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Montcuq (46)

Une grande chaine de télévision vient de sacrifier à l’information dominicale en rendant compte d’un « événement » selon elle incontournable: la rencontre des (quelques) maires des communes les plus mal loties de France, tout du moins d’un point de vue onomastique. En effet, quand on s’occupe d’une ville qui s’appelle Corps-Nuds (le lieu du rassemblement), comment ne pas profiter d’un certain sens de la dérision pour faire parler de soi, tout comme Bouzillé, ou le désormais (trop) célèbre Montcuq, objet de sketches depuis plusieurs années.

Or, si la chaine en question jubile de faire prononcer à sa présentatrice ces noms avec gourmandise, elle n’explique en rien (évidemment, on est à la télévision, vous ne voudriez pas non plus apprendre quelque chose) la véritable étymologie des (souvent) infortunées communes concernées (d’où sans doute l’idée de se faire de l’argent avec son nom?).

Commençons par Montcuq, terme d’origine occitane, que le parisien moyen prend soin de bien prononcer « à la française », dans un pointu « Moncul », histoire de bien marquer son ignorance. Pour une fois, en effet, la prononciation « à la gasconne » serait de grande utilité, puisqu’il s’agit en fait de « mont-kuk ».

La première racine « mont » n’a rien à voir avec l’adjectif possessif « mon », ce qui, déjà, dé..monte le jeu de mots. Il s’agit tout simplement du mot latin « montis », qui signifie une colline, et que l’on retrouve dans des dizaines de noms de villes (de Montauban à Mont-de-Marsan en passant par Montpellier ou Montesquieu -si, si, c’est une commune, avant d’être un nom propre!), bref voyez les explications détaillées dans les pages « villes » de ce site. Dès lors, pour en finir avec la prononciation, si l’on disait « montt »cuq, ce serait déjà pas mal. Encore qu’il y en aurait sans doute qui trouveraient le moyen de bien prononcer « monte-cul », ce qui serait peut-être pis.

Seconde racine, « kuk », avec une orthographe très antérieure au latin cette fois, qui évoque, plus de mille ans avec les Romains, un terme d’influence celtique, dit « indo-européen », pour (beaucoup) simplifier. Coup du sort, ce « kuk », ré-écrit « cuq » en français actuel, désigne…une hauteur ou un surplomb!

Mont-cuq est donc en quelque sorte un pléonasme, à tout le moins une redondance, pour caractériser un endroit élevé, un promontoire sur lequel s’est installé un peuple qui a fondé une cité, qui a pris le (sur)nom de la particularité  topographique du lieu. En clair, Montcuq s’appelle ainsi parce qu’il y a plusieurs siècles (entre quinze et vingt au bas mot), un hameau s’est construit, habité par des celtes et/ou des romains. C..Q..FD.

Voilà qui éclaire sous un jour différent cette histoire de « cuq », en prononçant bien la lettre finale donc, et qui définit la commune du Lot (ce qu’était bien incapable de préciser la présentatrice en question). Même raisonnement, mais avec une inversion des racines, pour Cocumont, en Lot & Garonne cette fois, qui n’a donc rien à voir avec « mon-cocu », mais avec les mêmes termes « kuk/kok-mont », le « u » n’étant là que pour faire liaison entre les syllabes, de façon malencontreuse sans doute, mais telle n’était pas la préoccupation des habitants de la région quelques siècles avant Jésus-Christ!

On peut même rajouter le village de Couquèques, en Gironde (on reste donc dans la zone du Sud), transcription francisée d’une sorte de « kuk-kuk » avec un effet phonétique cette fois, toujours dans le sens d’un « sommet, ou de la  » tête d’un relief ». En conclusion,vous l’avez compris, en étymologie, parler de « kuk », c’est toujours prendre de la hauteur!


