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Montebourg (Arnaud) / Bourgoin (Louise)

L’actualité (ministérielle, puis cinématographique) fait se télescoper deux patronymes qui vont nous faire jouer aux mots-valise: Montebourg-Bourgoin rapproche en effet de façon inattendue Arnaud, ci-devant Ministre du Développement Productif, et la citoyenne Ariane Bourgoin dite Louise, mannequin, animatrice et (excellente) comédienne française. L’un et l’autre conjuguent un ‘bourg’ qui semble très évident à comprendre, mais qui cache peut-être quelques ruelles mal éclairées, étymologiquement parlant.

A la base des deux mots, il y a un bourg, charmante localité campagnarde que l’on imagine au milieu d’une plaine riante, éventuellement entourée de quelques hameaux périphériques, ce qui permet aux malheureux habitants (ou riches citadins propriétaires de résidence secondaire) d’aller tous les dimanches à la boulangerie (unique) du patelin, avant de traverser le parking de l’église, carton à gâteaux bien en évidence sur la paume de la main…Le reste de la semaine, un bourg est essentiellement un endroit désert où quelques adolescents désoeuvrés découvrent les vertus du pot catalytique trafiqué, histoire de troubler la sieste de paysans fatigués par la canicule, en faisant des rondes autour du quartier devant quelques blondes décolorées habillées de tee-shirts scintillants achetés lors de la dernière braderie à la ville.

Car un bourg n’est pas une ville, mais une petite ville. Mais pas un village non plus, c’est plus précisément le coeur du village, on n’ose pas dire le ‘centre-ville’. A l’origine c’est même le centre du centre du village, puisqu’il s’agit du bâtiment fondateur d’une cité, son château, que l’on va tout de suite caricaturer en château-fort. Autrement dit, une place-forte, pour traduire au plus près la racine germanique ‘burg’, un endroit qui deviendra, au fil du temps et grâce au commerce, une cité (médiévale par exemple), puis une ville (parfois franche, à l’époque royale) et enfin une commune (républicaine). Les définitions ne se valent pas toutes, mais, en fonction de l’évolution sociale, on s’y retrouve à peu près. Que de mots d’ailleurs pour désigner en français un groupe de maisons!

En foi de quoi un montebourg désigne forcément l’origine géographique du porteur du nom, et donc sa provenance. Comme on ne connait pas beaucoup de Montebourg (le village) en France, il semble que la souche du patronyme vienne de la Manche, département côtier (pour ne pas dire péninsulaire) qui ne brille pas particulièrement par ses hauteurs. Car, faut-il le rappeler, ‘mont’ est emprunté au latin ‘mons’ qui désigne d’abord un promontoire, une élévation du terrain, un surplomb, au maximum une colline, et jamais une ‘mont-agne’ au sens où nous l’entendons…Il faut croire que l’histoire des Montebourg commence dans un hameau situé un peu plus haut que les ‘agglomérations’ voisines, d’où l’évidence du surnom. L’homme qui a sa maison qui surplombe les autres villages, une étymologie parfaite pour surveiller la bonne marche des industries locales, n’est-il pas?

On retrouve ce ‘burg’ germanique initial dans les termes qui désignent, en Europe du Nord, le responsable élu de la cité: le burgrave (version allemande) ou le bourgmestre (version belge), même s’il est arrivé aux français de récupérer l’un ou l’autre de ces mots, en zones frontalières.

Le cas de ‘la’ Bourgoin est évidemment proche, puisque ce nom se compose de deux racines, toujours germaniques: burg (la forteresse, donc) et win/ouin (l’ami). Les Bourgoin sont donc les descendants d’amis de la forteresse (des vassaux, des alliés du seigneur local?) ou qui habitent la ‘forteresse-amie’ (une place fortifiée en relation avec une autre, ancêtre des communes jumelées?). Mais, si les Montebourg sont très probablement normands, les Bourgoin ont, eux, toutes les chances d’être…’bourgons’, autrement dit bourguignons en français moderne: en effet, l’origine de la Bourgogne remonte au territoire de jeux d’une tribu qui avait facilement la moutarde au nez, les Burgondes, barbares néanmoins immigrés et venus des confins de la Pologne et de la Scandinavie actuelles. Une étymologie locale (donc très floue) semble évoquer une histoire de ‘géants blonds et robustes’, le ‘burg’ pouvant donc renvoyer à la fois à leur image (des gens forts comme un rempart) ou, plus probablement, à leur façon de se protéger des ennemis.

