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nymphomane

L’événement ne vous empêchera sans doute pas de dormir, mais plusieurs faits-divers relatent (je cite) «le grand retour des nymphomanes». Curieusement, les articles de presse dont j’ai eu connaissance viennent d’un domaine très spécialisé, celui de…la musique. Il y est en effet question d’images ‘osées’ contenues dans des clips vidéo, et de la soi-disant crainte grandissante des hommes devant l’appétit de ces dames. Sauf que la nymphomanie n’a rien à voir avec les femmes, ce serait même tout le contraire, en tout cas étymologiquement!

Prenons les choses au pied de la lettre (et laissons la nymphomane prendre le sien), car l’analyse linguistique apporte son lot de surprises: on comprend facilement que ce mot est formé d’une racine ‘nympho-‘, ou numpho- en grec, mais n’abrégeons pas les prémisses (1) + l’autre racine ‘-mane’, employée ici en guise de suffixe et qui indique très clairement une ‘manie’, en l’occurrence une obsession (sexuelle) spécifiquement féminine, coupable dune addiction consistant en une…addition anormale de mâles.

Or, comme d’habitude depuis des siècles, c’est la femme la grande responsable, la tentatrice diabolique qui éveille le désir des hommes et qui les consomme pour leur plus grande perte…Seulement voilà, le sens originel de nympho-mane, c’est ‘maniaque des nymphes’ (2), n’est-ce pas? Donc, si nous faisons le parallèle, un mélo-mane est bien un maniaque de mélodies; un toxico-mane est un accro au tabac; un clepto-mane est un malade du vol à la tire; un mégalo-mane est obsédé par lui-même; un pyro-mane a la psychose du feu, un mytho-mane a un penchant pour le mensonge. Quant à ce qu’apprécie un pétomane, je ne vous fais pas de dessin.

Je suis sûr que vous avez remarqué que, malgré une rime dite féminine, tous ces noms communs sont au masculin, exactement comme devrait l’être le nymphomane, qui est donc, forcément, un homme particulièrement séduit par les ‘nymphes’ (pour prendre l’orientation sexuelle majoritairement répandue). Une femme ne peut donc pas être nymphomane, sauf à être -également- lesbienne! Autre surprise: la définition initiale des nymphes ne concerne pas uniquement des ‘jeunes filles adolescentes et court vêtues batifolant dans les bois’ comme le suggère votre dictionnaire de mythologie (il y a belle lurette que les jeunes filles n’attendent plus le loup au coin du bois, sauf celui de Boulogne peut-être); ça, c’est une invention des Romains, qui pensaient que les Nymphes -avec une majuscule- étaient les divinités des montagnes et des sources, terme endormi jusqu’au…19ème siècle qui voudra alors codifier tous les désordres sexuels (des autres).

En fait, le véritable sens de ‘nymphe’ est très précisément celui d’une femme voilée (sic) mais non grillagée, celle dont les Grecs recouvraient la tête parce qu’elle était en situation de…mariage (en français, on dit ‘promise’, en polynésien on dit ‘tabou’). La future étant en général plutôt jeune et donc réservée à son mari, on en est rapidement arrivé à qualifier ainsi toute fiancée ou toute femme figurant à côté d’une autre plus âgée, comme par exemple la belle-mère, la ‘nymphe’ devenant alors l’équivalent ordinaire de la bru, voire d’un banal ‘ma chérie’ dans le langage courant (enfin, si tout se passe bien entre les deux, évidemment).

De plus, à Athènes, parler de sa nymphe nécessitait quand même quelques explications, sans se tromper de contexte; en effet, parallèlement au statut de la jeune fille nubile, tout ce qui était en devenir pouvait prendre ce (sur)nom: une larve d’abeille ou de fourmi (c’est encore possiblement un sens actuel), mais tout ce qui suggérait…un trou (désolé), comme le creux de votre visage qui se trouve entre la lèvre inférieure et le menton (3); ou encore une niche dans un mur (le début de la ruine?), et même la pointe du soc d’une charrue qui dépasse du sol qu’on laboure, pour des raisons très imagées et attestées par quelques poètes satyriques dont je ne peux reproduire ici la démonstration.

Conclusion: sauf dans une relation lesbienne, on doit donc dire ‘le’ nymphomane, maladie également décrite par différents synonymes qui peuvent (hélas) prendre une forme plus lourde (dragueur, harceleur, violeur, meurtrier). Pour tous les autres cas, voir la rubrique ‘cougar’, évidemment plus compliquée étymologiquement. Ah, le français…

(1) ou prémices, comme cela vous fait -ou pas- plaisir.
(2) On inventera même la ‘nymphette’ au 20è siècle. (-18 ans)
(3) Que celui ou celle qui n’a pas bougé la main m’écrive…


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