Le site qui vous aide à comprendre le vrai sens de votre patronyme

Luxembourg (Palais du)

Ou…élections sénatoriales, la suite. Car le Sénat siège au ‘Palais du Luxembourg’, quartier très prisé des parisien(ne)s, mais assez inattendu dans cet arrondissement de Paris: quel rapport avec le Grand-Duché, et y-en-a-t-il seulement un? Pour retrouver la bonne allée (du Jardin) qui conduit aux salles de réunion, il faut remonter loin dans le temps, et donc forcément dans l’étymologie.

Et pourtant, l’histoire commence bien au temps des Romains, ou plutôt des Francs (quelques décennies plus tard), sur un promontoire rocheux (l’actuelle situation de Luxembourg), où l’on construit une place forte, idéalement placée pour surveiller la vallée et donner du fil d’escalade à retordre à d’éventuels assaillants. Comme il n’y a pas la place de s’étaler sur des hectares en haut du piton rocheux, on va l’appeller ‘la petite forteresse’, autrement dit ‘Lucilinburhuc’ (en v.o latino-saxonne). Quelques passages linguistiques plus tard, le mot est devenu ‘Lützelburg’ (le petit château-fort, en germain) ou ‘Lëtzebuerg’ dans le dialecte local actuel; on devine aisément la transmission phonétique vers le ‘Luxembourg’ francophone. La première syllabe est donc l’adaptation de ‘lütz’ en ‘luxe-‘, rien à voir avec le monde de l’argent (encore que…)

La présence du mot sur les berges de la capitale française est due à un certain François de Piney, par ailleurs ‘duc de Luxembourg’ (ce qui ne signifiait pas à l’époque qu’il y eût jamais mis les pieds, puisque le titre pouvait se transmettre, parmi d’autres, par alliance familiale); on est alors dans les années 1550. Cinquante ans plus tard, la reine (régente) Marie de Médicis rachète le corps principal de l’hôtel particulier construit par ‘M.de Luxembourg’, fait bâtir de nouveaux appartements et s’installe dans ce qui deviendra un jour le siège de notre Sénat.

Or, avant même les vélléités immobilières du duc de Luxembourg, il existait déjà à cet emplacement, dès le 10è siècle, un château alors entouré de bois et forêts (ou donnant sur une sortie sud-ouest de Paris directement sur la campagne, ce qui semble plus probable). En foi de quoi, le château en question, situé dans -ou à l’entrée- d’une ‘vallée verte’, s’est appelé ‘Val-vert’, puis Vauvert, avec la vocalisation traditionnelle (la transformation du L en U). Le mot a subsisté dans l’unique et énigmatique expression française du ‘Diable Vauvert’, où l’on expédie son contradicteur avant de l’envoyer chez les Grecs (c’est plus loin, et Air France est toujours en grève).

Mais y avait-il vraiment un ‘diable’ à Vauvert? Difficile de le savoir. La légende dit évidemment beaucoup de choses, depuis le caractère violent de son châtelain (who knows?) jusqu’à l’inévitable ‘fantôme’ local…Autre hypothèse, plus terre-à-terre: en prenant l’expression au sens figuré (envoyer au diable = envoyer aussi loin que l’Enfer, donc disparaître on ne sait où), le ‘diable vauvert’ peut très bien avoir été, dans le langage courant, le simple synonyme de ‘très loin’; plus tard, on parlera de Tombouctou, de la Sibérie, du Kamchatka et autres Antipodes!

Le plus surprenant est qu’à cause de tout ça, il y eut une rue d’Enfer non loin du château futur Luxembourg, et qu’elle donna son nom à tout un quartier après une ultime opération d’orthographe: D(‘)Enfer(t)-Rochereau! Ce qui explique peut-être que nos sénateurs se démènent parfois comme de beaux diables; en tout cas étymologiquement.


N'hésitez pas à soutenir ce site ! Il vous est possible de faire un don libre pour assurer un contenu régulier et sans publicité. Votre participation serait grandement appréciée !

 
 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.