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Mercy (Madame, Monsieur)…

L’avenir (du showbizz) dira quelle trace laissera cette «Mercy» dans l’histoire de l’Eurovision, puisque c’est désormais le titre choisi par les Français pour défendre les couleurs nationales lors de la compétition 2018. Majuscule obligatoire, car il parait que c’est le nom de baptême d’une petite réfugiée sauvée des eaux, avec précision obligatoire de nos journalistes, «Mercy avec un ‘y’, rien à voir avec le remerciement». Eh bien si, justement…

Pensez-y la prochaine fois que vous direz machinalement ce petit mot à quelqu’un (ça ne vaut franchement pas la peine si on vous tient juste la porte), car il a une histoire lourde de sens, au pluriel! Car aussi bien sous la forme ‘mercit’ (dès le 9ème siècle), ‘merciz’ (12ème) que…mercy quelques décennies plus tard, le terme francisé, dont vous constatez une fois encore qu’il ne change pas selon l’orthographe, vient d’un mot latin qui est ‘merces’, le même qui donnera plus tard ‘com-merce’ ou ‘marc-handises’ (merc-handising, si vous voulez garder le ‘e’).

Pour un Romain, ‘merces’ est un pluriel qui évoque un prix, une estimation. Et justement, les deux noms communs français sont opportunément équivoques: au sens propre, il peut s’agir d’argent, de monnaie; au sens figuré, on peut parler du ‘prix du danger’ pour évaluer des risques…notre Romain va lui aussi comprendre qu’il est autant question de relation d’intêret(s) que d’une dette ou d’une faveur dont il faut s’acquitter en échange d’un service rendu. Moralement, les choses se gâtent un peu…

C’est à la Renaissance que l’époque de ‘l’amour ‘courtois’ a déjà vu s’installer un -ou plutôt une- ‘mercy’ à laquelle on est soumis, soit avec sous la gorge la pointe de l’épée de votre vainqueur qui vous tient…à sa merci, soit qui récompense une dame pour les faveurs qu’elle vous accorde (les féministes ne lui disent pas merci). Et cela fait quatre siècles que circule dans la bouche du peuple un ‘Dieu merci(t)’ fidèle à une Bible dans laquelle Abraham suspend in-extremis le poignard qui va immoler un fils qu’il tient également à sa merci sur ordre divin!

Alors, si votre mémé vous a parfois tiré l’oreille pour vous apprendre à dire merci, soyez bien persuadé qu’elle exigeait quasiment de vous bien plus qu’un ‘remerciement’ mais l’inscription d’une dette de politesse à son égard, d’une violence aussi vitale que celle que doit désormais la petite réfugiée à ses sauveteurs. Et quand la présentatrice du journal télé du soir termine en disant «Madame, Monsieur, merci», elle annonce dorénavant la notoriété d’un ‘groupe’ musical composé d’un homme et d’une femme plutôt astucieux. Mais un peu risqué, en tous cas étymologiquement.


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