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Alexandre (le Grand)

Il semblerait que le billet sur «Marathon» (Téléthon) ait intéressé pas mal de lecteurs, en particulier une fidèle internaute qui me demande de continuer à traiter quelques noms de personnages historiques dont l’étymologie pourrait retenir l’attention. «Et pourquoi pas, poursuit-elle, Alexandre le Grand?» Dont acte, voici quelques petites surprises linguistiques qui flottent dans le sillage de ce valeureux chef militaire de l’Antiquité, surnommé «le plus grand guerrier de tous les temps», j’ai nommé…Dédé la Résistance!

Bon, j’ai peut-être un peu forcé la dose (de cocktail, vous allez voir dans la suite), en extrapolant; mais tout ceci est strictement exact, d’un point de vue étymologique: dans Alexandre, il y a « alex- » et « -andre », l’un et l’autre de ces mots ayant des racines grecques, ce qui n’étonnera personne. Nous parlons bien en effet d’Alexandre dit «de Macédoine», fils de Philippe II et d’Olympias, dont ont sait qu’il est né précisément (pour une fois) le 21 juillet de l’an 356 avant JC (cancer ascendant divin, car on murmure que le facteur avait cette année-là la tête de Zeus, mais il y a tellement de mauvaises langues…Plus tard, Alexandre lui-même prétendra descendre d’Achille, par sa mère, bonjour l’ego).

La première partie du mot, «Alex», appartient au verbe grec «alexein», qui signifie protéger, défendre, écarter de quelqu’un une menace ou un malheur (déjà, çà pose). La seconde, dont on a parlé dans ces chroniques (cf.Papandréou), a un rapport avec le nom commun «andros», équivalent grec du latin «vir» qui va donner viril, archétype de l’image masculine et puissante du mâle athénien. Autrement dit, le petit Alex, c’est un «mec sévèrement burné», comme aurait le Bernard (Tapie), autant dire un nom de baptême taillé sur mesure pour conquérir assez de territoires et constituer ainsi l’un des empires les plus étendus de l’Histoire.

Petit commentaire sur mon surnom affectueux d’introduction: comme ‘andros’ va donner en français le prénom André évidemment, et que ‘alex’ évoque quelqu’un qui résiste, en voilà un qui aurait pu s’appeler Dédé la Résistance, à 23 siècles près, s’il avait habité le maquis cévenol. Mais revenons à nos moutons, et aussi à nos brebis, puisque ‘Alexandre’ possède un féminin qui désigne en général toutes les villes (du monde) bâties en son honneur, dont le célèbre Alexandrie (aaah, voiles sur les filles, barque sur le Nil…), ou même Alexandra (aaah, je suis dans ta vie, je suis dans tes bras…). Rajoutons à cela toutes les formes autres que françaises: Alessandra (Corse et Sicile), ou l’italien Alessandro, lequel sera ‘récupéré’ en français sous le patronyme Lissandro et le prénom Lissandre (relisez Molière). Plus une ou deux «versions X», comme Alexandrini et l’anglais Alexander (des der).

Il y a pas mal d’Alexandra connues, dont d’abord le second nom de la fille de Priam (autre roi de l’Antiquité), qui s’appelait Cassandre-Alexandra (une fille forte, donc); mais aussi Alexandra Kazan (ex-météo Canal+), Alexandra Stewart (pour les cinéphiles des années 60/70), et Alexandra Martinez (ex-Mme Lelouch, «tout çà pour çà»)…Mais l’alexandra la plus célèbre ne porte pas de majuscule, puisqu’il s’agit de ce cocktail (la boisson préférée des Beatles parait-il, que John Lennon appelait ‘le milk-shake’), préparé à base de cognac (parfois de gin) et de crème de cacao, créé à Londres en 1922 lors du mariage de la princesse Victoria Alexandra Alice Mary, d’où le nom (bloody cocktail!).

Un dernier mot sur le pseudo d’Alex, dit «le Grand» (c’est mieux que Le Chauve, le Pieux, ou le Bref; en France, il n’y en a qu’un qu’on appellera le grand Charles…). Grand, en grec, se dit « méga », préfixe utilisé comme jeu de mots par Voltaire dans un conte philosphique, où il baptise un alien venu de la planète Sirius pour observer la Terre du nom de Micromégas (littéralement, minuscule géant). De nos jours, si vous parlez de méga à un adolescent, il y a de fortes chances pour qu’il vous amène au Virgin du quartier (mégastore) ou à complexe cinématographique (mégarama). C’est géant, non?


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2 commentaires au sujet de Alexandre (le Grand)

  1. Bonjour quel rapport avec l’alexandrin « Le serpent aux douze pied qui marche sur la tête » (C. Nougarot). Y-a-t-il un lien ?
    Sandra ou Sandrine sont-ils des dérivés d’Alexandre ?

    Merci.

  2. Oui, oui, et oui…Dans l’ordre: l’alexandrin (le vers de douze pieds) a bien un rapport avec le chef macédonien; pendant le 12 siècle (au moins) circulait un « Roman de Geste » (comme le Roman de Renard, le nombre de titres était limité!), dont le titre était « Le Roman d’Alexandre », et qui racontait les exploits dudit bonhomme, avec, assez fréquemment, une sorte de psalmodie rimée qui tombait sur douze pieds..D’où la forme classique de ce vers!

    Sandrine et Sandra sont bien des « aphérèses » (des versions écourtées après chute de la première syllabe) d'(Ales)sandra. Il ne faut donc pas écrire Cendrine comme Cendrillon (mais il y a sûrement confusion légitime). Et on ne connait pas non plus de Sandrin…

    Cordialement,

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