de s’y faire embrocher; ensuite, ensuite parce qu’on risque d’y prendre du poids (en mangeant du…chocolat, dont Bayonne fut la capitale pendant des siècles), et enfin parce qu’on risque subir les passes d’armes d’étymologistes assez peu d’accord entre eux. Tout cela, étymologiquement bien sûr!

On s’en tient donc à la version « basique »: Bayonne tient son nom de deux mots basques, « (i)baï » et « ona », qu’on peut traduire par « la bonne (ona) + (i)baïa, au sens de port, voire rivière », donc le « bon-port », le port accueillant, probablement l’estuaire de l’Adour, déjà fort apprécié des Vikings dit-on, qui voulurent en faire un point d’entrée en Europe à travers les Pyrénées, évitant ainsi les Sarrazins en « poste » à Gibraltar.

Ce qui a fait dire à certains que Bayonne pourrait être la déformation de « Björn-ham », le port de Bjorg en germain, hypothèse qui donne à certains historiens l’envie d’embrocher son auteur…Nous nous en tiendrons donc à signaler l’ancien nom (latin) de la ville, qui est Lapurdum, le premier camp romain installé sur les rives de l’Adour, formé de deux mots, lapurra + dun, mélange basco-celte qui signifierait « le désert profond , ou en contrebas »…Comprenne qui pourra!

En latin, le mot a pris le sens, tout bêtement, « fortification », ce qui décrit assez bien un camp romain. Quoi qu’il en soit, c’est ce « Lapurdum » qui deviendra plus tard « Labourdum », puis…Labour(d), nom de la province basque dont Bayonne est la capitale.

Mais Bayonne est mondialement connu pour…ses mousquets à canivet, armes dont les premiers modèles furent fabriqués sous le nom…de baïonnettes (ou bayonnettes!). Quant au fameux « jambon de Bayonne », dont parlait déjà Rabelais au 16è siècle, il n’est pas à proprement parler fabriqué à Bayonne mais dans tout le bassin de l’Adour, Pays Basque « intérieur », Chalosse et Béarn compris. Car, si ce jambon est dit « de Bayonne », c’est que c’est un « jambon de Soule » comme on disait au 17è siècle, et qu’il est exporté à l’époque depuis le port de Bayonne, tout simplement.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que de nos jours, un certain nombre de bayonnais célèbres sont dans les media (*), dont Mac Lesggy (animateur d’M6), Christophe Hondelatte (journaliste à France Télévision), le chanteur Francis Lalanne (baillonné, vraiment?) ou encore, au 18è siècle, l’actrice Marguerite Brunet, plus connue sous le nom de La Montensier, toutes personnalités célèbres et descendant d’ancêtres valeureux qui ont toujours repoussé les invasions, d’où la devise de Bayonne « Nunquam polluta » (en latin), soit « Jamais Souillée »!

(*) media sans accent et sans « s », car ce mot latin (que l’on accentue donc pas) est déjà le pluriel de…medium. Donc on n’écrit pas « medias » (enfin, théoriquement).


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7 commentaires au sujet de Bayonne (64)

  1. Bonjour.
    Je voulais savoir, quel est le nom latin de Bayonne ?
    Merci et au revoir !

    PS : ce site est vraiment bien !

  2. Premier point : Bayonne pas plus que Biarritz n’ont jamais été des ports basques. La cote basque historique s’étend de Bidart a Fontarabie. Pour preuve, aucun des vingt récifs qui protègent la plage du Hart de Biarritz ne porte de nom basque. Ils portent tous des noms gascons. Par ailleurs, et pour enfoncer le clou, il existait a Biarritz deux communautés. L’une composée d’agriculteurs située autour de l’église, 2 km dans les terres, l’autre, celle des chasseurs de baleine, sur le port du Hart. La première était basque, la seconde (la Biarrote) était gasconne.

    Deuxième point : Biarritz, anciennement Bearis est a rapprocher de Beyris un quartier de Bayonne. Ce n’est pas non plus un nom basque. Ceux qui veulent voir dans Biarritz un nom basque ne font que de la paronymie sans se soucier de l’Histoire. Or la toponymie doit rester une science annexe de l’Histoire.

