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Niort

L’événement national du jour tient donc en quatorze mots qui ont suscité des centaines de lignes de commentaires capitaux: Niort (chef-lieu des Deux-Sèvres) est-elle « une des villes les plus laides qu’il (m’) ait été donné de voir »? La phrase est extraite du dernier opus de Michel Houellebecq et passe mal auprès des Niortais, comme s’en émeut la presse locale. Et si jamais, étymologiquement…

Mais non, aucune frayeur à avoir au sujet de Niort, sauf à se retrouver à faire du vélo en short sur la Place de la Brèche un après -midi glacial de février quand le ciel bas donne à la ville des airs de station polaire (1). Si le thermomètre descend parfois très bas, il faut remonter cette fois très haut dans le temps pour trouver les premières traces d’un ‘Niordo’ (10ème siècle) puis ‘Nyorto’ (13ème) tout à fait caractéristiques d’un toponyme d’influence celto-gauloise (le ‘o’ final).

Pas question donc de porter le moindre crédit à la rumeur des cours d’école sur la quatrième place financière française (d’après la Banque de France) grâce à la concentration des Mutuelles: il ne s’agit pas d’une cité où il n’y avait « ni argent, ni-or » (!); il est vrai que les enfants vont toujours au son le plus facile et néanmoins parfois exact…

Mais ici, la chose eût été impossible en linguistique avec la présence de ce ’t’ final, suffisamment puissant et donc significatif pour avoir traversé les siècles sans pour autant être devenu sonore (on ne dit pas ‘Niortte’, comme on parle du ‘Gersse’). Alors, une autre hypothèse pourrait faire venir ce ’t’ d’une version latine de ‘hortus’ (le jardin), qui aurait fait de ce ‘ni-(h)ort’ un lieu de cultures, sans doute davantage potagères que d’agrément (2), le ’ni-‘ initial venant alors d’une contraction du ‘novus’ qui veut dire nouveau…

La vérité est un petit peu plus compliquée, mais la provenance du premier élément est exacte: ‘Ni-ort’ vient de l’assemblage, puis de la contraction de deux racines gauloises: ‘nouios ‘+ ‘rit’. La première partie est bien une adaptation de l’adjectif latin pour faire ‘Nouiort’ (attention, pas New-York, même si le premier mot est le même!); la seconde vient du son ‘ritu’, raboté en ‘rit’ ou ‘ret’ en breton ancien par exemple, pour désigner un passage et, plus spécialement quand le village était près d’une rivière, un gué.

Vu(e) la situation de la ville sur les bords de la Sèvre (autrefois ‘sabara’ puis ‘sévera’, mot -encore- celtique qui évoque de l’eau qui coule), tout cela est très logique: les premiers quartiers d’habitation se sont construits à un point stratégique pour la circulation de nos ancêtres, là où il y avait un ‘nouveau-gué’.

Notez bien que dans d’autres régions de France, même s’il n’y a pas de gué dans les parages, le parler local fera du même ‘nouios’ la base des villes de Nogent (de novio-gentum, le nouveau peuple) ou des Noyon (de novio-magus, le nouveau marché)! En tous cas, d’une certaine façon, on pouvait s’attendre à ce que l’écrivain au nom si nordique (mais né à…La Réunion) ait pu trouver l’inspiration au fond du ruisseau (3). Y compris étymologiquement.

(1) Expérience vécue, évidemment…

(2) Bien que Niort soit aujourd’hui régulièrement dans le palmarès des Villages Fleuris…

(3) Solution dans l’article à lui consacré (janvier 2015), avec de très intéressants commentaires des lecteurs.


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