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neurone(s deux)

Peut-être faites-vous partie des huit millions de téléspectateurs qui ont vu, l’autre soir, un homme politique réclamer qu’on lui «prête deux neurones». Plus tard, certains commentateurs lui ont reproché d’avoir finalement cédé à un certain agacement et même à une nervosité certaine. Et pour cause: contrairement à la requête de l’invité sur le plateau, la fonction d’un neurone n’est pas d’être facteur (faiseur) «d’intelligence», mais simple transmetteur…d’excitabilité. Au moins étymologiquement…

En effet, pour qui pratique correctement sa langue, la belle aventure des mots n’est pas anodine; en l’occurrence, neurone vient du mot grec ‘neuron’ (jusque là, juste un, ça suffira pour comprendre), qui désigne très précisément une fibre, et plutôt une fibre…végétale. Chez Platon, le neurone n’a évidemment pas encore de base ‘scientifique’ mais symbolise la force ou la vigueur (modestes) que peuvent apporter les cellules d’une tige dans le maintien de la structure d’une plante (1). On voit assez aisément l’image de ‘transmetteur de sève’ qui permettra, par la suite, d’utiliser le mot pour définir le passeur d’impulsions électriques dans le cerveau…

Comme souvent au fil du temps, on va ensuite sauter du végétal à l’animal (pas encore humain) pour qualifier très conctètement les tendons ou les nerfs des bêtes, surtout pour en faire un usage particulier, comme des courroies ou des cordes y compris d’instruments de musique, et même parfois des…fouets (le nerf de boeuf!). Cela expliquerait-il pourquoi le journaliste s’est pris un ‘violon’ l’autre soir?

En ce qui concerne les humains, comme on est encore loin des travaux des scientifiques pour découvrir puis étudier les ‘vrais’ neurones, on va quasiment passer directement au sens figuré, celui du…’nerf de la guerre’, et ce dès l’Antiquité. Ce n’est que bien plus tard (1883) qu’un médecin allemand décrira l’existence et le rôle des filaments en question dans un cerveau, forcément lobotomisé, celui-là (2), des neurones certes tout aussi indispensables pour l’activité cérébrale que les synapses (les récepteurs) mais toujours au service d’un système d’intelligence qui se crée bien ailleurs…

Petit détail technique: la graphie (l’écriture) du ‘u’ n’étant pas tout à fait la même en français qu’en grec, on a également adopté l’orthographe ‘nevron’ pour quelques dérivés de cette racine. De plus, les Romains, probablement très énervés par cette histoire, on fait du ‘nevron’ un ‘nervus’ en permutant la place du ‘r’, donnant ainsi naissance au ‘nerf’ bien sûr, mais aussi à tout ce qui est…’nervuré’, et nous voilà de retour dans le microcosme de la feuille végétale dont le dessin imite les réseaux du cerveau! En foi de quoi, si vous avez au moins trois neurones (quatre, c’est mieux), vous comprendrez immédiatement que ce mot fait partie de la même famille que la neurologie (l’étude des nerfs -et non pas de l’intelligence) et de la neurasthénie (la fatigue des neurones), mais aussi que la névralgie (le mal aux neurones-nerfs), la névrite ou polynévrite (l’affection plus ou moins importante des nerfs), et évidemment la névrose (la maladie des neurones) souvent très perturbante pour la personnalité du sujet. Tout est dit. En tout cas, étymologiquement.

(1) Attention, toutes les herbes ne sont pas bonnes pour les neurones (les vrais, pour le coup)
(2) Littéralement: dont les lobes ont été découpés (pour étude), ce qui ne préjuge en rien d’un manque d’intelligence dans son état vivant…


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