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Nomophobie

«Impôts, Loyers et PV divers», ce n’est pas le titre d’une comédie sociale italienne des années soixante (encore que…), c’est tout simplement la définition du sens civique de ce député de l’Assemblée Nationale (et qui entend y rester!). En termes un peu techniques, ce sont les symptômes de ce qu’on appelle la ‘nomophobie’, autrement dit la peur excessive des lois et règlements (si, si, ça existe). Effets de ces symptômes: un oubli systématique, pathologique, et peut-être pathétique des courriers administratifs sur la table basse du salon.

Parmi les objets de cette ‘angoisse irrépressible ou panique devant l’administration’ (définition du dictionnaire), il y a donc les loyers (si vous arrivez à oublier qu’on vous les rappelle pendant trois ans, dites-moi qui est votre propriétaire), dont l’étymologie est assez intéressante…Contrairement à ce qu’aurait pu craindre notre locataire indélicat, ‘loyer’ n’a aucun rapport avec la loi (ouf), et, si payer son loyer est une démarche loyale tout autant que légale, c’est que ces deux derniers adjectifs ont la même racine que loi, justement. Loi a donné ‘loial’ (forme médiévale) puis loyal (qui observe la loi); en langage ‘savant’ (et juridique), on a gardé la racine latine initiale ‘lex, legis’, pour faire légal, législateur, législatif, etc.

Il faut chercher ailleurs pour se payer le loyer, et même dans un endroit assez précis puisque c’est le mot latin ‘locus’ (le lieu) qui va donner tout ce qui appartient à ce contexte: une location (la situation d’un bien dans un lieu, et non pas le montant du loyer), un bien locatif (le lieu qu’on va ‘donner à bail’), et donc forcément le locataire (celui qui habite dans le lieu loué) que l’on peut donc rapidement…localiser. L’orthographe ‘loyer’ est en fait la catachrèse (une contraction tsunamique) du mot latin ‘locatorium’. Voilà au moins une racine qui a donné…lieu à beaucoup de versions, dont le mot qui désigne l’argent qu’on vous donne au…lieu de payer vous-même, les al-locations.

Sur (et parfois dans) ce lieu, on va également créer quelques sens supplémentaires, qui indiquent en général des endroits particuliers: une position militaire (mise en place des troupes); l’expression ‘en lieu et place’ (à la place de); un lieu-dit (l’endroit supposé ou surnommé comme tel); un haut-lieu (un site remarquable), et même un lieu d’aisance (la cabane au fond du jardin).

Malgré les apparences, une lieue n’est pas le féminin d’un lieu, mais une mesure spéciale dont la racine n’a rien de commun (un autre mot, romano-gaulois: ‘leuga’). A mille lieues des innombrables mesures provinciales et royales des siècles précédents, elle définit aujourd’hui la distance que peut parcourir en une heure un homme d’un mètre soixante-quinze, à allure régulière, sur terrain plat et au niveau de la mer (!); les plus courues sont la lieue (environ 4kms en France, et…5 kms en Belgique, des géants?), ainsi que les chaussures préférées des Chats, les Bottes de 28 kms (7 lieues).

On terminera en revenant à ce loyer-lieu (1), qui va prendre un sens figuré qui n’a plus rien à voir avec une distance dans l’espace, mais avec une durée dans le temps, devenant ainsi synonyme d’opportunité, de moment convenable, ou de situation particulière, tel le non-lieu (pas de raison de s’inquiéter). On peut se poser la question de savoir s’il y aura un non-lieu pour les oublis de notre député nomophobe; mais est-ce vraiment le lieu?

(1) pour les Impôts, voir la chronique précédente.


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