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Matignon (Hôtel)

Décidément, les voyages ne réussissent pas aux équipes de ‘Matignon’, celles du ministère premier et récemment amer d’avoir réservé un Airbus privé pour gagner deux heures de vol et cinquante ou soixante coussins moelleux; quelques jours auparavant, il avait été moins risqué (y sont-ils allés en train?) de faire de Cahors le centre -très temporaire- du pouvoir exécutif national en y transportant les fauteuils (et les fesses) de nos gouvernants, forcément mieux…lotis sur les bords de la rivière homophone (1). Où il est dit que Matignon ne vient pas, mais pas du tout, du 7ème arrondissement de Paris.

L’origine de cet hôtel (très) particulier qui deviendra le siège des gouvernements de notre époque moderne date du début du 18ème siècle; ça, c’est pour la chronologie, mais on n’est pas là pour parler architecture ou histoire; côté étymologie, vous trouverez assez souvent qu’il s’agit d’un mot de provenance…bretonne, ce qui a l’air assez surprenant au premier abord.

En fait, Matignon est le patronyme d’une famille qui existe depuis le 13ème siècle et dont on trouve plusieurs mentions, il est vrai, en Côtes d’Amor ex-du Nord mais aussi dans l’Orne, en Charente et jusque dans les Landes; il s’agit donc d’un toponyme, le surnom d’une cité créée et/ou administrée par un cadre romain lors de l’Occupation par les armées de Jules.

Et donc si le boss du moment s’était appelé Mattinus, ou mieux Mattinius (afin de récupérer le son ‘gn’ grâce au ‘i’) cela nous ferait une belle racine tout à fait adéquate pour transformer ce ‘Mattinionum’, le domaine de Mattinius, en futur Matignon dans le français moderne. Attention, ni martin, ni mâtin, vous allez voir pourquoi, mais suffisamment répandu pour laisser des traces jusqu’en Pyrénées (aussi bien Atlantiques qu’Orientales sous la forme catalane de Matinyo).

S’il ne s’agit pas du futur nom de l’Evêque de Tours (Saint Martin, lui aussi ex-militaire romain qui recevra un jour un coup de casque sur la tête qui le fera changer d’avis), il ne faut surtout pas confondre non plus avec le ‘mâtin’ à circonflexe! Ce dernier vient de la transformation d’un verbe latin (manere) qui signifie rester, demeurer; jusque là, tout va bien. Notez juste que, parmi les différentes formes que prendra plus tard cette racine, on trouve les termes de ‘mansion’ (celui qui deviendra finalement ‘maison’ l’endroit où l’on…demeure) et ‘mansuétude’ (l’état de quelqu’un qui reste calme, posé), la présence du ’s’ dans ces deux mots expliquant clairement l’apparition de l’accent circonflexe dans ‘mâtin’.

Rien à voir donc avec les premières heures de la journée, mais c’est ce mâtin-là qui va prendre un sens pour le moins surprenant (attachez-vos ceintures): au sens figuré, l’idée de rester (sous-entendu tranquille) va s’appliquer à un moment donné (12ème siècle, quand même) à un…chien, et prendre alors la définition de l’animal que l’on maitrise, donc qui est apprivoisé. D’où le terme de mâtin (what else?) pour qualifier une certaine race de chiens (gros mais calmes), assorti hélas pendant un temps à l’aspect de ‘traiter quelqu’un de chien’ (!), et pire encore à la sortie du Moyen-Age, ‘couvrir une chienne’ sous-entendu cette fois de race, donc finalement mélanger (la pureté), mixer, bref l’un de nos sens encore actuels (mais moins ‘ciblé’ quand même). Voilà un raisonnement un peu complexe mais mâtiné de bon sens.

Revenons pour terminer à notre matin matutinal, l’adjectif en rapport et familier à tant d’animateurs radio au fil des décennies, qui évoque les toutes-premières heures de la…matinée. Il se pourrait bien que le Mattinius romain soit une sorte de surnom accordé à un ‘homme du matin’, sans qu’on puisse vraiment aller beaucoup plus loin en la matière (2). Il semble en tout cas que ce soit une propriété rurale puis une possession familiale qui ait donné au cours des siècles une lignée de Goyon ou Gouyon de Matignon (un village de l’actuel canton de Dol-de-Bretagne, d’où l’hypothèse initiale), qui soit à l’origine du seigneur Jacques de Matignon, à l’initiative des travaux de la bâtisse ministérielle.

On ne peut pas terminer sans signaler ‘l’accident généalogique’ le plus inattendu de l’…Histoire: le dit-François-Léonard-Jacques de Gouyon-Matignon convolera un jour de 1715 en justes (et foncières) noces avec une certaine Louise-Hippolyte Grimaldi, elle-même héritière d’un gros rocher méditerranéen plus connu sous le nom de Monaco (3)! Ultime clin d’oeil (on va finir par s’abimer les yeux): vous savez quel est le ‘gentilé’ (comment s’appellent) des habitants de Matignon? Il parait que les Matignonnais(e)s ont été à un moment…Monégastes (avec un T). Ca ne s’invente pas, sauf peut-être étymologiquement!

(1) Simple question de son pour arriver à ce jeu de mots; aucun rapport étymologique entre le nom de la rivière occitane (et du département) et le verbe lotir. Vous en êtes sûr? Jetez un coup d’oeil à l’article sur l’autre cité lotoise de…Olt (janvier 2011!) pour le savoir.

(2) Autre hypothèse: que son nom ait été tout simplement Mattius, formé sur un nom de site sur l’île de Crète. Comme quoi…

(3) Ou le rocher des…moines; voir l’article consacré aux Grimaldi.


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