Si on l’appliquait à l’économie, voilà un type de protectionnisme raisonné qui pourrait être bien utile à un ministre du Redressement Productif, non?


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2 commentaires au sujet de Montebourg (Arnaud) / Bourgoin (Louise)

  1. Très intéressant, mais pourquoi donc les habitants de Bourges s’appellent-ils donc des Bérruyers et des Berruyères et non pas des bourgeois ?
    Et quid des habitant de Bourg sur gironde ? A quel burg faut-il les rattacher ?
    Il existe aussi des gens qui s’appelle Burg et Burc avec c.
    Sont-ce la des normands ou bien des bourgons ?

    En vous remerciant …

  2. Bonjour Guillaume,

    Les habitants de Bourges sont les Berruyers (et Berruyères) effectivement; ils auraient tout aussi bien pu être des Bourgeois -et non pas forcément des bourgeois- d’où l’importance de la majuscule et donc de l’orthographe. Seulement voilà, comme toujours, l’étymologie passe par la phonétique, et mentionner des ‘bourgeois’ aurait vite posé la question de l’équivoque: «des bourgeois de quelle ville?» (Ah, de Bourges?). Et, du coup, comment parler des bourgeois de Bourges? Et des Bourgeois de Bourges qui ne sont pas bourgeois? (vous voulez dire les bourgeois? Non, les Bourgeois)…

    Voilà pourquoi, afin de lever cette équivoque, on a donné aux habitants de la capitale du Berry le nom de…Berryers, puis Berruyers! La racine du mot désignant la région est d’ailleurs la même que Bourges, l’un et l’autre venant de l’une des multiples tribus ‘Bituriges’ en transhumance guerrière; ceux-là étaient de probables expatriés mosellans, ayant trouvé dans le coin de quoi travailler le fer pour leurs armes. De fait, ils sont devenus les ‘rois du monde’, ce qui est littéralement l’étymologie de leur nom, via deux racines gauloises du Vè siècle av.JC: ‘bitu’ (le monde) et ‘rig’ (le roi)! Une histoire tout à fait «piquée des hannetons», puisque, par un autre sortilège linguistique, ‘Hannetons’ est le terme qui qualifie les habitants d’un quartier nord de Bourges, «Asnières-les-Bourges» (après monstrueuse contraction gallo-romaine de asnières-bourges en ahne-bitu, puis ahne-bitunes, hane-tunes, puis…hanetons, assimilé au plus familier ‘hanneton’!

    En ce qui concerne les Bourquais, les habitants de Bourg-sur-Gironde (vous voyez bien qu’on ne pouvait pas laisser des ‘bourgeois’ partout, avec le nombre de ‘burg’ construits en Gaule!), leur cité s’appellera succesivement Burgo (par les gaulois), Burgus (au IVè siècle latin), puis Burgus-supra-mare (=Bourg sur…Mer, c’est à dire, vu par les Romains, Bourg-sur-marée, tout simplement, puisque la mer remonte l’estuaire); et enfin Bourg sur Guyenne.
    L’appellation Bourg ‘sur Gironde’ est désormais fausse, depuis que la pointe du Bec d’Ambès s’est effilée et allongée, faisant basculer Bourg strictement sur les bords de la Dordogne, aussi sûrement que le Couesnon le fit pour le Mont St-Michel en Normandie; la ville actuelle n’est donc plus sur l’estuaire de la Gironde proprement dit, mais le terme est resté, ne serait-ce que pour localiser rapidement le département.

    Cordialement, Dominique

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