    Troisième point : Bayonne est a rapprocher de Bayon sur Gironde, qui comme le souligne Michel Morvan est un nom germanique se référant a un certain « Baio » (seul le manque de connaissances historiques lui permet d’ignorer Bjorn). Pas plus que Biarritz et pour les mêmes raisons, Bayonne est un nom basque.

    Quatrième point : avant les invasions vikings Bayonne était une ville de garnison de fondation romaine se nommant Lapurdum. A l’issue des invasions scandinaves (apparition du nom au 11e siècle), Bayonne est devenu un prospère port de commerce tourne vers l’Europe du Nord. Ce miracle identitaire est-il le fait d’agriculteurs basques venus de leur montagne ou d’un peuple de marins commerçants passes par la entre 840 et l’an Mil ? On n’a pas de textes évoquant une descente basque, par contre, on a des textes évoquant une présence scandinave.

    Cinquième point : Bjorn ou Biarn vainquit Charles le Chauve. Les Francs le nommaient Bier (Bjorn, Bier, Bear, Baer=ours). Beyris et Bearis correspondraient a Bierhus et Bearhus, la demeure de Bjorn.

    Au regard de ces faits bien plus consistants que les spéculations phonétiques basquisantes, on comprend que certains veuillent m’écorcher vif. C’est malheureusement la seule manière pour eux d’imposer une vision complètement idéologique de leur histoire rêvée.

    Certains vont rejeter avec mépris ce que j’écris, mais beaucoup d’autres vont commencer a se poser des questions sur des éléments de leur culture (maritime, technique, politique ou folklorique) qui les rapprochent des peuples du nord.

    Enfin, Il semblerait qu’un juge de paix soit apparu ces dernières années. La génétique. Le peu de retour que j’en ai semble mettre a mal mes détracteurs.

    Je vous souhaite une bonne journée,
    JS

  3. Merci de cette abondance de précisions, d’hypothèses, et de commentaires (malheureusement non signés). Beaucoup de détails sont intéressants, mais tout à fait contestables, ou, pour être plus modéré, discutables (étymologiquement: dont on peut discuter; courtoisement s’entend), la hiérarchie supposée entre ‘sciences’ n’étant souvent (la preuve) que des théories apportant à tous la richesse de diverses recherches.
    Merci à nouveau de votre lecture attentive et de votre fidélité. Dominique

  4. Bonjour !

    Pour Baiona/Bayonne. Je voudrais donner quelques précisions, étant un fanatique d’Histoire (j’ai travaillé avec archéologues et linguistes et j’ai un temps travaillé par le biais de l’Histoire vivante sur les proto-basques) :

    BAYONNE/BAIONA

    – Nom antique : Lapurdi (en latin « Lapurdum »), qui signifiait en proto-basque : plateau de défrichement (et plus exactement « plat(s) des brûlis »), dans la même idée que Elli/Illi/Iri/Hiri. C’est à dire « là où l’Homme s’est implanté » à contrario des lieux où la nature avait encore toute sa place.

    – Elle donnera son nom à sa province, Lapurdi (Labourd en Français) qui fut sans doute crée sous Sanche III le Grand, roi de Navarre, qui avait sous son contrôle toutes les régions d’origines euskariennes : les 7 provinces du Pays Basque actuel, sans oublié la Gascogne (à l’époque Vasconie, plus une alliance qu’une possession du Roi), l’Aragon etc …
    La ville prend alors le nom de « Baiona », nom basque signifiant certainement « hauteur des cours d’eau » et non « le bon fleuve » comme on pourrait le croire au premier abord.

    – Capitale originelle et historique du Labourd, elle devient le port officiel d’Irunea (Pampelune) lorsque les provinces basques de l’Ouest (Bizkaia, Gipuzkoa et Araba) seront sous le contrôle de la Castille. Le Labourd faisant toujours parti du royaume de Navarre.

