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Mali (et autres territoires)

Sans aucun doute, le mot de l’actualité est à nouveau celui de ce pays africain, petit mot simple (c’est plus facile qu’Ouzbekistan) qui, comme tous les noms de lieux du monde, s’appuie sur une caractéristique du terrain, de la végétation, des gens qui y habitent ou des animaux qui le fréquentent. Le procédé onomastique est particulièrement vrai pour l’Afrique, dont la majorité des sites ont une étymologie locale, issue de dialectes indigènes. En effet, à part quelques surnoms apportés par les étrangers (le français, pour la Côte d’Ivoire; le portugais, pour le Cameroun (1), les toponymes africains ont souvent la sonorité et la brièveté des dialectes locaux (Togo, Niger, Ghana, Rwanda, Soudan, et donc…Mali).

Autre caractéristique générale de ce continent, le ‘découpage’ totalement arbitraire hérité d’une colonisation qui a négocié à grands coups d’équerre les frontières de royaumes ancestraux, semant ainsi un peu partour les germes de futures révolutions, pour ne pas dire génocides…Il faut donc considérer les pays actuels comme des zones autrefois beaucoup plus vastes; c’est le cas de l’ex-royaume-ex-empire du Mali, qui vécut son apogée quasiment cinq siècles avant les ambitions napoléoniennes! Dans cette partie du sud-Sahel circulent plusieurs langues (2), dont le soninké, le peulh, le malinké, le wolof -tous largement partagés avec le Sénégal ou le Burkina Fasso, entre autres- mais la plus répandue est le bambara, dans laquelle le ‘mali’ désigne un hippopotame.

C’est une légende qui serait à l’origine de ce nom, à cause de la noyade du chef fondateur du pays, disparu dans les eaux du Sankarani. On se dispute encore pour savoir si l’image correspond à la ‘déification’ du personnage, désormais locataire du fleuve pour l’éternité, ou s’il s’agit de l’intervention sauvage de l’animal dévorant l’ancêtre…Même démarche pour le nom de la capitale Bamako, qui signifie ‘le marigot (le ruisseau) du caïman (3)’. On espère que les occupants des rues de la ville ont changé. Mais dans un cas comme dans l’autre, on voit l’importance du symbole de la présence animale pour caractériser un lieu…Ne croyez pas que c’est là une tradition de ‘sauvages’: pensez à tous les St-Loup et autre Les Renardières de nos campagnes!

A côté de la légende, on dispose d’une autre origine possible (toujours très difficile à prouver dans les cultures africaines) qui remonte à l’époque de cet empire: les habitants -sédentaires- appelaient alors leur pays ‘Manden’; or, le territoire était régulièrement traversé par une ethnie venue de l’ouest, les Peulhs, qui appréciait particulièrement la richesse (agricole) du lieu; ils l’avaient donc baptisée ‘(le pays de) la chance’, à savoir ‘malinké’, dans leur langue. Ils considéraient donc les autochtones commes des ‘gens qui ont la chance’ (d’avoir ce territoire) et décidèrent de s’entendre avec eux pour y habiter. ‘Mali’ devint donc le mot pour évoquer un accord entre les peuples, symbole de félicité et de réussite. Comme quoi, les choses peuvent radicalement changer…

Puisqu’ils ont été cités, profitons-en pour rapidement donner les définitions originelles de quelques autres territoires, dont ‘le pays des hommes qui se tiennent droit’ (physiquement ou moralement?), à savoir le Burkina Fasso, par définition donc exempt de corruption. Avant le coup d’état de 1984, on disait la Haute-Volta, d’après le nom du fleuve Volta, lui-même baptisé par les chercheurs d’or portugais dont les bateaux faisaient demi-tour (volta!) à cette hauteur.

Encore du portugais, dans le nom réinterprété de la tribu berbère installée sur la côte atlantique, les Zenaga, devenus Sénégal…Par contre, on a respecté le nom d’un autre village côtier plus au sud, qui se dit ‘(le village) qui est à côté de l’eau’, soit To-go…Tout près de là, le moins bien loti est ‘le territoire des disputes’, qui se dit ‘ile-ibinu’ en yoruba, expression abrégée en ‘binu’, puis Bénin…Et que dire du (sur)nom le plus attendu sur ce continent qui est ‘le territoire des Noirs’, puisqu’il s’agit non pas du Niger (nigger, nègre en anglais), mais du Soudan, formé sur l’arabe ‘(bilad) as-sudan’, la terre des noirs. Le Niger, lui, vient paradoxalement du touareg ‘N’ighir’, qui veut dire les eaux qui coulent. Ce qui nous ramène ainsi du côté du Mali, au moins géographiquement!

(1) taper le nom de ce pays, pour en retrouver l’explication dans la chronique consacrée à Yannick Noah.
(2) Langues, dialectes, vaste débat (de spécialistes)
(3) pour en savoir plus sur ce marigot du caïman, croiser cette chronique avec celle de mars 2012 (coup d’état) en tapant ‘Mali, Bamako’


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