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Montchalin (Amélie de)

Troisième et dernière pièce du récent remaniement ministériel pour cause de liste aux élections européennes, la nouvelle Secrétaire d’Etat (seulement) chargée des Affaires Européennes en remplacement de Nathalie Loiseau partie prendre son envol (c’est pas moi, c’est elle qui le dit). Comme disait le brave Georges (Feydeau), occupons-nous donc d’Amélie…

Mme de Montchalin descend de pas très haut (160 mètres d’altitude environ) et d’une famille d’agriculteurs ayant fait souche sur le plateau de Saclay, dans la région parisienne. Son patronyme de naissance est en fait Bommier, adaptation francisée au Moyen-Age d’après une combinaison d’origine germanique ‘Bommar’ ou Bon-mar, soit ‘bon-’ (bonus, en latin) et ‘-mar’, qui évoque quelqu’un de connu ou d’illustre;

La seconde racine peut également être une forme de ‘bom-hard’, syllabe très fréquente qui signifie dur (hard), ou fort au sens figuré, ce qui nous donne une définition finale qui varie entre une célébrité bienveillante ou un bienfaiteur puissant; on trouve pire comme état-civil pour démarrer dans le vie.

Pour Montchalin, c’est probablement un peu plus…chaud, littéralement. Même si avant de devenir un fleuron de la recherche (nucléaire) scientifique française des années 1960, le plateau de Saclay était surtout connu pour être le bassin de collecte des canaux qui alimentaient les bassins du château de Versailles, l’adoption du nom de son Guillaume de mari semble plus aride…

Vous avez depuis longtemps remarqué ce ’t’ central qui indique immédiatement un toponyme, la caractéristique d’un ancêtre qui habitait ou venait d’un mont-chalin, une ‘montagne’ à prendre tout de suite à son sens le plus latin du terme soit une simple colline, voire une hauteur ou un promontoire, tout dépend ensuite de ce à quoi elle servait ou de ce qu’on mettait dessus.

Eh bien, pas grand’chose sans doute puisque la seconde partie de ‘mont-chalin’ (ou souvent monchalin en orthographe ancienne) vient cette fois d’un terme pré-celtique (bien avant les Romains sur notre territoire) qui est ‘chalmis’ ou ‘calmis’, qui qualifiait une…hauteur. Cela ne nous fait pas tout à fait un pléonasme -ou une redondance- car on remarque que le mot s’appliquait surtout à une colline dénudée, c’est-à-dire rasée ou inculte, autant dire inutile donc parfois maudite pour nos anciens (1).

D’ailleurs, le terme ‘chalin’ existait bel et bien dans notre vocabulaire pour qualifier une chaleur lourde et accablante, parfois une terre brûlée par le soleil, la racine étant alors empruntée au latin (toujours) ‘calina’ qui donnera chaleur chez nous ou calor en espagnol (2); il se peut qu’il y ait eu confusion entre ‘calmis’ et…’calin’ (rien à voir avec câlin, comme quoi, les accents, ça sert).

De fait, tout comme la commune de Monchal (département de la Loire) qui s’appelait Monte-calma au 14ème siècle, il y a une autre colline dénudée qui deviendra célèbre paradoxalement dans un pays de forêts (le Canada), c’est le nom d’un certain Louis-Joseph Gozon né dans un château du Gard (!) appelé Montcalm, et qui débarquera au Québec en 1756 avec le succès que vous savez…

Pour terminer, juste quelques autres exemples parmi les centaines de possibilités de conjuguer cette idée de colline, à commencer par les très nombreux Montlouis, baptisés en hommage au roi Louis (plusieurs choix possibles), dits également Montroyal ou…Montréal en ancien-français. Plus agressifs -géographiquement- sont les Montaigu (avec des rochers en pointe?) ou les Montesquieu (en v.o gasconne mont-esquiou, la colline difficile à monter ou à laquelle s’agripper);

Il y a encore la hauteur où se réfugier en toute ‘ségurité’, Montségur; celle avec un fort puis un village dessus, Mont(e)bourg; et la propriété d’Adémar (montilium ademari) devenue après contraction Montélimar; ou tout simplement la colline blanche (albus, en latin) soit Montalban puis Montauban (3)

Voilà de quoi donner à Mme de Montchalin une certaine hauteur de vue (et peut-être parfois un coup de chaud?); au moins étymologiquement.

(1) voir le sens de la ‘colline du crâne’ (rasé!), soit Golgotha en hébreu, site de la crucifixion du Christ; ou l’oeuvre musicale de Moussorgski sur la colline aux sorcières de Kiev, intitulée « Une nuit sur le Mont…chauve ».

(2) voir aussi l’article sur la ‘terre chaude comme un four’, la Californie!

(3) Pour tous ces noms, voir l’article particulier qui leur est consacré (Montségur, Montauban, et Montcuq bien sûr)


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Un commentaire au sujet de Montchalin (Amélie de)

  1. Bonjour,
    Vous indiquez que la commune de Montchal (42360 ) a été désignée « Monte calma » au XIVe.
    Je trouve bien un « Monte Chalmo » en 1352 dans le Dictionnaire topographique de la France mais pas de « Monte calma ».
    https://dicotopo.cths.fr/places/P86622171
    Pourriez vous avoir la gentillesse de m’indiquer la source, s’il vous plait?
    Merci d’avance.
    Serge

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