    – Elle perd son titre de capitale labourdine en 1174 lorsque Richard 1er (futur coeur de lion) fut contraint d’assiéger Bayonne pour affermir le droit des Plantagenêt (c’est à dire de la couronne britannique) sur la région. Il prend la ville en dix jours. Le vicomte du Labourd qui a pris part à la révolte est contraint de se réfugier au château de la Motte (emplacement de la mairie actuelle d’Uztaritze). Dès lors, et jusqu’en 1790, Uztaritze devient la « capitale » du Labourd (laissée par les Britanniques car plus facile à prendre en cas de nouvelle révolte), avant que la révolution française ne redonne son titre à Baiona ! Par ailleurs, les Vicomtes du Labourd disparaissent avec la prise de Bayonne.
    Pendant toutes ces années Baiona eut un statut juridique à part, elle était autonome en quelque sorte, ne faisant ni partie du Labourd ni de la Gascogne. Pourtant dans les écrits d’époque, et malgré le fait qu’elle se mette de plus en plus à parler Gascon* (carrefour commercial et culturel, de plus sous Richard 1er, tous les produits gascons, jusqu’à Bordeaux, étaient expédiés sur les îles Britanniques par le bais de son port (ce qui lui a permis de se mettre les Labourdins de Bayonne de son côté en les enrichissant malgré le fait qu’il les prive de leur territoire)), elle fut toujours considérée, dans les sources historiques, comme la capitale Labourdine et les plus hautes décisions juridiques concernant les Labourdins étaient encore prise au sein de ses remparts.
    C’est à partir du XVIII siècle que l’euskara renaîtra de ses cendres dans cette ville historique d’Euskal Herri.

    Baiona est également célèbre pour sa cathédrale Sainte-Marie de Labourd ou Notre Dame du Labourd, noms exacts de cette dernière. Elle se situe sur le Haut de la colline qui domine le confluent d’Errobi/Nive et de l’Aturri/Adour.

    _________________________________________

    *On dira même de Bayonne : « une ville peuplée de Basque dont la langue majoritaire est le gascon ! »

    – Que ce soit sous la couronne britannique ou française, Baiona restera le port privilégié par les Basques navarrais (Pampelune) pour expédier leurs produits

    On retrouve parfois cette question avec Anglet. Ce qui est encore plus surprenant historiquement puisqu’Anglet a toujours fait parti du BILTZAR du Labourd. La langue n’a jamais était un soucis dans cette assemblée. En effet, Anglet fut le jardin des Bayonnais. Le Gascon, alors devenu dominant à Bayonne, s’installe petit à petit dans cette bourgade. Malgré cela, les habitants seront toujours tourné vers le Labourd et ont toujours été intégrés au mythique BILTZAR (vieille assemblée).
    La gasconisation d’Anglet et Biarritz est relativement récente (plus superficielles et moins durables que celle de Bayonne,on pourrait évoquer aussi celles de Pasaia/Pasajaes et Donostia/Saint-Sebastien au Moyen Age).

    Bonne continuation :)

  5. Plusieurs commentaires m’invitent à formuler trois remarques.

    Bayonne Basque ou Gascon ? La querelle est vaine et stérile puisque le toponyme est probablement contemporain de l’époque ou toute l’aquitaine parlait des langues ‘’bascoïdes’’. Le Gascon tenant par la suite sont particularisme justement des vestiges basques de sa structure et de son vocabulaire. Ne trouve-t-on pas de Bisca-osse jusque très loin au nord ?

    Deuxième point ; j’ai toujours été intrigué par l’abondance de noms de cours d’eau français se terminant par le suffixe ‘’on’’ ou ‘’onne’’ de phonétique identique.
    Essonne, Garonne, Dordogne, Yonne, Barguelogne (Dordogne) Boutonne (Charente), Chalaronne (Saône), l’Orne, etc…. Bayonne ne pourrait-il pas s’ajouter à cette liste ?.
    D’ailleurs, très naturellement le nom de Bayonne a été donné à une rivière canadienne. (La rivière Bayonne est un tributaire du fleuve Saint-Laurent)

    Troisième point. Toute proposition étymologique devrait intégrer la Baiona ville de la province de Pontevedra en Galice.

  6. milesker ainitz

  7. … »Merci beaucoup » (en version française). Merci à tous ceux qui ont apporté des informations complémentaires, intéressantes et ouvertes au(x) débat(s).

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