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6 commentaires au sujet de Montcuq (46)

  1. Bravo pour avoir redonner ses lettres de noblesses à Montcuq.
    Merci beaucoup.

  2. bonjour,
    je suis jeune historien à roly (Belgique) et nous avons un lieu dit appelé Cumont (inverse de montcu). L’explication étymologique que je propose est un tout petit peu différente de la votre:

    cu viendrait de « kuk », racine pré-celtique signifiant arrondi, aplani
    et mont signifie colline « montis ».
    Ce ne serait donc pas une redondance mais simplement signifie: colline au sommet arrondi, applani.
    Cette traduction se confirme parfaitement dans mon village avec ce lieu dit désignant une colline au dessus de laquelle se trouve « le plateau » qui est une esplanade.
    Voilà ce que je sais à ce sujet. J’espère que cela pourra vous aider;
    MEULENYZeR MICHAEL

  3. Mon grand père était gendarme à Montcuq et mon père y fut subdivisionnaire des ponts et chaussées. Six de mes frères et sœurs y sont nés. Mon père disait que le nom venait de l’occitan « Mont-cocut », le mont des coucous. Il ne s’agit pas de l’oiseau mais de la primevère, nommée coco ou cocut. Moins plausible que Mont-kuk mais plus joli…

  4. Vous avez raison, merci d’avoir apporté cette touche botanique et poétique; étymologiquement, elle ne se justifie pas beaucoup en raison de la grande dissémination de cette fleur (ailleurs en plaine ou au bord des cours d’eau, donc plus de ‘kuk!)…Mais je me demande si la fleur en question n’est pas, en Sud-Ouest, cette petite corolle jaune (pas une jonquille) que l’on appelle aussi…’coucou'(!), et pas la pâquerette? Le débat est ouvert!

  5. Oui, tout à fait, Dominique. Si la traduction de l’occitan « cocut » donne jonquille, mon père parlait de petites fleurs blanches comme des pâquerettes ou de gros myosotis blancs, effectivement.

  6. Montcuq se prononce ,en français ,MonKüKK, et, en occitan non pas en « gascon » (l’Occitan d’entre Garonne et Pyrénées) mais en occitan languedocien ,et ici donc « Carcinol » (du Pays de Càrci,accent tonique sur « Cà », »R » roulé apical, ou « Quercy ») se dit Mounnkükk; et chez certains locuteurs occitanophones du pays de Montcuq( du Boulvé)  » Mounn Kütt ». La forme occitane ,seule authentique ,et médiévale était Moncuc, d’où le nom de famille Montcouquiol » qui nous enseigne que la prononciation médiévale était « Moncouc » devenu « Mounncuc au 16ème siècle (Cf Charte des Coutumes de Montcuq rédigée en 1463, version de 1607, bulletin de l’Ecole des Chartes ,1862). Les habitants, du moins autochtones, sont donc ,selon les règles de l’occitan, les Mountcuquiols b(et prononcez bien « Mounncukyollss », comme disaient les instits de jadis à leurs élèves: « vous êtes dans un pays où toutess léss lettress se prononnceunntt »…

    Pour ce qui est de l’étymologie, les ouvrages savants et exacts ne manquent pas. Nouvel (Noms de Lieux Témoins de Notre Histoire), Dauzat et Rostaing, toponymie Française, Billy, Toponymie de la France, B.et J-J.Fénié: Toponymie occitane. Mont est une forme pré-indo-européenne passée en latin, et dont on trouve l’équivalent de forme et de sens en basque (Méndi), en langues dravidiennes de l’Inde (Munda)…De même « Cuq » est bien plus vieux. C’est une forme commune aux langues, au substrat paléo-linguistiques pré-indo-européens :l’Ouralo-altaïque des chasseurs-cueilleurs paléolithique et le Méditerranéen à foyer proche-oriental des premiers paysans du Néolithique en Bassin Aquitain…

    Les Archives départementales du Lot conservent ,déposés par feu M°Gaston Courbès les registres desnotaires de Montcuqd’Ancien Régime ,aux actes rédigés en Occitan et en Latin avant 1540 ,en Français après l’Edit de Villers -Cotterêts de 1539. Ces actes sont pleins, bourrés d’enseignements sur l’Occitan parlé à Montcuq au Moyen-Age et nous montrent que, encore vers 1470/80 on conservait à Montcuq le souvenir des temps anciens, ceux des origines, quand le site ne portait que le nom de Cuq auquel les Comtes de Toulouse et Quercy ,seigneurs du lieu ajoutèrent le « titre » de Mont qu’ils donnaient aux lieux sièges de leurs pouvoirs locaux, lieux choisis toujours en raison de la prégnance d’un sacré bien antérieur au christianisme, cas de Montcuq où la primitive et disparue église St-Sernin et les recherches d’historiens de l’Aquitaine gallo-romaine tardo-antique et médiévale, montrent que ce lieu était encore plein vers 1450 donc encore plus auparavant de la mémoire de mythes et de rites antérieurs et étrangers au christianisme…

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