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Monflanquin (47)

Si tout va bien, l’exposition médiatique forcée d’une petite ville du Lot-et-Garonne va permettre de s’apercevoir qu’il fait partie des ‘Plus beaux villages de France’, ce qui, à tout prendre, sera plus utile pour le tourisme local que le procès qui vient de s’ouvrir au Tribunal de Bordeaux sous le nom « des Reclus de Monflanquin ». On y juge en effet une histoire d’escroquerie (au moins) qui a permis à un personnage indélicat de séquestrer, puis de délester de plusieurs millions d’euro une famille «de nobles locaux» (comme dit la presse). Ainsi arrivons-nous sur le titre quasi-unanime de la Une des journaux: «l’affaire de Monflanquin». Dis monsieur, c’est où, Monflanquin?

Géographiquement, on vient de le définir, mais topographiquement, c’est forcément en hauteur. ‘The name says it all’ (le nom parle tout seul) comme aurait pu le dire Aliénor d’Aquitaine à son Henry de mari: pas besoin en effet de prendre le TGV pour Agen (après, je vous souhaite bien du plaisir) pour deviner que l’endroit se trouve sur un ‘mon(t)’, c’est à dire une colline, puisque tel est le sens de ce ‘faux-ami’ latin (1); il s’agit donc d’une de ces cités bâties vers la fin du 13è siècle, en l’occurrence sous l’impulsion d’un Comte de Toulouse. Et les « bâties », çà se dit en patois local des…bastides (bastida); même si le mot est un nom commun pour le français actuel, à l’époque cela revient quasiment à entendre le participe passé du verbe bâtir, du moins en occitan.

Tout le monde n’est pas exactement d’accord sur le sort de la ‘bâtie’ en question, mais ce qui semble probable, c’est qu’à un moment donné de son histoire (les Guerres de Religion), il y eut dispute entre le pouvoir laïc et le couvent des frères Augustins, très influent localement. Après un assaut particulièrement rude pour la cité, on décida alors de construire des remparts, pour renforcer la sécurité d’un site déjà situé en hauteur, donc pas facilement prenable. Ces remparts, venant…flanquer les abords des murs de la ville, valurent à l’endroit le surnom de Mon(t)-flanquin, tout simplement.

D’autres y voient plus précisément une histoire en rapport avec l’architecture des ‘cornières’, ces arcades typiques des construction bastidiennes, que vous retrouvez dans la plupart des villages du grand sud-ouest; sur une place centrale (place de la mairie) s’installait traditionnellement un marché, lequel, en cas de mauvais temps, se mettait à l’abri des cornières qui…flanquaient la place. L’idée est la même, sauf que la topographie est plus petite.

L’étymologie étant décidément pleine de clins d’oeil et d’humour, je vous fais remarquer pour terminer que la famille spoliée et donc plaignante s’appelle (de) Védrines, version moderne du nom médiéval Veterine(s). Ne forcez pas une seconde la perversité de votre imagination: Védrines/ Vétérines vient bien du latin ‘veterina’ qui désigne une bête de somme, puis, plus largement, un animal de ferme (d’où le terme…vétérinaire, évidemment!). En fait, Védrines, au fil du temps, va servir à nommer l’endroit où paissent les bêtes de somme, d’où le sens de pâturage, puis de domaine, probablement à l’origine définitive du noble patronyme de ces reclus de Monflanquin qui se sont laissés enfermer comme un troupeau.

On souhaite bonne chance quand même à la Cour, présidée par Mme le juge Marie-Elisabeth Bancal (sic), au sujet de laquelle vous auriez tort de penser à mal: d’une part, en raison de sa fonction; d’autre part, parce que, depuis plus de 7 siècles, le ‘bancal’ n’est pas l’adjectif qualifiant la stabilité de votre table de jardin mais un nom commun et respecté, qui désigne précisément l’étoffe (en général précieuse) qui venait recouvrir les sièges où les juges prenaient place. Franchement, voilà un procès qui me manquera pas…d’assise!

(1) Voir sur ce blog tous les sites et patronymes commençant par «Mont».


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2 commentaires au sujet de Monflanquin (47)

  1. Une remarque, vous faites parler Aliénor d’Aquitaine en anglais s’adressant à son mari, hors tous deux étaient poitevins, donc je ne pense pas qu’ils parlassent anglais.
    Depuis Guillaume le Conquérant, le « Français » était parlé à la cours d’Angleterre, la devise de l’ordre de la Jarretière est en Français dans le texte original.

  2. Tout à fait d’accord! (j’ai abordé le sujet maintes fois sur ce blog, en signalant les deux devises majeures de l’Angleterre: « Dieu est mon droit » et « Honni soit qui mal y pense ». C’était effectivement un simple clin d’oeil qui me permettait de caser mon expression anglaise. D’ailleurs, à la Cour de Londres, ce n’était même pas le « françouais » que l’on parlait dans l’aristocratie, mais -si possible- le…gascon, ce qui confirme votre remarque!
    Cordialement

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