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Mali, Bamako

Actualité pauvre ou pauvre actualité, du moins dans le domaine étymologique. Si vous avez lu ou relu toutes les chroniques concernant les hommes (et femmes) politiques en vue en ce moment, nous reste donc aujourd’hui le coup d’état au Mali. Après le Sénégal, voici quelques repères linguistiques pour prendre conscience que, oui, les pays ont un nom, et qu’il n’est pas non plus dû au hasard…

Nous sommes donc en Afrique, continent dont la quasi-majorité des nations portent un nom décidé par les envahisseurs (pardon, les colons). Sous influence -linguistique- française, c’est le cas des «régions» comme l’Algér-ie, la Tunis-ie, la Mauritan-ie, la Soma-lie, ou même la Namibie etc…mots fabriqués comme la Normandie ou la Picardie. Plus simple encore: la Cöte d’Ivoire, comme il y a la Côte d’Azur ou la Côte d’Opale, l’explication est dans le nom…Les pays anglophones, eux, vont écoper d’un «a» final caractéristique, comme le Nigeria (le «pays des nègres», le Libéria («le pays des esclaves affranchis, donc libres»). Et puis enfin, il y a les noms issus de la (ou les) langue(s) locale(s), comme Maroc, Kenya, Ouganda, Rwanda, Congo, Burundi, Malawi, ou…Mali.

Et le processus fonctionne en Afrique comme dans d’autres zones géographiques: on va surnommer un endroit en fonction des caractères de sa végétation, de son peuple, ou des animaux qui y vivent, et c’est le cas du Mali. En langue bambara (l’une des plus grandes de la région à l’époque d’un Empire de plusieurs siècles), mali signifie l’hippopotame…On imagine aisément que l’imposant animal soufflant dans la boue des fleuves soit devenu la ‘bête noire’ (justement) des paysans: contrairement à l’image souriante et édentée qu’en ont fait les dessins animés occidentaux, en Afrique, l’hippopotame est redouté car potientiellement dangereux, à cause de son caractère changeant et de son poids imposant. Le mot français vient, lui, de deux racines grecques ‘hippo’, le cheval, comme dans hippodrome, le champ (où courent) des chevaux + potame, le fleuve. Un mali, c’est donc un cheval du fleuve, à la crinière nettement rachitique et aux flancs plutôt rebondis.

Logiquement, le nom de la capitale, Bamako, appartient au même dialecte, et évoque le «marigot du caïman», autre animal emblématique de cette zone. Caïman, mot espagnol emprunté aux Caraïbes, n’est pas crocodile, qui désigne à l’origine des lézards (très protéinés!) qui vivaient dans le Nil. ‘Croco-deilos’, en grec, désigne la peau (deilos) de couleur jaunâtre, teinte première des gros lézards en question; ‘croco-‘ = jaune, adjectif qui a également permis de nommer la poudre jaune d’une fleur très particulière: le safran, issu du…crocus! Le crocodile, c’est donc le gros lézard jaune à la peau couleur du crocus

L’autre mot dont l’idée est contenue dans Bamako, le marigot, concerne bien sûr un endroit humide où stagnent des eaux. Par contre, si le terme est largement répandu dans toute l’Afrique, il est facilement assimilé en français au «caniveau» (peut-être par simple ressemblance phonétique?). Surprise: le premier à avoir ‘inventé’ ce terme africain est bien un français, et pas n’importe lequel: il s’agit de l’historien et homme d’église Antoine François Prévost, dit l’Abbé Prévost, qui le cite en 1755 dans son désormais fameux roman «l’Histoire du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut», souvent résumé à la seconde partie du titre. Par contre, on ne sait pas d’où il a pu sortir ce terme, et sans doute pas du marigot.


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