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Peillon (Vincent)

Nouveau venu dans la (bientôt) kyrielle des candidats à la candidature suprême, l’ex-Ministre de l’Education Nationale (gouvernement Ayrault 1) se présenterait pour effacer d’un coup de chiffon les dissenssions socialistes, avec ou sans passage par les (classes?) primaires. Si tel était le cas, on ne pourrait pas faire mieux, en tout cas d’un point de vue étymologique; car, si vous pratiquez encore l’un ou l’autre de nos patois régionaux, vous avez peut-être déjà deviné la signification du mot…

Peillon est en effet un nom originaire de la région du Puy-de-Dôme/Haute-Loire, qui est plus tard ‘descendu’ (dans tous les sens du terme) en vallée du Rhône. Il se compose d’une racine (peille) et d’un suffixe diminutif (-on*), élémentaire mon cher Vincent. Pour bien comprendre le sens initial de ce mot, voici un petit parcours chronologique simple: tout commence au temps des Romains, pour lesquels il existe un ‘pileum’ (qui se transformera plus tard en vieux-français ‘peilh’, puis peille, d’où le nom). Un ‘pileum’, c’est un bonnet, non pas un bonnet de nuit (invention médiévale pour éviter de prendre froid au crâne) mais une coiffe en feutre, qui devient vite le signe de…la liberté! Quasiment un ‘bonnet phrygien’, si vous voulez une image et matérielle et symbolique. D’ailleurs, le sens de ‘morceau de feutre’ à l’époque classique va se transformer en quelques siècles en ‘insigne statutaire d’un homme libre’…

Car ce bonnet -très grossier- est le plus souvent porté par des esclaves (puisqu’ils vont pouvoir arborer cet accessoire, en cas d’émancipation); il s’agit alors d’un objet mal taillé, pas très propre, et donc caractéristique des gens pauvres. C’est le sens que vont retenir le ‘bas-latin’ puis le français médiéval, pour en faire une peille, puis un peillon, à savoir une étoffe qui ressemble davantage à un haillon qu’à un borsalino de confection. Et voilà comment les peillons sont à la peille ce que les chiffons sont à la chiffe, ou les haillons à la haille: trois exemples très cohérents de diminutifs en ‘-on’, jusqu’au surnom de la fille (en haillons) chargée de surveiller le feu et la cendre dans la cheminée, la cendrill-on!

Au passage: haillon vient de haille, francisation d’un mot germanique qui évoque un lambeau de tissu; chiffon vient de chiffe, autre mot germano-néerlandais qui désigne un petit bout de quelque chose (déchiré s’il s’agit de toile, mais découpé dans les autres cas: à l’origine la chiffe concerne un morceau de…pain). Peillon est donc le surnom d’un lointain ancêtre qui ramassait et peut-être vendait des peilles, autrement dit un chiffonnier.

Notez que beaucoup de gascons voient dans ce mot de ‘peille’ un rapprochement avec la ‘gueille’, terme du patois (surtout) bordelais correspondant à une serpillière, souvent issue d’un vieil habit déchiré et hors d’usage. Le fait est qu’il y a, à tout le moins, une sonorité proche, à défaut d’une véritable racine commune…Sans compter qu’on peut glisser d’un poil jusqu’aux Peillard (charentais ou isérois) dont le nom vient du ‘peil’, tout comme les Pelard, les Pelé, et bien sûr les Poil tout court(s?).

Se rajoute enfin une dernière proximité avec un mot provençal (pelia) qui parle de promontoire -un toponyme donc- que l’on connait surtout sur les…hauteurs de Nice. Mais la fréquence de cette racine est statistiquement moins importante (et donc probable) que le peillon forézien…J’ai gardé la meilleure anecdote pour la fin: à un moment donné de son évolution, le morceau d’étoffe en feutre a glissé du sens de ‘chapeau de liberté’ à celui -très spécifique- de…bonnet d’âne.

Pas très engageant sans doute quand on postule au meilleur classement dans le tableau de classe, c’est pour cela qu’on n’oubliera pas le nom de jeune fille de maman Peillon, née Françoise Blum, patronyme d’origine juive qui désigne une fleur. Reste à savoir si les électeurs en feront une à Vincent, au moins étymologiquement.

(*) ‘-on’ fait partie des suffixes diminutifs, plus rare que ‘-et’ ou ‘-‘ette’ (une fillette, une maisonnette) sans doute, ou que ‘-(i)ot’ (un petiot, un chiot, un marmot). Mais on le retrouve dans un girafon, un carafon, ou même un…avion (un petit oiseau, du latin avis, oiseau)!


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