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May (Theresa)

Jusqu’à cet été 2016, la seule May connue en France était une belle actrice brune prénommée Mathilda (1); il va falloir désormais compter avec la nouvelle Thatcher britannique, la conservatrice Theresa qui succède à David Cameron pour laver le Brexit sale dans la famille européenne, en attendant de récolter -forcément- les miettes d’une négociation avec le continent dans un esprit qui n’a pas dû beaucoup changer de Guillaume le Conquérant à Churchill…

Pourquoi donc ‘récolter’? Parce que l’étymologie de son prénom, même via l’origine espagnole d’une Teresa commune à tous les autres dérivés, semble provenir d’un verbe grec qui signifie moissonner justement; c’est toujours ça de pris au passage. Pour le reste, son patronyme est assez transparent, mais nous donne l’occasion d’évoquer une tendance fréquente de l’onomastique, la ‘science’ des noms dits propres qui prouve bien qu’on a toujours affaire à d’ex-surnoms plus ou moins faciles.

De Thérèse en May (puisqu’elle est anglaise) à Tom en Novembre, vos dictionnaires vous diront assez systématiquement qu’on attribue ces patronymes à des descendants d’enfants nés -ou trouvés, comme s’en délectent en général les brochures- pendant le mois dont ils ont hérité, ce qui en fait le plus souvent des enfants abandonnés mais aussi recueillis, en général par des institutions religieuses. Après avoir échappé à Noël (en décembre), Marie, Joseph ou Pierre, devenus éventuellement Narcisse, Pâquerette ou Marguerite au printemps, les sans-nom (2) de naissance pouvaient dès lors mener une vie chrétienne, et, quand c’était possible, officiellement civile.

C’est la tendance, mais il faut parfois chercher un peu plus profond pour trouver des racines mieux cachées et moins caricaturales; il n’empêche, la tradition est lourde, comme en témoigne la petite revue de calendrier -non exhaustive- où apparaissent quelques autres noms célèbres:

Le premier trimestre inspira peu nos ancêtres, janvier et février (ex-fiévrier, le mois des fièvres!) même si les noms existent, étant plutôt symboles de froid éventuellement glacial (donc meurtrier). Mars, équivoque entre la période des pluies et le dieu romain de la guerre, était un peu plus ‘ouvert’, souvent sous forme de pseudonyme comme pour la chanteuse française Yvette Baheux (Betty Mars).

D’avril, on connait l’écrivaine Nicole (Mme Elkabbach), à prendre justement au sens plus symbolique de ‘renouveau du printemps’ plutôt que strictement né sous le signe du Bélier ou du Taureau (mais très évocateurs également de la puissance fécondatrice); à éviter surtout si vous êtes né le 1er du mois.

Même connotation sans doute pour le toujours ‘joli mois de may’, y compris avec l’abréviation Milou sous cette orthographe de la littérature galante du Moyen-Age français. Theresa est d’ailleurs née en octobre et Mathilda en février (d’autant qu’il s’agit pour elle d’un pseudo de scène, de son vrai nom Karin Haïm). Mais le mai est toujours plus parfumé qu’avril, surtout le 1er.

De Juin on connait Alphonse, maréchal de France aux commandes d’une campagne d’Italie décisive pendant la 2ème Guerre Mondiale, de souche vendéenne assez fréquemment répandue dans l’Ouest. Et de Juillet, comme Pierre, on retiendra ‘l’éminence grise’ politique de plusieurs présidents de la République Française, binôme de Marie-France Garaud aux côtés de Georges Pompidou entre autres.

L’août passe rarement sous cette forme (contractée) au profit de sa racine latine ‘augustus’, qui a donné Auguste évidemment pour des raisons diverses, soit en hommage à un personnage connu, soit plus généralement pour son sens initial en vigueur chez les Romains de ‘sage, inspiré, magnanime’, qu’il gardera dans notre culture (sa ‘Clémence’ inspirera Corneille) sauf sur une piste de cirque où il ira faire le clown, ce qui permettra de créer le surnom ridicule de (au)gugusse(te)!…

Sautons à octobre, parfaitement illustré en tant que nom de…code par le film «Marie-Octobre» (Julien Duvivier, 1958) dans lequel Danielle Darrieux enquête dans un huis-clos post-Résistance sur la trahison d’un membre du réseau; le choix de ce mois représente alors celui de l’entrée de cette femme dans le maquis, date de son ‘baptême du feu’.

Par contre, date réelle de naissance pour Jean-Thomas Couture, chanteur et acteur français plus connu sous l’abréviation de Tom(as), né le 08…Novembre, comme quoi le réflexe est bien toujours celui qui animait nos aïeux il y a une dizaine de siècles. Seulement voilà….

Tout cela n’est pas forcément vrai, car les Janvier peuvent être nommés ainsi par vénération de divers St Janvier, qui dans plusieurs pays n’ont aucun rapport immédiat avec le premier mois de l’année; les Février, eux, ont aussi un rapport la ‘févrie’, ancien nom de l’endroit où officiait le ‘févre’, soit la forme originelle du…forgeron (plutôt fan du mois de mars, quand reprenaient les guerres). Et quand les May sont d’origine juive, il s’agit le plus souvent du nom du lilas en yiddish, très symbolique lui aussi du réveil de la Nature!

Ajoutons que juin a parfois une variante en Jouin, ce qui, malgré la prononciation dans certaines régions de France, l’éloigne de l’été pour en faire un nom ‘de baptême’ en rapport avec…Jupiter, symbole de force et de puissance, dont l’une des formes -très irrégulière, je vous l’accorde- fait en latin ‘jovis’, ce qui donnera l’adjectif français ‘jovial’ qui signifie donc à l’origine terrible comme Jupiter, et pas du tout rigolo comme on le croit aujourd’hui (3)! Quant à Juillet, c’est aussi un possible diminutif (la terminaison en -et) du prénom Jules, ce qui n’est que juste retour des choses puisque le mois en question tient son nom de la dédicace des Romains à leur empereur préféré, Caïus Iulius Caesar IV, créateur -involontaire- de la pâtée pour chiens qui porte son (troisième) nom.

Notez bien que tous ces gens égocentriques (ils sont très fiers de leur ‘mois’) se retrouvent quasiment à l’identique dans d’autres langues, et que vous pouvez décliner Januar, April, May ou August à Berlin par exemple, tout comme à Londres chez Theresa. En tous cas étymologiquement.

(1) ‘Grosse fatigue’, ‘Trois places pour le 26’, entre autres nombreux films

(2)…sans ‘s’, puisque chacun n’a qu’un nom, contrairement aux ‘sans-dents’ hollandistes

(3) L’équivoque serait due à Jacques (Offenbach) le Facétieux, à cause du ridicule qu’il donne au personnage dans l’opéra-bouffe ‘Orphée aux Enfers’…


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