Le site qui vous aide à comprendre le vrai sens de votre patronyme

Alice

Après «Hello, George», voici la chronique la plus éphémère ou, pour être plus exact, la plus temporaire puisque éphémère, étymologiquement, signifie qui dure un seul jour, alors que ce sujet deviendra obsolète si le ‘Royal Baby n°2’ s’avère être un garçon. Alice est en effet le prénom sur lequel les parieurs anglais misent la plus forte somme en cas d’une naissance de sexe féminin. Dans ce noble pays prêt à parier sur tout et n’importe qui, Alice serait-elle au Pays des Merveilles?

En effet, Alice est un prénom qui vient de loin, géographiquement et chronologiquement, puisqu’elle est morte juste à la veille du millénaire (le premier!) soit en 999. Résumons rapidement en disant qu’elle a été fille et femme de roi, successivement, celui de Bourgogne, puis ceux d’Italie et d’Allemagne, veuve deux fois, régente, puis exclue la cour pendant dix ans…bref, elle fait partie des familles régnantes belliqueuses qui ont eu le pouvoir en Europe depuis la fin de l’Empire de Charlemagne. Une germaine, donc; et pour cause:

La forme de son (pré)nom est en fait une modernisation d’un très ancien montage de deux racines germaniques qui sont ‘adal+haid’, deux mots qui signifient respectivement noble et lande (paysage désolé). Dans un premier temps, le terme qualifie donc quelqu’un issu d’une famille venant d’un ‘pays noble'(?) ou, plus sûrement ici, une personne de haut rang (noble) propriétaire de ou régnant sur un (sous-entendu, large) territoire (du coup, non pas la ‘lande forestière’ mais une région, au sens allemand). Comme d’habitude, difficile de s’engager sur une traduction au sens strict car il peut y avoir plusieurs interprétations selon l’époque, Alice y retrouvera la sienne.

Il n’empêche, la version originelle (et originale) d’Alice, c’est donc ‘adalhaid’, qui donnera d’abord…Adélaïde! Malgré les apparences (pour un locuteur francophone), il s’agit donc du même mot, dont on retrouve encore de nos jours la forme Adlaid en France (en Artois), à côté de toutes les déformations possible, souvent par effet de contraction, à savoir Ada, Adélaïs, Alaide (help!), mais aussi, en abandonnant le son ‘d’, Alais, Alice donc, Alicia (forcément), Alix (version gauloise), et encore Alys et ses diminutif Alysson, Alisson (la copine du bébé-chanteur Jordan, en 1993), sans oublier Alyssia (phonétiquement, cela revient au même), et enfin, par effet de métathèse (une inversion de sons), Azalais (je vous ai fait une fleur *).

Deux curiosités, pour terminer, que l’impératrice teutonne n’aurait jamais osé imaginer: dans le cyclone de mélanges de racines qui va frapper l’Europe jusqu’au Moyen-Age, deux noms supplémentaires vont naitre dans cette famille linguistique surprenante, les deux ayant fidèlement conservé le son le plus sonore de la première syllabe (adal): il s’agit de…Aïda, esclave égyptienne ressuscitée en 1871 dans un opéra par un Italien (d’où la prononciation), et de…Heidi, gamine hélvétique créée (dix ans plus tard à peine!) par une auteure suisse fanatique de robes roses; d’ailleurs, dans la première version du roman, écrit en allemand, elle s’appelle bien Adelhaïd, abrégé plus tard en Heidi, Alice étant déjà pris, depuis quelques années à peine, par un…prof de math suffisamment obsédé par les sourires des chats, les lapins en retard et divers narguilés pour expédier une blondinette en tablier bleu vivre quelques aventures cauchemardesques en s’endormant entre les…racines d’un arbre.

Après tous ces avatars inattendus, conclusion étymo-logique à l’intention de la future héritière en second du trône d’Elizabeth : si l’on suit au plus près le sens des deux racines, une éventuelle Alice aurait finalement toutes les raisons de représenter un ‘noble-pays’. Y compris donc étymologiquement!

(*) en réalité, l’azalée n’a aucun rapport avec Alice; le mot vient d’un adjectif grec (puis latin) qui signifie ‘sec’, la fleur en question étant réputée pousser dans de la terre de bruyère, par nature peu humide…


N'hésitez pas à soutenir ce site ! Il vous est possible de faire un don libre pour assurer un contenu régulier et sans publicité. Votre participation serait grandement appréciée !

 
 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.