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Papadémos (Loukas)

Vous vous croyiez débarrassés des patronymes grecs? Pas tout à fait encore, puisque le nouveau premier ministre de ce pays nous donne l’occasion de relancer une belle analyse étymologique, à la suite d’un Papandréou désormais aux oubliettes (sauf à remonter ces chroniques de quelques jours). Car, si Georges avait un nom intéressant (le Père André), Loukas fait encore mieux dans son domaine, et franchement, une telle origine ne pouvait que l’amener au gouvernement…

En effet, comme dans Papandréou, Papadémos est formé de deux mots, dont ce «papa» qui désigne un prêtre grec, pour ne pas dire un pope (même racine, même son!), puis tout ce qui représente une autorité «paternelle», comme quand vous donnez du «mon père» au gars qui est à l’église, ou du «Notre Père» à celui qui est aux cieux. Nous reste donc une seconde partie qui est «démos», qui veut dire en grec…le peuple. Un ‘papadémos’ est donc le ‘père du peuple’, ce qui tombe assez bien quand on brigue une responsabilité nationale. Un peu comme si le président français s’appelait Charles de Gaul(l)e ou Nicolas Dupeuple (1). Pour approcher encore mieux le sens de ce mot, voici plusieurs exemples que l’on retrouve dans notre langue:

La démo-cratie, c’est à dire ‘la façon de gouverner’ (-cratie) le peuple, ou plus logiquement ‘la façon dont le peuple ‘se’ gouverne’, se dirige lui-même.

La démo-graphie, mot-à-mot ‘l’écriture du peuple’, en fait la façon de décrire (en la comptant) la population (même mot que peuple).

La déma-gogie, encore une histoire de ‘conduite du peuple’ (-agogie), en le flattant parfois pour garder le pouvoir sur lui…

Puis, avec cette fois la racine en seconde partie:

Ce qui (tombe) ‘sur’ le peuple, une ‘épi-démie’…
…qui parfois se généralise et se transforme en ‘pan-démie’
Ou encore le nom du propriétaire du Jardin d’Athènes où Platon enseignait la philosophie (je sais, çà va chercher loin), l’Aka-démie, qui deviendra évidemment Académie chez nous, le nom de ce propriétaire, Akadémos, signifiant exactement ‘le peuple doux’ (= celui qui parlait doucement au peuple).

Quant au prénom de notre premier ministre hellène, Loukas (ou Lukas, Luka, Luca, selon que vous êtes grec, roumain, russe, italien ou français), c’est évidemment la version originale de ‘Luc’, prénom qui doit sa notoriété à un gars suffisamment doué pour écrire , un demi-siècle après la mort de son héros, un évangile sur Jésus. On rattache le mot « luc » au latin « lux » (la lumière), d’où la tradition nordique de Ste Luce (la fille pour laquelle on allume des bougies, parce qu’elle sait faire sauter les puces pour avancer les jours), derrière laquelle il faut aligner les Lucien et les Lucienne (bon d’accord, c’est moins glamour, mais, étymologiquement, c’est obligé!).

En conclusion, rappelons que le bien-nommé Papadémos n’est quand même pas vierge de toute suspicion: la dernière fois qu’on a surnommé un homme politique «(le Petit) Père des Peuples», c’était un russe, de son nom d’état-civil Josif Vissarionovich Dougatchvili…Staline (ce dernier mot signifiant «l’homme de fer» en russe). Moi, je serais grec, je me méfierais.

(1) Non, finalement, oubliez; c’est un mauvais exemple…


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2 commentaires au sujet de Papadémos (Loukas)

  1. Excellent, démoniaque (ah non, c’est pas le même démo(n)).
    On peut préciser que le grec possède un autre mot pour désigner le peuple, le mot laos qui désigne plutôt la foule désorganisée. On le retrouve dans le prénom Nicolas (nike laos = victoire du peuple).
    Bonne journée

  2. Euh…Vous êtes sûr que Nicolas, çà signifie « la victoire du peuple »? (::)

    Vous avez raison pour « laos »; en grec classique, le terme désigne à l’origine plutôt un attroupement, une foule, d’où progressivement l’idée de ‘populace’ puis de peuple. « Démos » se comprend davantage comme nation, peuple « constitué ».

    Voilà une…démo-nstration (!) qui continue.
    Ps: rien à voir avec le peuple, ni le démon (« daimon »); démonstration est un mot latin et se découpe tout à fait différemment: dé-monstration, ce qu’il faut (dé)-« montrer ». CQFD!

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